Résumé de « Capitaine Paul Watson : entretien avec un pirate »
« La vraie bonté de l’homme ne peut se manifester en toute pureté et en toute liberté qu’à l’égard de ceux qui ne représentent aucune force. Le véritable test moral de l’humanité (le plus radical, qui se situe à un niveau si profond qu’il échappe à notre regard), ce sont ses relations avec ceux qui sont à sa merci : les animaux. Et c’est ici que s’est produite la faillite fondamentale de l’homme, si fondamentale que toutes les autres en découlent. » Milan Kundera, l’insoutenable Légèreté de l’être.
Pour les détracteurs de Paul Watson, le fondateur de Sea Shepherd, il est l’homme à abattre. A tout prix, il leur faut décapiter la Sea Shepherd, l’ONG la plus virulente au monde, la seule qui traque les baleiniers. A son actif, 11 bateaux coulés, 10 bateaux éperonnés. Sans jamais un blessé d’un côté ou de l’autre, sans jamais une condamnation excepté en 2012. Paul Watson est un OVNI dans le mouvement écologiste. La condition sine qua non pour embarquer avec lui, être prêt à risquer sa vie pour celle d’une baleine. Paul Watson, surnommé le « WikiWatson » tant sa culture générale est impressionnante, est un homme pratiquement impossible à déstabiliser. Un misanthrope complètement libéré du jugement d’autrui, qui a décidé de ne plus jamais rien faire pour les gens et de n’œuvrer que pour les baleines et les créatures marines. « Rien de ce que je fais n’a pour objectif de plaire aux gens, je ne travaille que pour les océans. » Ce qui ne l’empêche pas de rester foncièrement gentil avec ceux qu’il aime et juste avec tous.
« J’étais né pour envoyer le Sierra par le fond. Si je n’avais rien fait d’autre dans ma vie, mettre un terme à la carrière de ce seul navire aurait suffi à lui donner un sens .» Capitaine Paul Watson
A 28 ans, Paul Watson quitte la fondation Greenpeace qu’il avait cofondée et pour laquelle ses plans sont devenus trop violents. Il rachète un vieux bateau qu’il rebaptise « Sea Shepherd », recrute l’essentiel de son équipage par petite annonce et se lance à la poursuite du Sierra, un colossal baleinier pirate qui avait illégalement tué plus de 25000 baleines. Le 6 octobre 1980, une charge explosive a envoyé le Sierra par le fond dans le port de Lisbonne. Le premier d’un longue série… En moins d’un an, Paul Watson avait réussi à anéantir le fleuron de la flotte baleinière pirate de l’Atlantique Nord. Le tour des baleiniers islandais et norvégiens arriverait ensuite. Le chemin de Paul était tracé… « Je suis un activiste depuis l’âge de onze ans. Je n’ai jamais décidé consciemment de le devenir. J’ai grandi avec ça. Je suis biocentrique c’est-à-dire que je considère que les autres espèces ne sont pas inférieures à la nôtre. Le jour où j’ai croisé l’œil d’un cachalot mourant, j’ai juré allégeance aux victimes de l’humanité et j’ai cessé de servir les aspirations égoïstes de notre espèce. » Jamais Paul n’a pensé à abandonner. « J’ai un métier parfait et je n’imagine pas m’arrêter un jour. » Sea Shepherd n’est pas une organisation de protestation mais une organisation d’intervention. « Nous n’adhérons à aucune tendance politique particulière et si nous sommes politiquement incorrects, nous nous efforçons d’être écologiquement corrects. »
« Pour faire ce que nous faisons, nous devons être immunisés contre la critique. En 1986, nous avons coulé la moitié de la flotte baleinière islandaise et détruit l’usine de traitement de la chair de baleine. Cela a engendré 10.000.000 de dollars de pertes pour leur industrie baleinière. Nous avons coulé ces baleiniers pour les baleines. Les baleines sont en train de mourir, elles sont massacrées dans des conditions horribles et je n’ai pas le temps d’écouter ce que les gens ont à dire. Tout ce que je sais c’est que des milliers de baleines nagent aujourd’hui librement dans l’océan parce que nous sommes intervenus et c’est la seule chose qui compte à mes yeux. Trouvez-moi une baleine, n’importe où, qui désapprouve ce qu’on a fait en Islande et j’y réfléchirai peut-être… Les baleines, les dauphins, les requins et toutes les créatures marines sont nos clients. C’est eux que nous représentons, c’est pour eux seuls que nous travaillons…»
« C’est une triste chose de songer que la nature parle et que le genre humain n’écoute pas . » Victor Hugo
Alors que les hommes se considèrent comme une légende divine, ce sont les insectes et les bactéries qui contrôlent le monde, pas les mammifères. Sans eux et sans les poissons, nous ne pourrions survivre alors que l’inverse n’est pas vrai.
