Résumé du livre de Jared Diamond : « Pourquoi l’amour est un plaisir »
Chapitre I – Un animal aux mœurs sexuelles étranges
Voilà ce que votre chien penserait de votre vie sexuelle, s’il savait parler… « Les humains sont vraiment dégoûtants, ils s’accouplent n’importe quel jour de la semaine ! Barbara propose à John de faire l’amour même quand elle sait parfaitement bien qu’elle n’est pas fertile : juste après les règles, par exemple. John veut s’accoupler tout le temps, sans se soucier de savoir si ses efforts ont la moindre chose aboutir ou non à un bébé. Plus répugnant encore Barbara et John continuaient d’avoir des rapports sexuels pendant qu’elle était enceinte ! Et chaque fois que les parents de John viennent en visite, je les entends eux aussi s’accoupler, bien que la mère de John ait dépassé depuis des années ce qu’ils appellent la ménopause. Maintenant elle ne peut plus faire de bébé, mais elle veut toujours avoir des rapports sexuels, et le père de John ne trouve rien à redire. Que d’efforts gâchés ! Et voici le plus étrange : comme les parents de John, Barbara et John, s’enferment dans la chambre à coucher pour s’accoupler, au lieu de faire ça devant leurs amis comme tous chien qui se respecte ! »
Comparons la sexualité des autres mammifères à ceux de la sexualité humaine :
- La plupart des hommes et des femmes dans une société humaine, vivent à deux, une relation durablereconnue comme un contrat comportant des obligations réciproques.
- Le mariage permet d’élever à deux des enfants issus de l’union. En général, le mâle participe aux soins de sa progéniture autant que la femelle.
- Le mari et la femme vivent en couple au milieu d’autres couples
- Le mari et la femme s’accouplent dans l’intimité
- L’ovulation humaine est dissimulée plus tôt qu’affichée
- Les femmes subissent la ménopause
La plupart des adultes dans la plupart des sociétés humaines vivent une relation durable souvent monogame aussi bien en pratique que légalement. Par rapport aux 4300 espèces de mammifères, c’est nous qui sommes bizarres…
Pourquoi sommes-nous devenus si différents ? Quelles sont ces changements de mode de vie et ces contraintes héréditaires qui ont forgé l’évolution de notre curieuse sexualité ?
Chapitre 2 : La guerre des sexes
L’intérêt génétique d’un père ne coïncide pas nécessairement avec celui de la mère et vice versa. Cela conduit bien souvent à des conflits entre parents quant à la conduite à tenir. Lorsque l’assistance d’un parent est indispensable à la survie des jeunes, on peut concevoir l’activité parentale comme une course entre la mère et le père à qui abonnera le premier l’autre et les jeunes afin de se remettre sans délai à produire d’autres bébés. Lequel des deux parents cédera le plus facilement ? Le scénario dépend de 3 facteurs : l’investissement initial dans la fabrication du fœtus, les occasions que l’animal perdrait s’il décidait de se consacrer à élever l’œuf fécondé, et sa certitude d’être réellement le géniteur.
Concernant l’investissement initial dans la fabrication de l’œuf, la dépense en temps et en énergie d’une mère est colossale par rapport à l’investissement ridiculement faible engagé par son mari ou ami pendant les quelques minutes qui lui a fallu pour s’accoupler et éjecter son sperme. Il est plus difficile pour la mère de bluffer que le père dans l’espoir de se soustraire à ses responsabilités parentales.
Le deuxième facteur prend en compte les occasions perdues par un parent qui choisit de se consacrer à ses jeunes. La femelle fécondée ne gagnerai rien à s’accoupler avec un autre mâle puisqu’elle serait stérile. Quant à l’homme qui se consacrerait aux soins de son enfant, il se ferme à beaucoup de possibilités ailleurs.
Le troisième facteur est le degré de certitude qu’à l’animal d’avoir engendré le petit. C’est un pari gagnant pour la mère que de prendre soin de ce bébé. Le mâle n’a pas la même certitude. Face à cette inévitable incertitude la conclusion du mâle est qu’il vaut mieux partir juste après la fécondation et chercher d’autres femelles à féconder, et laisser ses femelles élever leurs petits.
Du point de vue de l’évolution, un mâle ferait un mauvais calcul en décidant de se consacrer à sa progéniture. Les mâles en font le minimum pour leur progéniture. Ils essaient de féconder les femelles des autres mâles et laissent le cocu élever les rejetons de l’amant. À juste titre, le mâle est devenu plus méfiant à l‘égard du comportement de sa compagne. Il ne va pas pouvoir partir l’esprit si tranquille….
Chez les humains, à l’époque reculée où l’homme vivait de chasse et de cueillette, un enfant qui perdait son père ou sa mère voyait réduites ses chances de survie. Le père avait intérêt à prendre soin de l’enfant pour propager son patrimoine génétique. Mais ce partage des responsabilités ne met pas fin à la guerre des sexes… L’autonomie du petit humain est particulièrement tardive. Lequel des deux parents y consacrera le plus de temps ? Comme pour les animaux, le scénario des 3 facteurs (investissement initial, portes qui se ferme à lui en se consacrant aux enfants et doute quant à sa paternité) va jouer en faveur du père qui abandonnera beaucoup plus facilement femme et enfants….
