Extraits du livre de Christiane Singer…
« Entre le désir profond de se lier, de s’engager corps et âme, et le désir tout aussi profond de préserver sa liberté, d’échapper à tout lien, quel tohu-bohu ! »
« Louer le mariage ! Louer le serment que se font deux êtres…de ne plus jamais changer d’avis… d’envie… de vie ! » Existe-t-il un sentiment plus mortifère ?
« La vraie aventure de vie, le défi clair et haut n’est où n’est pas de fuir l’engagement mais de l’oser. Libre n’est pas celui qui refuse de s’engager. Libre est sans doute celui qui ayant regardé en face la nature de l’amour sans illusions, se met en marche, décide à en vivre coûte que coûte l’Odyssée, à n’en refuser ni les naufrages ni le sacre, prêt à prendre plus qu’il ne croyait posséder et prêt à gagner la promesse tenue, l’engagement honoré dans la traversée sans feintes d’une vie d’homme. »
« Ce qui rend le mariage si fort et si indestructible, c’est qu’il réunit un homme et une femme autour d’un projet. D’un projet fou. Souvent voué à l’infortune. D’un défi quasi impossible à réaliser et impérieux à oser. Le drame serait de ne pas tenter l’impossible, de rester, une vie entière, à la mesure de ce qu’on peut. »
« Ce qui rend le mariage si lumineux et si cruellement thérapeutique, c’est qu’il est la seule relation qui mette véritablement au travail. Toutes les autres relations aventureuse et amicales permettent les délices de la feinte, de l’esquive, de la volte-face et de l’enjouement. Obstiné, têtu, doté d’une tête chercheuse que rien de distrait de son but, le mariage, n’est rien d’autre que la quête en chacun de sa vérité. Il fait expérimenter la relation réelle, vivante, celle qui n’esquive rien. »
« Les épreuves ne sont pas en mariage le signe qu’il faut clore l’aventure mais souvent, bien au contraire, qu’il devient passionnant de la poursuivre. »
« Pour garder la mariée belle, très belle, il n’y a qu’une possibilité. Une. C’est moi la seule que je connaisse. L’emmurer vive au jour de ses noces… Beaucoup ont cru qu’un mariage était la promesse échangée qu’il ne se passerait plus rien ni pour l’un ni pour l’autre.… Surtout ne pas bouger, ne pas respirer, ne pas regarder à droite ni à gauche, et l’effet serait parfait… La seule manière que nous ayons d’honorer la vie est d’oser l’aborder de neuf chaque jour sans la grever de nos attentes, d’oser l’unicité du jour neuf. »
« Le mariage ne veux pas présentable, il ne veut vivant ! Et il nous fera perdre la face jusqu’à ce que, sous nos masques, apparaissent nos vrais visages. »
« Le jardinier ne peut pas monter la garde contre les mulots, les chenilles, les taupes. Il ne peut pas guetter chaque puceron, chaque bactérie. Il ne peut pas arrêter le vent d’ouest ni dissuader la tempête se déchaîner. Il ne peut pas interdire à grêle de s’abattre. Il ne veut pas non plus contraindre la plante à pousser plus vite en lui tirant les feuilles, ni vouloir la garder petite. Il ne peut que tenter de mettre toutes les chances du côté de la plante et garder vivant avec elle un dialogue. Il en est ainsi pour la relation qui nous unit. »
« L’amour durable, l’engagement du mariage, reste cet acte de sublime candeur, cette tentative d’un héroïsme quotidien. Il est de l’ordre de l’impossible et du défi, c’est ce qui le rend si digne d’être défendu. Conclure devant le jardin ravagé, qu’il est inutile de cultiver son jardin, qu’il est plus simple de ne même pas commencer de le cultiver, serait refuser de faire œuvre d’humanité. »
« Hommes et femmes à qui je dois la vie, je vous sens derrière moi, pendant que j’écris. Toutes vos silhouettes dans mon dos, tous vos visages surgit de Londres ! Debout sur la proue du navire, je sais derrière moi votre foule danse, depuis si longtemps soumise au silence de la mort. Ma tendresse, mon intérêt pour vous vous réveillent. Je sens votre houle fervente au-delà de mes épaules. Moi, fille d’Anna et de Frank… Petite fille de Sally et de… Déjà le vent emporte vos noms. Déjà mon ignorance n’est plus en mesure de vous les rendre. Et pourtant votre foule bienveillante est là. Amants, lumineux amants, époux, épouses, au-delà des désastres et des gloires de la vie, au-delà des naufrages et des déchirements, au-delà de tout ce qui a étouffé la louange, je vous perçois, je vous entends, murmure de forêt, hommes et femmes dont je suis pour un temps limité la porteuse de mémoire. Foule silencieuse. Merveille de vos fidélités, de vos engagements ! Merci à vous de n’avoir pas laissé se rompre la chaîne, se dénouer le long cortège de la loyauté qui vient du fond des temps et va disparaître à l’horizon. J’ai transmis ce que j’avais reçu de vous. Je vais vous rejoindre sous peu rejoindre votre troupe immense et m’y fondre. Et je vous dis merci de m’avoir un instant dans la traversée de l’éternité permis d’être votre figure de proue. Un instant. Car un court instant interminable, en votre nom à tous, j’ai éperdument aimé vivre. »
« Seul existe, seul perdure l’Elan. L’élan qui nous a fait surgir et nous entraîne. C’est en laissant le chemin de vie passer à travers nous que nous aurons rempli notre contrat. »
Un livre remarquablement écrit sur le sujet du mariage et de l’engagement. Une réflexion pointue et très précieuse à offrir à tout les « engagés » pour mieux s’y plonger, mieux le danser… tel un funambule. Remarquable ! Bravo Madame Singer.