« Nous nous comportons sur cette planète comme une bande de primates arrogants et complètement incontrôlables. Ecologiquement parlant, nous sommes la plus stupide de toutes les espèces. Un jour, je débattais avec un baleinier norvégien qui m’a dit : « Watson, comment pouvez-vous dire que les baleines sont plus intelligentes que les gens !? J’ai répondu : « Il se trouve que je mesure l’intelligence d’une espèce en fonction de sa capacité à vivre en harmonie avec le monde naturel et selon ce critère, les baleines sont bien plus intelligentes que nous. » Il m’a répondu « Mais suivant ce critère, les cafards sont plus intelligents que nous. ». Je lui ai dit : « Tu commences à comprendre ce que j’essaye de te dire… »
« Les cultures indigènes ont tendance à être biocentriques. J’ai trouvé un Aborigène en Australie qui connaissait le nom de son arrière-arrière-arrière-arrière-grand mère vers l’an 1550 et les détails de sa vie. Les aborigènes savent d’où ils viennent donc ils savent qui ils sont et parce qu’ils savent qui ils sont, ils savent où ils vont. Même un enfant qui naîtra même très loin dans le futur fait partie de leur réalité présente. Etre écologiste, c’est faire partie du continuum de la vie et de s’assurer que le continuum de la vie sur cette planète puisse se maintenir. »
« L’homme est son propre ennemi. C’est l’espèce humaine, ce primate nu hyper-glorifié qui, dans sa tête, et une légende divine, et qui est trop stupide et occupé à se divertir pour comprendre qu’il se trouve sur une autoroute qui l’amène droit au suicide évolutif. Nous autres, humains, sommes fous».
« Celui qui croit qu’une croissance exponentielle peut continuer indéfiniment dans un monde fini est un fou ou un économiste. » Kenneth Boulding
Aujourd’hui, nous violons les trois lois de l’écologie :
- La loi de la diversité : la force d’un écosystème repose sur sa diversité
- La loi d’interdépendance : toutes les espèces ont besoin les unes des autres
- La loi des ressources finies : il y a une limite à la croissance et à la capacité de charge de la planète.
La population humaine doit absolument se stabiliser. Si nous ne le faisons pas volontairement, la nature s’en chargera. « Le monde dans lequel je suis né comptait 3 milliards de personnes, nous avons atteint les 7 milliards et dans une cinquantaine d’années, nous serons 12 milliards. Un monde en état d’effondrement écologique fera apparaître toutes les guerres, toutes les famines, toutes les épidémies… nous verrons à quelle vitesse nous retomberons dans la barbarie. »
« Celui qui contrôle les médias contrôle les esprits. » Jim Morrison
Dans notre monde, ce sont les médias qui définissent nos valeurs et notre perception de la réalité. Les seules personnes qui existent ce sont les célébrités.
« Un jour, Pierce Brosnan m’a appelé : « Ecoute, j’ai un discours à faire à l’Otan et j’ai besoin de ton aide. » Je lui ai demandé pourquoi diable, l’Otan lui demandait de faire un discours. Il a répondu : « Ils croient que je suis un expert de la guerre froide parce que j’ai joué James Bond, et du coup, il veulent mon avis sur la question. Mais j’y connais rien, moi à la guerre froide ! ». J’ai donc écrit son discours pour lui, disant tout le mal que je pensais de l’Otan, et il le leur a lu tel quel. Cela a fait grincer bien des dents ! »
« Pour qu’une orque soit protégée, elle doit s’appeler Willy ou Keiko et alors là, des millions de dollars sont dépensés pour elle. On se fout pas mal des autres, c’est celle-là qui doit être sauvée parce qu’elle est connue. »
« En 1977, par sa simple présence sur la glace, Brigitte Bardot a plus accompli que toute une légion de scientifiques, d’activistes ou de conversationnistes. Les photos d’elle posant joue contre joue avec un bébé phoque sur la banquise ont fait le tour du monde. Elle avait converti les Européens à la cause des phoques. Elle avait même réussi à influencer les américains qui ont approuvé une motion condamnant la chasse au phoque, désignée comme pratique cruelle. »
« Notre mission consiste à naviguer en eaux troubles pour défendre ceux qui sont sans défense contre ceux qui sont sans scrupules » Paul Watson
Un moine tibétain avait offert à Paul Watson une petite statue de bois qui représentait Hayagriva, le symbole de la colère compassionnelle de Bouddha. C’était le Dalaï Lama qui avait fait envoyer cette figurine à Paul. Quelques années plus tard, Paul Watson a déjeuné avec le Dalaï Lama qui lui a expliqué ce que la petite statue représentait : « Tu ne cherches jamais à blesser personne, mais lorsque les gens sont incapables de voir la lumière, tu as parfois besoin de leur faire une peur bleue jusqu’à ce qu’ils la voient. »
