On se retrouve dans une famille de pithécanthropes qui vit au pléistocène, c’est-à-dire au moment où nos ancêtres décidèrent un jour de descendre de leur arbre pour conquérir la vaste plaine, devenant alors des bipèdes renonçant à la cueillette pour la chasse.
Le père, Edouard, est le chef de famille. Un génie révolutionnaire et inventif qui ne pense qu’au progrès et au bien-être de la communauté. Le jour où il « capture » le feu, il fait faire à son peuple un bond de l’animalité à l’humanité. Successivement, Edouard découvre les différentes utilisations du feu, crée les premières armes de chasse, invente un nouvel art culinaire, … Chaque découverte en entraîne une autre. Tous les membres de la famille en profitent : la mère découvre la cuisson des aliments, William parvient à domestiquer un chien, Oswald crée les pièges pour la chasse et Alexandre inventera l’art fictif.
L’humain devient de plus en plus fort, de plus en plus puissant et se veut conquérant, persuadé de sa supériorité sur les plus faibles, traitant de « métèque » ceux qui sont différents et rêvant de les réduire en esclavage.
« Je suis un homme de science, dit père d’une voix calme. Je considère que les résultats de la recherche individuelle sont la propriété de la surhumanité dans son ensemble, et qu’ils doivent être mis à la disposition de tous. De cette façon le travail de chacun profite à tous et c’est pour toute l’espèce que s’amassent nos connaissances. »
A la vision humaniste d’Edouard s’oppose la vision totalitaire de ses fils… Le narrateur est le fils d’Édouard, Ernest. Celui-ci est beaucoup moins intéressé par l’idée de progrès que ne l’est son père, ce qui l’importe c’est juste de vivre tranquillement auprès de sa femme, Griselda.
Un autre personnage est le frère d’Édouard, Vania. Vania est très conservateur et reste très attaché à la vie de ces ancêtres arboricoles. Il maudit les inventions de son frère et n’hésite pas à le lui faire remarquer. Sa devise : « Back to the trees ». Cependant, c’est sans aucune gêne, qu’il profite des inventions d’Edouard.
Ainsi, Edouard continuait de multiplier et perfectionner ses inventions dont il faisait profiter toute la famille, en même temps qu’il inventait tous les jours des ustensiles plus dangereux les uns que les autres. Les fils d’Edouard deviennent réfractaires aux idées de leur père qui veut partager ses inventions avec la société toute entière. Pour eux, le progrès ne doit pas être divulgué à tous et doit servir de monnaie d’échange et de pouvoir envers les autres tribus. Ernest et ses frères commencent à se demander ce qui serait mieux pour assurer la sécurité de l’espèce : laisser leur père découvrir les secrets du monde et les divulguer aux autres sapiens ou alors l’éliminer avant qu’une catastrophe arrive…
Laurence de Vestel – Février 2012 ©Oltome.com
Pourquoi j’ai mangé mon père de Roy Lewis est un des livres qui m’a le plus fait rire ! Un petit roman tout simplement délicieux et génial écrit en 1960. Et pourtant, ça ne date pas ! Nos problèmes actuels n’ont finalement pas tellement changé depuis la préhistoire. Déjà à l’époque, on pouvait se demander ce qui serait mieux pour assurer la sécurité de l’espèce : découvrir les secrets du monde et les divulguer aux autres sapiens pour évoluer ou vivre raisonnablement de ce qu’on l’on avant qu’une catastrophe n’arrive…Les héros de l’histoire nous ressemblent tellement : ils connaissent comme nous l’envie, la jalousie, la peur, l’ennui, l’amour, la joie… Avec pourquoi j’ai mangé mon père, on lit avec délice et humour le miroir sur nos modes et comportements contemporains.