Une mini-série japonaise poignante sur Arte en 6 épisodes, crée par Yukihoro Morigaki à partir du roman de Mitsuyo Kakuta chez Actes Sud. La série traite du rôle vacillant de la place des femmes dans la société japonaise avec finesse et justesse. Avec « La maison de la rue en pente », on se laisse immerger peu à peu dans la vie des divers personnages, parents ou non, et se trouvons dévorés par nos propres doutes…
Risako Yamazaki mène une vie paisible avec son mari et Ayaka, leur fille de 3 ans. Elle voit son existence bouleversée le jour où elle est désignée jurée au procès d’une mère accusée d’avoir noyé son bébé. Ce procès aux issues rapides et faciles d’apparence va bouleverser la vie personnelle bien rangée de chacun et chacune des jurés. L’accusée, Mizuho Ando, décrite comme une femme égoïste, accro aux marques de luxe et détestant son bébé, s’est rendue coupable d’homicide. Avant même que son procès n’ait lieu, aux yeux de la société japonaise, la cause est entendue et Mizuho est coupable. Cependant, à mesure que l’intrigue s’installe et que les témoins passent à la barre, chacun des jurés se projettent dans sa vie et sont de plus en plus troublés. Ils se surprennent à se questionner sur leurs propres choix. La plus affectée par le procès est Risako qui finit par ne faire qu’une avec l’accusée Mizuho… sa vie commence alors à se fissurer.
Enfant, mari, belle-famille : les pressions exercées sont multiples. Le jugement est sans appel. Pour être la meilleure des mères et des épouses, il faut renoncer à soi-même et se sacrifier pour l’équilibre du foyer. Sur cette idée fondamentale, les personnages montrent tour à tour leur intimité et les problématiques engendrées par l’idée que se fait l’entourage d’un idéal féminin fantasmé. D’abord au travers de l’existence de Risako, mère au foyer soumise et dévouée toute entière à sa petite fille. Elle représente ce que la société japonaise veut voir en une mère. A la fois une épouse aimante et docile dans l’attente de son mari qui rentre du travail pour lui enfiler ses pantoufles et lui servir un repas chaud et une bonne bière et une belle-fille douce et disciplinée qui reproduit les recettes de belle-maman pour le plus grand bonheur de son fiston. Une mère qui se plie aux quatre volontés de l’enfant roi, sourire aux lèvres sans jamais sourciller aux caprices, sans jamais vaciller sous le poids de ses journées.
A l’opposé de cette image édulcorée, Asako Matsushita, représente la femme moderne, la menace de l’équilibre des forces patriarcales nippones. Juge au procès, entourée d’hommes dans le milieu, elle mène de front une carrière brillante, à laquelle elle ne renoncerait pour rien au monde, et son rôle de mère. Elle envisage les attributions parentales comme une relation de parité, un travail d’équipe. Elle est le reflet de la dualité des femmes japonaises pour qui travailler n’est pas une option, celles qui espèrent dans un Japon plus juste…