« Nous avons conçu notre propre drapeau de pirate que nous avons adapté à partir de l’original pour coller à nos objectifs de conservation. Un dauphin et un cachalot en position de yin et yang sont incrustés dans le crâne pour symboliser la mort infligée aux mammifères marins. Les os humains ont été remplacés par le trident de Neptune, le dieu de la mer, et la crosse du berger, car Sea Shepherd a pour mission de protéger les troupeaux marins en haute mer. Les enfants adorent ce logo ! »
« Rien ne peut être aussi bénéfique à la santé humaine et augmenter les chances de survie de la vie sur Terre que d’opter pour une diète végétarienne » Albert Einstein
Dis moi ce que tu manges… je te dirai qui tu es… En tant qu’individu, le plus gros impact que l’on puisse avoir sur Terre dépend de ce que l’on choisit de mettre dans son assiette. Un végan qui conduit un 4×4 tous les jours contribue moins à l’émission de gaz à effet de serre qu’un omnivore qui ne se déplace qu’à vélo ! L’industrie de la viande produit plus d’émissions de gaz à effet de serre que l’industrie automobile. 40 % des poissons pêchés servent à nourrir les animaux de ferme et les poissons d’élevage. Les cochons mangent plus de poissons que les requins ! Ainsi, le cochon est le plus grand prédateur marin après l’homme. Il faut attraper 75 poissons sauvages pour élever un saumon d’élevage ! 2,5 millions de tonnes servent à nourrir les chats domestiques… Nous sommes en train de dévorer nos océans. Aucun massacre au monde ne peut se comparer à celui des poissons en terme de nombre de victimes. Si les poissons disparaissent, les océans mourront. C’est un suicide. Les populations de poissons les plus pêchées ont été réduites de 90% en 50 ans. Nous ne devrions pas manger de poissons. Les poissons ont un bien pus grand rôle à jouer dans notre survie en étant dans les océans que dans notre assiette.
« Nous nous laissons leurrer parce que nous avons cette capacité incroyable d’adaptation à l’appauvrissement de la terre. Dans le village de pêcheurs où j’ai grandi, on pouvait facilement reconnaître les enfants pauvres : c’était ceux qui venaient à l’école avec un sandwich au homard tous les jours. Le turbot qu’on a vu à 28 euros était considéré comme un « poisson poubelle » il y a 20 ans. … Nous perdons une espèce de poisson, nous passons à une autre… J’avais l’habitude de plaisanter en disant qu’à ce rythme, on allait bientôt en être réduit à manger des méduses. Et puis, je me suis rendu à un événement à Vancouver et ils servaient de la salade de méduses. »
« Aux Etats-Unis, les boîtes de thon portent la mention d’avertissement : « A ne pas consommer par les enfants et les femmes enceintes » à cause des taux élevés de mercure. Donc en gros, ce que nous dit le gouvernement, c’est : « Si vous n’êtes pas une femme enceinte ou un enfant, tant pis pour vous ! Il faut bien qu’on vende le poisson à quelqu’un ! ».
« Le monde contient bien assez pour les besoins de chacun mais pas assez pour la cupidité de tous. » Gandhi
Ce sont l’économie et la politique qui déterminent si une espèce sera protégée ou non. L’enjeu c’est l’argent. « Quelques industriels cupides protégés et subventionnés par leurs gouvernements, des organismes de contrôle incompétents et corrompus, des citoyens relativement indifférents : la formule exacte de l’extinction ». Il en est ainsi pour les thons rouges qui vont bientôt disparaître et pour les requins. Hollywood a diabolisé les requins alors que les abeilles tuent bien plus que les requins (5 morts par an dans le monde) et qu’il est bien plus dangereux de jouer au golf que de nager avec eux. 75.000.000 requins sont tués sans pitié chaque année dans des souffrances inimaginables. Le requin joue un rôle énorme dans l’équilibre de l’écosystème. Ils sont des « espèces clés de voûte » : leur disparition entraînerait l’effondrement de l’ensemble du système. L’extermination des requins constitue une des plus grosses bombes à retardement écologiques amorcées par l’humanité.
« N’entreprenez aucune action avant d’en avoir considéré les conséquences sur les sept générations à venir. » Proverbe iroquois.
La recette du bonheur selon Paul Watson !
« J’ai toujours vécu ma vie en suivant mon cœur et je ne me suis jamais laissé soudoyer par de l’argent ou par un statut. Je n’ai jamais travaillé un seul jour de ma vie uniquement pour de l’argent. J’ai toujours accordé plus de valeur à la liberté qu’à la sécurité financière. Il y a tellement de gens qui me disent qu’ils aimeraient faire ce que je fais mais qu’ils ne peuvent pas se le permettre, qu’ils ont des crédits à rembourser, des factures à payer, une retraite à préparer, ou une famille à élever.
