Résumé du livre « Vipassana » d’Alain Durel
Godwin Samararatne est né et décédé au Sri Lanka (1932-2000). Il a fondé son enseignement sur sa propre pratique et la compréhension du Dhamma adaptée au langage des Occidentaux. L’enseignement direct et pratique de Godwin, destiné à se libérer de la souffrance, a fait de lui un pédagogue bienveillant de renommée internationale.
INTRODUCTION
Les enseignements du Bouddha ne doivent pas être crus sur parole, mais demandent d’être mis en pratique pour obtenir des réalisations concrètes dans nos vies. Ce qui est important, ce ne sont pas les paroles mais ce à quoi elles conduisent.
Voici les 4 Nobles Vérités de l’ordre du monde (ou du Dhamma) qui sont les outils permettant d’accéder à l’Éveil :
- Comprendre l’existence de la souffrance (Dukka)
- Abandonner la soif ou l’avidité (Tanhà) de devenir quelqu’un ou au contraire de ne pas exister
- Réaliser l ’abandon de cette soif pour cesser la Dukka
- Développer l’Octuple Sentier pour quitter la Dukka constitué : de la compréhension juste, l’intention juste, la pensée juste, la parole juste, l’action juste, le mode d’existence juste, l’effort juste, l’attention juste et la concentration juste.
L’ignorance de ces Nobles vérités nous enchaine au samsara, le cycle éprouvant de la naissance, de la vieillesse, de la maladie et de la mort. L’Éveil est la libération totale de toutes les entraves qui nous barrent l’accès à la béatitude suprême (le nirvana). L’enseignement du Bouddha donne une valeur et un sens profond à chaque instant de notre existence.
PARTIE I : LA MEDITATION VIPASSANA
1. Pourquoi devrions-nous méditer ?
Le mot « méditation » signifie « culture de l’esprit » ou « développement de l’esprit ». La méditation permet de connaître, façonner et libérer l’esprit. D’atteindre un esprit sain capable de travailler sur ses émotions. Les émotions deviennent des expériences d’apprentissage. La méditation nous aide à être amis avec ses émotions et à goûter la liberté de l’esprit. Lorsque nous avons compris comment fonctionne notre esprit, il nous appartient d’assumer la responsabilité de ce qui s’y passe : vous êtes en colère, apprenez à prendre la responsabilité de votre colère sans blâmer les autres.
2. L’importance de l’attention (sati)
La pratique de l’attention est le pivot de la méditation Vispassana, la compréhension claire. L’intuition pénétrante consiste à voir les choses telles qu’elles sont réellement : impermanentes, insatisfaisantes, et dénuées de nature propre. La dépression est due à la façon dont nous sommes en relation avec le passé, l’anxiété à la façon dont nous sommes en relation avec le futur. Celui qui n’est pas attentif est comme mort, dit le Bouddha. La colère, l’anxiété, la tristesse ou la culpabilité créent la souffrance que nous avons créé nous-mêmes.
L’attention nous aide à vivre le moment présent. Quand je mange, je mange. Quand je marche, je marche. La pratique de l’attention s’exerce dans la vie quotidienne dans nos actions les plus banales. La méditation est un art de vivre, un art d’éveiller en nous la nature de Bouddha.
Faites un effort le matin pour prendre le temps de mâcher votre nourriture. Écoutez votre corps, vos pensées, vos émotions. Le soir, remémorez-vous votre journée et demandez-vous comment vous l’avez passée. Pensez aux moments où vous étiez conscient et ceux où vous étiez comme une machine. Ce genre de « révision » peut entraîner une transformation de soi parce qu’on apprend à voir de plus en plus vers l’intérieur plutôt que vers l’extérieur.
3. Suivre le Dhamma
Il y a une place pour la possession de choses matérielles dans l’enseignement du Bouddha : de la nourriture, des vêtements, un logement et des médicaments. Rien de plus. La méditation nous fait réaliser que nous trouverons la joie et le bonheur en nous-mêmes. L’enseignement du Dhamma consiste à être son meilleur ami, à être autonome et à se contenter de soi-même. Apprenons à être une lumière pour nous-mêmes. Le Bouddha nous enseigne : « Soyez votre propre île. » La méditation de l’amitié bienveillante aide à se pardonner, à accepter notre humanité, à apprécier sa propre compagnie !
4. La conscience de la respiration
Dans la méditation sur la conscience de la respiration, l’accent est mis sur le développement de l’attention. Revenir à sa respiration nous aide à vivre le moment présent. La respiration a toujours lieu « maintenant » et être conscient de respirer nous permet d’expérimenter ce que c’est que d’ « être ici ». Notre respiration est le seul ami qui soit avec nous en permanence, constamment à nos côtés, même lorsque nous dormons.