Chapitre 3 : Pourquoi les hommes n’allaitent pas ?
La lactation est du domaine des possibilités physiologiques de l’homme. Mais cela ne fait pas partie de notre répertoire normal. La seule différentiation sexuelle qui relève directement du chromosome Y est la formation de l’ovaire ou du testicules. Les différences génétiques entre les hommes et les femmes sont faibles, en dépit de leurs importantes conséquences. Mais pourquoi l’homme n’allaite-t-il pas et comment se fait-il que la lactation du mâle ne se pose jamais ?
Il est facile de prédire les conditions qui favoriseraient l’évènement de la lactation masculine : une portée d’enfants qui représente une lourde charge à nourrir, les paires de male-femelle monogames, un confiance des mâles dans leur paternité, une préparation hormonale de père … La lactation masculine serait tout à fait propice à notre évolution.
Chapitre 4 : L’évolution du plaisir sexuel
Pourquoi la plupart des animaux ne considèrent-t-il pas la sexualité comme un plaisir ? Il y a une raison simple pour laquelle les autres animaux sont avares dans leurs efforts :
- La production de sperme est coûteuse pour les mâles
- C’est du temps perdu… Le temps consacré à un rapport sexuel aurait pu être consacré à la recherche de nourriture
- Un couple enlacé risque d’être surpris et tué par un prédateur
- Les individus plus âgés risquent de succomber à l’effort du coït
- Les combats de mâles pour la possession d’une femelle entraine souvent de graves blessures
- Il est risqué de se faire prendre lors de débats extraconjugaux
Pour la femme des cavernes, le départ du mâle exposait l’enfant à naître au risque de mourir affamé ou assassiné. Que pouvait faire cette femme pour retenir son homme ? Prolonger sa réceptivité sexuelle au-delà de l’ovulation. Assurer la satisfaction de l’homme en lui permettant de copuler quand il le désirait. Le plaisir sexuel fonctionne comme une sorte de ciment qui assure la cohésion du couple le temps d’élever ensemble leurs enfants sans défense.
Le dilemme sexuel humain, et que le père et la mère doivent collaborer pendant des années pour élever leur enfant vulnérable, malgré la tentation que représente la proximité d’autres adultes fertiles. Nous avons alors mis au point un système original, associant mariage, collaboration parentale, et tentation adultère.
La dissimulation de l’ovulation s’est développée pour promouvoir la monogamie. Elle contraindrait l’homme à rester à la maison, renforçant de ce fait sa certitude d’être le père des enfants de sa femme. L’ovulation cachée s’est imposée aussi pour donner à la femme accès à une multiplicité de partenaires sexuels, ceux-ci restant dans le doute quant à leur éventuelle paternité. Imaginer ce que serait la vie d’un couple marié si les femmes afficher ouvertement leur ovulation ! Les conséquences seraient catastrophiques. Le père serait rarement là. La mère ne réussirait pas à élever seule ses enfants. Et de nombreux bébés en mourraient. Ce serait mauvais pour la mère mais aussi pour le père car aucun des deux ne réussirait à propager ses gènes. Imaginons à présent le scénario inverse où le mari ignore quand sa femme est fertile. S’il veut avoir de bonnes chances de la féconder, il faut qu’il reste au près d’elle pour lui faire l’amour le plus souvent possible. Aussi, un homme a moins de raison de chercher ailleurs, puisqu’il ignore lesquelles de ses voisines sont fertiles. On obtient un résultat réconfortant : le père reste, participe aux soins de ses enfants, et ceux-ci survivent. La dissimulation et l’ovulation et la réceptivité permanente des femmes se sont imposées dans le but d’assurer la monogamie, les soins paternels, et la confiance des pères en leur paternité.
Ainsi dans un premier temps, l’ovulation cachée est apparue. Dans un deuxième temps, l’espèce est passée à la monogamie. Pourquoi dissimulant-nous notre ovulation et faisons-nous l’amour pour le plaisir n’importe quel jour du mois ? La dissimulation de l’ovulation permettait à la femme ancestrale d’accorder ses faveurs a beaucoup de mâles, dont aucun n’aurait pu jurer qu’il était le père de l’enfant, mais qu’il savait tout même qu’il pouvait l’être. En conséquence, aucun de ces assassins ne voulait faire du mal au bébé de la femme. Et mais ayant mis au point l’ovulation cachée à cette fin, les femmes s’en s’ont servies ensuite pour se choisir un homme convenable avec lequel rester à la maison et obtenir qu’il protège ses petits dont il était sûr d’être le père.