Quand j’avais 20 ans, je considérais que penser à sa retraite, c’était un peu se rendre à la mort et je rejetais l’idée d’épargner pour ça. A 60 ans, je pense toujours la même chose. La vie est faite pour être vécue, pas pour être dans l’expectative de sa fin. En ce qui concerne l’argent, j‘ai appris avec les années que, quand on suit ce que son cœur nous dit de faire, quand on suit son « bliss » comme disait Joseph Campbell, eh bien, l’argent vient aussi. Au moins suffisamment pour satisfaire ses besoins et souvent même plus, ce qui permet d’être généreux et de faire émerger d’autres idées.
Mon expérience est que le vrai chemin du bonheur est le détachement des désirs matériels et la focalisation sur les désirs du coeur et la curiosité de l’esprit, indépendamment de ce que les gens peuvent bien penser. Il ne s’agit pas de ce qu’on possède mais de ce qu’on ressent, ce qu’on expérimente et ce qu’on fait pour rendre le monde meilleur, quel que soit le domaine dans lequel on a choisi de participer.
Vivre sans attache matérielle ne signifie pas ne rien posséder ou n’avoir aucun bien matériel. Cela veut dire ne pas être possédé par ce qu’on possède. Cela veut dire ne pas s’angoisser de perdre ses biens lorsque cela s’avère nécessaire et ne pas trahir son intégrité, ses principes et surtout sa liberté pour de tels biens. Cela veut dire ne pas prendre de décisions motivées par l’appât du gain, mais plutôt par la réalisation de ses rêves, quels qu’ils puissent être ! »
Laurence de Vestel – Septembre 2015 – © Oltome.com
Si vous aimez les océans, comme moi, vous aimerez très probablement :
« Urgence ! Si l’océan meurt nous mourrons » de Paul Watson (2015)
« Le cinquième rêve » de Patrice van Eersel
« Earthforce » de Paul Watson (2015)
Paul Watson est un pirate bien connu de l’auteur, Lamya Essemlali. Elle est depuis 2008, la présidente de Sea Shepherd France. Elle a participé à de nombreuses campagnes auprès de lui. Elle est aussi son interprète lors de ses déplacements en France. Son livre « Entretien avec un pirate » est excellent. Paul Watson confie son histoire, ses exploits, sa vision de la vie. On apprend pourquoi il n’agit que pour les animaux et non pour les gens. Et le sens précis qu’il donne à ses actions et au sens qu’elles font dans sa vie. Remarquable de lucidité et de bon sens, il est tranchant, direct et ne nous ménage pas ! J’adores sa recette du bonheur…
La recette du bonheur selon Paul Watson !
« Toujours, j’ai vécu ma vie en suivant mon cœur et je ne me suis jamais laissé soudoyer par de l’argent ou par un statut. Je n’ai jamais travaillé un seul jour de ma vie uniquement pour de l’argent. J’ai toujours accordé plus de valeur à la liberté qu’à la sécurité financière. Il y a tellement de gens qui me disent qu’ils aimeraient faire ce que je fais. Mais ils ne peuvent pas se le permettre, ils ont des crédits à rembourser, des factures à payer, une retraite à préparer, ou une famille à élever.
Quand j’avais 20 ans, je considérais que penser à sa retraite, c’était un peu se rendre à la mort. Je rejetais l’idée d’épargner pour ça. A 60 ans, je pense toujours la même chose. La vie est faite pour être vécue, pas pour être dans l’expectative de sa fin. En ce qui concerne l’argent, j‘ai appris avec les années que, quand on suit ce que son cœur nous dit de faire, l’argent vient aussi. Au moins suffisamment pour satisfaire ses besoins et bien plus. Ce qui permet d’être généreux et de faire émerger d’autres idées.
Mon expérience est que le vrai chemin du bonheur est le détachement des désirs matériels. Mais c’est se focaliser sur les désirs du coeur et la curiosité de l’esprit, indépendamment de ce que les gens peuvent bien penser. Il ne s’agit pas de ce qu’on possède mais de ce qu’on ressent. De ce qu’on expérimente et ce qu’on fait pour rendre le monde meilleur, quel que soit le domaine dans lequel on a choisi de participer.
Vivre sans attache matérielle ne signifie pas ne rien posséder ou n’avoir aucun bien matériel. Cela veut dire ne pas être possédé par ce qu’on possède. Ce qui signifie de ne pas s’angoisser de perdre ses biens lorsque cela s’avère nécessaire. Et ne pas trahir son intégrité, ses principes et surtout sa liberté pour de tels biens. Il ne faut pas prendre de décisions motivées par l’appât du gain, mais plutôt par la réalisation de ses rêves, quels qu’ils puissent être ! »