Dès que nous sommes affecté par une émotion, pensons à notre ami le souffle : le rétablissement de notre équilibre affectif se fait immédiatement et nous pouvons expérimenter un certain espace intérieur, du calme, une paix profonde, une certaine sagesse.
5. Méditer sur l’amitié bienveillante
L’amitié bienveillante commence par nous-mêmes. Être son meilleur ami de la façon la plus amicale qui soit nous permet d’éprouver vraiment de l’amitié envers les autres. Tous les êtres humains portent des blessures. Elles ont été créées à la suite de ce que nous avons fait aux autres et de ce que les autres nous ont fait. L’avidité, la haine et l’illusion sont les 3 poisons qui engendrent toutes nos erreurs. Si nous portons ces blessures sans les guérir, nous allons générer de la souffrance pour nous-mêmes et pour les autres. La méditation de l’amitié bienveillante peut nous aider à nous pardonner et aux autres. Nous ne sommes que des êtres humains comme les autres et les autres sont comme nous.
Ces blessures se sont passées dans le passé et nous ne pouvons pas changer le passé. Pourquoi devrions-nous le porter comme un fardeau pour créer encore plus de souffrance dans le futur pour nous-mêmes et pour les autres ? Renonçons à notre idéal de perfection. « Les gens éveillés se comportent comme des gens ordinaires et les gens ordinaires essaient de se comporter comme des gens éveillés ! »
La pratique de l’amitié bienveillante consiste à voir en nous-mêmes la nature de Bouddha. Ayant appris à faire cela, nous nous mettrons à remarquer les qualités positives chez les autres et nous pourrons apercevoir la nature de Bouddha en eux.
6. Méditation et ressentis
Apprivoisons nos émotions négatives. Ouvrons nous à elles. Invitons les lorsqu’elles ne sont pas là… elles ne viennent pas. Pourquoi ? Parce que le pouvoir que nous leur avons attribué leur a progressivement été enlevé. En notant l’absence d’émotions désagréables nous apprenons à être de plus en plus positifs. Lorsque nous avons mal aux dents, on y pense sans arrêt. Lorsque nous n’avons pas mal aux dents, on ne s’en réjouis jamais assez ! Considérons les émotions désagréables comme des invités de passage qui vont et qui viennent sans sentiment d’appartenance. Considérons nos émotions comme des défis à relever afin de devenir notre propre maître, la lumière pour nous-même !
PARTIE II : LA PRATIQUE DE LA MEDITATION
1. Simplement savoir ce qui se passe
Pendant la méditation, Godwin suggère de se sentir heureux, de cultiver un sentiment de reconnaissance d’être en vie, d’être présents, d’écouter l’enseignement du Bouddha pour ce voyage à la découverte de soi-même. De se regarder avec tendresse et ouverture d’esprit. Le silence est propice à augmenter notre disponibilité intérieure.
2. Méditer avec le souffle
La méditation consiste à comprendre comment notre esprit fonctionne, à se faire ami avec notre esprit et ce qu’il s’y passe. Entraînez-vous à revenir à la respiration. Laissez votre corps respirer naturellement, comme il aime respirer.
3. Méditer en marchant, debout ou à table
La méditation ne se limite pas à l’assise. Le principe de la méditation marchée et celui d’une marche consciente qui nous apprend à revenir au présent, à la marche. La méditation à table consiste à déjeuner consciemment et d’être autant que possible dans le présent lorsque nous mangeons. Manger devient alors une expérience extraordinaire. Sinon, nous déjeunons comme des machines.
4. Intégrer la méditation à la vie quotidienne
Quelqu’un qui est engagé dans la pratique de la méditation, ne dira jamais qu’il n’a pas le temps de méditer. Intégrer la méditation à la vie quotidienne permet d’être conscient de ce qui se passe dans notre esprit et dans notre corps d’instant en instant. C’est être conscient de ses pensées, de ses émotions, de ses expériences désagréables.
PARTIE III : GUERISON ET TRANSFORMATION
1. Une journée de pratique avec Godwin Samararatne
Expérimenter de façon ludique ! Godwin insiste sur l’amitié bienveillante. Le Bouddha à dit « Aider les autres, c’est s’aider soi-même et s’aider soi-même, c’est aider les autres ». Lorsque nous parlons, nous avons l’impression d’être quelqu’un, lorsque nous nous taisons, nous ne sommes plus personne et ce sentiment nous met mal à l’aise. Or, le silence nous aide à être seul avec notre esprit. Un des plus grands problèmes que nous avons dans la vie est la façon dont nous provoquons des problèmes à cause de notre parole. Le bouddha nous encourage à employer des paroles douces, bienveillantes, et utiles pour les autres.