La prochaine fois que vous ferez l’amour pour le plaisir en période non fertile, méditer sur le fait que votre bonheur est paradoxalement rendu possible par les aspects de votre physiologie qui caractérisaient vos ancêtres lointains. Ces malheureux ancêtres ne s’accouplaient que les rares jours d’évolution, priver du plaisir dont vous profitez à loisir par leur besoin urgent de résultats immédiats.
Chapitre 5 : À quoi bon les hommes ?
Demander à quoi servent les hommes ressemble à une boutade. Les femmes n’accepte plus le statut que se sont longtemps octroyés les hommes. Si l’on retient comme critères les services fournis à la compagne et aux enfants, le mâle de la plupart des espèces n’est bon qu’à injecter du sperme. Le mâle humain se distingue par sa présence prolongée auprès de sa compagne et de ses enfants après l’accouplement. Cependant, parmi les hommes qui reste mariés, nous en connaissons tous qui prennent mieux soin d’eux que de leurs femmes et leurs enfants. Le pourcentage de fanfarons semble ne pas être négligeable… C’est pourquoi dans nos sociétés, on continue de se poser la question de l’utilité des hommes.
Chapitre 6 : En faire moins pour en faire plus
La ménopause compte parmi les aspects les plus étranges de la sexualité humaine, mais elle est essentielle La ménopause féminine est suffisamment rare dans le règne animal pour que son apparition chez les êtres humains réclame une explication. Plus une femme vieillit, plus le nombre de ses enfants a de chances d’être élevé et plus elle a déjà investi de temps à les soigner. Mais la probabilité de mourir pendant ou après avoir enfanté et la probabilité d’une malformation ou de la mort du fœtus ou de l’enfant augmente aussi. En fait, la mère risque plus pour un moindre gain potentiel. Cet ensemble de facteurs tendrait à favoriser la ménopause humaine et conduirait paradoxalement à ce qu’une femme laisse plus d’enfants en vie si elle en met moins au monde.
Chapitre 7 : Éthique publicitaire
La maturité sexuelle est signalée pour les deux sexes par la pilosité du pubis et des aisselles. Par le développement des seins, par la barbe et la mue de la voix. C’est une structure ou un rôle de signal, tout comme la tache rouge ou la raie noire des oiseaux.
Bien que pratiquement n’importe quelle femme finisse par trouver un homme, seuls quelques-unes parviendront à s’attacher l’un des meilleurs, pour lequel la concurrence et âpre. Toutes les femmes le savent. Le pénis en érection est de 3 cm chez un gorille contre 13 chez l’homme. Le véritable pénis est d’une longueur indécente au regard de nos ancêtres primates. Ces centimètres supplémentaires représentent-t-il un luxe inutile ? Ou bien la grande taille du pénis s’explique-t-elle par le fait que nous pratiquons une bien plus grande diversité de positions sexuelles que bien d’autres mammifères ? Dans tous les cas, il confère à son propriétaire l’avantage d’un signal apparent de virilité. « Je suis déjà si intelligent et supérieur que je n’ai pas besoin de développer mon cerveau, mais je peux au contraire me permettre le handicap d’agrandir inutilement mon pénis ». Les ornements sexuels ont souvent deux fonctions : ils attirent des partenaires potentiels de sexe opposé et ils marquent la supériorité sur les rivaux de même sexe.
Laurence de Vestel, Mars 2013 – ©Oltome.com
Si vous avez aimez le livre de Jared Diamond, vous aimerez peut-être du même auteur : Effondrement
Pourquoi l’amour est un plaisir ? Quelle bonne question… se l’est-on déjà jamais posée ? Jared Diamond, l’auteur du livre best-seller « Effondrement », pose des questions originales. Vous étiez vous demandez pourquoi notre sexualité diffère-t-elle autant de celles des animaux ? Ce livre qui nous fait réaliser que nous avons bien de la chance de pouvoir profiter d’une sexualité à loisir, ce qui est l’aboutissement d’une longue histoire de notre évolution. Ca n’a pas toujours été le cas ! Un livre dont on retiendra des enseignements peu banaux !
Jared Diamond est né le 10 septembre 1937 à Boston aux Etats-Unis. Diplômé de Harvard en 1958, il a fait ses débuts comme biologiste de l’évolution. Géographe, ornithologue, anthropologue, économiste, historien, et physiologiste. Il compte 17 expéditions en Nouvelle-Guinée, parle dix langues. Il enseigne la géographie à l’université de Californie à Los Angeles. Ses ouvrages de vulgarisation scientifique l’ont rendu célèbre. En 1997, il a publié « Pourquoi l’amour est un plaisir : l’évolution de la sexualité humaine. » En 2000, il a publié « Le Troisième chimpanzé », ensuite « De l’intégralité parmi les sociétés ». « Effondrement : comment les sociétés décident de leur disparition ou de leur survie» est sorti en 2005 et a reçu en 2007 le Prix du livre sur l’environnement décerné par la fondation Veolia Environnement. Il enseigne également à l’Université à Rome depuis 2019.