L’art subtil de s’en foutre de Mark Manson
1.DON’T TRY
Bukowski était un véritable looser et il le savait. Vers ses 50 ans, le responsable d’une petite maison d’édition lui a fait confiance. Il a pondu son premier roman en trois semaines, en a encore publié six autres, ainsi que des centaines de poèmes. Ses livres se sont vendus à plus de 2 millions d’exemplaires. Ce qui lui a fait gagner la partie, c’était la conscience d’être un looser et le fait d’y consentir, d’en prendre son parti.
Le discours ambiant est saturé d’injonctions à positiver. Sois plus heureux, plus en forme, plus sexy, plus riche, plus populaire… A force, tu penses que tu n’en as et n’es jamais assez comme ça, qu’il te faut avoir plus, faire plus, être plus, plus… Un cercle vicieux qui t’amène à être en pétard contre toi-même à ne jamais être ou avoir assez.
L’aspiration à vivre des expériences plus positives est en soi une expérience négative. Et vivre des expériences négatives constitue en soi une expérience positive. L’absence d’adversité n’existe nulle part ! Dans la vie, tout ce qui en vaut la peine s’obtient en surmontant l’expérience négative associée.
Avec Mark Manson, on apprend l’art subtil de s’en foutre. Ce qui ne signifie pas être indifférent mais être à l’aise avec le sentiment d’être différent. L’attitude qui consiste à s’en foutre est un moyen simple de réorienter ses attentes et d’opérer la distinction entre ce qui compte vraiment et le reste, à nous mobiliser pour ce qui fait sens à nos yeux.
2. LE BONHEUR EST UN PROBLEME
L’insatisfaction et le sentiment de mal-être font partie intégrante de la nature humaine. Ils sont les ingrédients nécessaires à la construction d’un bonheur tangible. Les problèmes pleuvent sans discontinuer. Le bonheur est un travail continuel car la résolution des problèmes est une tâche indéfiniment renouvelée. Rien ne sert de nier les problèmes ou de se poser en victime.
Les émotions fonctionnent comme des signaux biologiques propres à mettre sur la voie d’un changement favorable. Elles constituent un appel à l’action. Toute action comporte un sacrifice associé : que tu gagnes est aussi ce que tu perds. Il n’existe pas un idéal de bonheur à portée. Aucune chance de gagner si tu ne joues pas. Ce qui détermine le succès n’est pas « Qu’est-ce qui te ferait plaisir ? » mais « Quelle souffrance es-tu prêt à endurer ? » Pour savoir qui tu es, tu dois savoir ce pourquoi tu es prêt à te battre.
3. TU N’AS RIEN D’EXTRAORDINAIRE TU SAIS
Dans les années 60, les psys ne parlaient que de développement de l’estime de soi et de pensée positive. Une génération plus tard, il faut bien se rendre compte que l’on n’est pas tous exceptionnels, ou Bill Gates.
Tu n’as rien d’extraordinaire, vois-tu ? Prendre conscience que tu n’es pas au-dessus de la mêlée, que tu n’as pas des problèmes plus graves que les autres, permet d’entrevoir de trouver des solutions, de sortir de la tyrannie de l’exceptionnel qui veut nous faire croire qu’un destin hors norme nous attend, qu’être « moyen » c’est nul. A quoi bon, si ne je ne deviens jamais exceptionnel ? Réaliser que ton existence n’a rien d’exceptionnel et l’accepter, te rend libre d’accomplir ce qui te motive vraiment, sans inhibition, ni attentes irréalistes, et d’apprécier ce qui compte vraiment.
4. LA VALEUR DE LA SOUFFRANCE
En février 1945, au Japon, alors que les soldats s’étaient rendus ou avaient été tués, Onoda était resté planqué dans la jungle, dans l’ignorance de la fin du conflit. Il continuait d’y mener sa guérilla contre les forces américaines. En 1972, Onoda faisait encore la guerre ! Il avait reçu l’ordre de ne jamais se rendre et il s’y était conformé. Lorsqu’il est revenu au japon en 1974, acclamé comme une star, le pays pour lequel il y avait combattu n’étais plus. En 1980, il plia bagage pour le Brésil.
La première couche de l’oignon de la conscience de soi, c’est l’appréhension basique de ses émotions. La deuxième couche, c’est la capacité à se demander pourquoi on ressent certaines émotions. Et la troisième, la plus importante, c’est celle de nos valeurs personnelles car elles déterminent la nature de nos problèmes et ceux-ci définissent à leur tour la qualité de notre vie. Les problèmes sont inévitables mais on peut contrôler le sens de ceux-ci à partir de la manière dont on choisit de les penser et du critère qu’on choisit pour les évaluer.
Par exemple, le batteur des Beatles, Pete Best, s’est fait écarter du groupe juste avant que la Beatlemania ne se mette en marche. Il en a énormément souffert. Mais plus tard, Pete Best s’est rendu compte que grâce à son renvoi du groupe, il avait pu bâtir une famille heureuse. A défaut de la gloire, grâce à certaines valeurs et critères, il a été bien plus heureux que les autres membres du groupe. Il a su se focaliser sur ce qui en vaut vraiment la peine.
Les bonnes valeurs sont basées sur la réalité, sont socialement constructives, immédiates et contrôlables. Les mauvaises valeurs sont basées sur des superstitions, sont socialement destructrices, ni immédiates, ni contrôlables.
Les fausses valeurs :
- Le plaisir est un faux dieu. Il n’est pas la cause du bonheur mais un effet.
- La réussite matérielle. Dont la corrélation avec le bonheur avoisine zéro.