2. Les mérites de l’amitié bienveillante
« Moines, quand l’amour universel qui mène à la libération de l’esprit est pratiqué avec ardeur, développé et systématiquement mis en œuvre, que l’on en fait son véhicule et le fondement de sa vie, on peut en attendre 11 bienfaits. On dort en paix. On se réveille heureux. On ne fait pas de mauvais rêves. On est aimé des humains. On est aimé des non- humains. On est protégé par les dieux. On ne peut pas être atteint ni par le feu ni par le poisson, ni par les armes. L’esprit atteint rapidement la concentration. L’expression du visage est sereine. On meurt sans être perturbé. Et même si on ne peut atteindre les états d’éveil les plus élevés, on atteindra au minimum la sphère de Brahma. »
3. Emotion et méditation
La méditation de l’amitié bienveillante nous apprend à être notre meilleur ami et lorsque nous aurons réellement établi ce lien avec nous-mêmes, notre dépendance à ce que les autres pensent de nous deviendra moindre. Tout ce que nous croyons devoir attendre des autres, nous le recevrons de nous-mêmes. Grâce à la méditation et l’attention, nous réalisons que chaque fois qu’il y a un conflit, il provient de l’image que nous avons de l’autre personne. Le bouddha insiste sur la nécessité de voir les choses telles qu’elles sont.
4. Réflexion et méditation
« Il était une fois un jeune moine qui voulait abandonner la vie monastique. Il n’avait pas encore parlé de ce projet à son supérieur. Un jour, ce dernier avait mal à tête et il demanda au jeune moine de lui faire un massage. Pendant qu’il massait la tête de son supérieur, il pensait : « … dans un mois ou deux j’abandonnerai ma robe. Quand j’aurai trouvé un emploi, je vais gagner de l’argent et quand j’aurai assez d’argent, je trouverai une fille. Mais parfois les femmes peuvent être des personnes impossible à vivre et si ma femme devient irascible, je lui donnerais une bonne raclée !. Pris par ses pensées, il frappa le vieux moine sur la tête. » Les pensées créent le penseur. Autant avoir des pensées positives !
5. Méditer au quotidien
Le progrès ne se constate pas quand on est assis en méditation mais dans la vie quotidienne. Le but de la méditation sur la respiration est très simple : être d’accord, attentif et amical avec ce qui est même si c’est désagréable. Penser à l’amitié bienveillante, la douceur, la gentillesse, l’ouverture d’esprit permet d’être ouvert à ce qui se passe.
6. Conclusion
Nous sommes libres à chaque instant de modifier en bien ou en mal notre avenir. Le principe même du bouddhisme consiste à développer la joie grâce à une plus grande liberté intérieure vis-à-vis de la souffrance.
Utilisons l’amitié bienveillante et la douceur, apprenons à être notre meilleur ami, à reconnaître notre valeur et nos potentialités, à voir que nous avons la nature du bouddha en nous. Les erreurs sont des opportunités d’apprentissage précieuses parce que nous pouvons apprendre d’elles.
Quand nous serons assis, nous aurons simplement l’impression de prolonger notre méditation quotidienne, et non l’inverse.
Si nous refusons de vivre pleinement les expériences désagréables, c’est aussi parce que nous avons pris l’habitude de nous dorloter. Il est parfois nécessaire de dire non aux choses, de discerner ce qui relève de l’avidité de ce qui est vraiment nécessaire.
La méditation devrait nous apporter le contentement, la plus grande des richesses ! Lié au contentement est l’absence de plainte.
L’expérience est votre maître.
La vie est le meilleur professeur que nous puissions avoir.
Laurence de Vestel – Février 2021 ©Oltome.com
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« Vipassana » d’Alain Durel
« Sagesse du bouddhisme » de Marc de Smedt
Vipassana est un ouvrage écrit par Alain Durel sur le bouddhisme et la méditation vipassana, terme qui désigne dans la tradition bouddhique la « vue profonde ». Avec cet ouvrage qui se lit très facilement, vous arriverez à mettre aisément la pratique de la vision pénétrante. Alain Durel avait rencontré le maître du bouddhisme theravada Godwin Samararatne (1932-2000) lors d’un voyage au Sri Lanka. Ces enseignements visent à se libérer des souffrances par la pratique de l’attention et de l’amitié bienveillante. Au moyen d’histoires, de comparaisons et d’exemples tirés de la vie quotidienne, Alain Durel montre comment mettre en pratique ces enseignements d’une façon claire et simple.