- Avoir toujours raison. Ne permet pas de tirer les enseignements.
- Rester positif quoi qu’il arrive. Ce qui revient à nier l’existence même.
La suite du livre s’articule autour de 5 valeurs qui obéissent à la loi de l’effort inverse. Toutes requièrent la confrontation à ses problèmes.
- Prendre la responsabilité de tout ce qui nous arrive dans la vie
- Reconnaître sa propre ignorance et cultiver le doute permanent
- Être disposé à prendre connaissance de ses défauts et ses erreurs
- Définir ce que tu acceptes et n’accepte pas dans la vie
- Contempler sa condition de mortel afin de relativiser les autres valeurs
5. TU FAIS TOUT LE TEMPS DES CHOIX
Tout le temps, tu fais des choix, que tu le reconnaisses ou non, et tu es responsable des problèmes qu’ils engendrent. Se contenter d’accuser les autres, c’est se faire du mal à soi-même. Personne ne traverse l’existence sans écoper de quelques cicatrices lors de son passage dans le monde. A chaque instant, tu peux choisir de changer tes priorités… c’est simple.
La confusion entre responsabilité et faute incite les gens à laisser aux autres la charge de résoudre leurs problèmes. Avec Internet, il n’a jamais été aussi simple de faire porter le chapeau à l’autre. La « victimattitude » fait fureur chez les riches et les pauvres, et fait oublier les vrais problèmes de société et les vraies victimes qui reste noyées dans la masse, invisibles.
6. TU AS FAUX SUR TOUTE LA LIGNE
Il n’y a de bien pour toi que ce que ton expérience t’a montré. Rien ne peut être tenu pour certain tant que ça n’est pas arrivé. Il y a des certitudes, des valeurs, des croyances qui ont donné du sens à un moment de la vie et qui ne sont plus adaptées. Nous sommes les architectes de nos propres croyances qui sont dans leur majorité bidon. Fais gaffe à ce que tu crois !
La certitude n’est jamais totale, et la poursuite de la certitude engendre souvent une insécurité supérieure. C’est la loi de l’effort inverse : plus tu recherches la certitude, plus tu renforces le sentiment d’incertitude. A l’inverse : plus tu consens à l’état d’incertitude, plus tu progresseras dans la connaissance de ce que tu ignores. L’incertitude est à la base du progrès.
Flingue ton égo ! Le bouddhisme postule que ton idée de toi-même est une construction mentale arbitraire. Une fois débarrassé des histoires que tu te racontes sur toi-même, te voilà libre pour agir et évoluer. Lâcher prise et libérateur : les problèmes non rien de bien extraordinaires ! Définis-toi de la manière la plus standard est la plus ordinaire possible ce qui t’évitera de te prendre pour une star montante ou un génie méconnu, ou un raté complet.
Comment avoir un peu moins de certitudes sur soi-même ? Demande-toi si tu pourrais avoir tort et ce que cela voudrait dire ? Suis-je sûre de bien faire en disant à ma sœur de ne pas épouser ce type alors qu’elle est heureuse… et si j’avais tort ? Qu’est-ce que j’en sais… ? Est-ce que je ne provoquerai pas la zizanie à force de mes certitudes dont je ne suis pas sûre à 100% ?
7. SE PLANTER POUR BIEN DEMARRER
En apprenant à marcher, un enfant ne se dit pas « oh je crois que la marche n’est pas faite pour moi, je ne suis pas trop bon là-dedans… ». La vie nous apprend éviter les échecs ce qui ferme la porte à toutes possibilités de réussir. On a besoin de crises existentielles pour considérer ce qui fait sens dans notre vie et de changer éventuellement de direction.
Toute l’existence ressemble à ça : tu n’as pas la moindre idée de ce que tu es en train de faire. Agis, le reste suivra. Une petite action de départ lance l’inspiration et alimente le reste. Faire quelque chose est ton mot d’ordre !
8. L’IMPORTANCE DE DIRE NON
Dans notre société de surconsommation où la positivité est de rigueur, beaucoup d’entre nous sont convaincus de la nécessité d’être au maximum dans l’acceptation et l’affirmation. Accepter de rejeter et d’être rejetée constitue une compétence cruciale. L’engagement libère parce qu’on n’est est plus distrait par ce qui relève de la vanité. Il aiguise l’attention et la capacité de concentration, nous orientant vers ce qui est le plus susceptible de nous épanouir. C’est en profondeur qu’est enfuit le trésor et c’est là qu’il nous appartient de creuser pour le dégager.
9. ET PUIS TU MEURS…
Une fois relax avec le fait qu’on mourra un jour, à nous la liberté de choisir nos valeurs, sans être les otages de cette quête absurde de l’immortalité. Un dicton portugais dit « il franchit le cap de Bonne-Espérance »… la personne concernée est arrivée au terme de sa vie, elle est incapable d’aller plus loin et elle est prête à mourir.
Mark Twain, « La peur de mourir découle de la peur de vivre. Celui qui vit pleinement et prête à mourir à tout moment. » Il n’y a rien à craindre. Jamais.
Laurence de Vestel – Résumé de L’art subtil de s’en foutre décembre 2022 – ©oltome.com2023
L’art subtil de s’en foutre est un outil de de développement original, à la fois très décomplexant et très recentrant. Bien écrit, drôle, et plein de bon sens ! L’art subtil de s’en foutre est un livre libérateur : plus besoin de se prendre pour une star montante ou un raté complet !
» La faute se conjugue au passé. La responsabilité, elle, se conjugue au présent. La faute découle de choix qui ont déjà été faits. La responsabilité résulte de choix que tu es en train d’effectuer à chaque seconde. »