Résumé du livre de Rutger Bregman « Utopies réalistes »
1. Le retour de l’utopie
Dans le passé, tout était pire. Pendant près de 99% de l’histoire du monde, 99% de l’humanité a été pauvre, affamée, sale, laide et malade. Tout a changé au cours de ces 200 dernières années durant lesquelles nous avons connu une croissant exponentielle en termes de population et de prospérité.
Bienvenue au pays d’abondance ! Il n’y manque qu’une chose : une raison de sortir du lit le matin car au paradis, il n’y a pas grand-chose à améliorer. La crise de notre temps est que nous n’avons rien de mieux à proposer. Il n’y a jamais eu autant de burn-out et de dépression. Nous avons la belle vie, mais notre liberté s’est vidée de son sens. Nous sommes incités à nous gaver, nous enivrer, à acheter toujours plus, sous le contrôle et la surveillance de l’état qui s’assure que nous suivions le trajet imposé du parfait citoyen.
Ce livre est une tentative de débloquer l’avenir en ouvrant en grand les fenêtres de notre esprit. L’utopie invite au changement en posant les bonnes questions. Parmi nos ancêtres, il y avait des rêveurs grâce à qui nous vivons une époque merveilleuse.
2. Pourquoi il faut donner de l’argent à chacun
À Londres en 2009, on a donné à 13 sans-abri, la somme de 3000 livres sans contrepartie. L’expérience a couté 50000 livres par an, (contre 400.000 que l’état dépensait). Ces hommes ont dépensé cet argent très modestement, pour un dictionnaire, un téléphone, des cours de jardinage, une cure de désintoxication…
Le sentiment dominant est que les pauvres ne savent pas gérer l’argent sinon, ils seraient riches. Les pauvres sont eux-mêmes les meilleurs experts pour savoir ce dont ils ont besoin. En Afrique, quantité d’ONG sont persuadés de savoir ce qu’il faut aux pauvres et dépensent des sommes folles pour envoyer des Blancs dans les villages alors qu’il suffiraient qu’ils donnent leur salaire aux pauvres, qui savent très bien quoi en faire !
Au Canada, une expérience fut menée par Mincome. 30.000 habitants se virent attribué un revenu universel de base, une somme mensuelle suffisante pour vivre sans avoir à lever le petit doigt et sans contrepartie. Les chiffres des violences conjugales et des pathologies psychiques chutèrent, les résultats scolaires et au baccalauréat s’améliorèrent, les étudiants poursuivirent leurs études plus longtemps,… Une spectaculaire réussite à laquelle le gouvernement conservateur mis fin dès son arrivée au pouvoir.
En 1968, Nixon, présentât un projet de loi établissant un modeste revenu de base. 80% des américains étaient favorables. Un pas de géant en avant semblait arrivé mais la Commission sénatoriale des finances fit marche arrière. En 1978, le projet fut abandonné par peur que les bénéficiaires ne deviennent oisifs.
Aujourd’hui, nous sommes assez riches pour financer un confortable revenu de base et mettre fin à la pauvreté. C’est ce que le capitalisme aurait dû ambitionner de faire depuis toujours.
3. La fin de la pauvreté
Des études sur la pauvreté ont démontrés qu’il ne suffit pas de donner de l’argent aux pauvres pour qu’ils s’en sortent. Ils ne peuvent s’en sortir par eux—mêmes du fait d’un contexte où tout manque, et dans lequel n’importe qui prendrait les mauvaises décisions. Avec la pauvreté, il n’y a pas de pause. La largeur de bande mentale est saturée. Les fruits de la bourse tombent trop loin de la vision étroite qu’on a quand on vit dans la rareté.
L’argent devrait être réparti de manière à réduire l’inégalité et augmenter la largeur de bande mentale intérieure. L’inégalité est une malédiction. Si riche que devient un pays, l’inégalité joue les rabat – joie : être pauvre dans un pays riche est tout autre chose que d’être pauvre comme il y deux siècles, quand presque tout le monde, partout, était pauvre. Les personnes qui vivent dans des sociétés inégalitaires s’inquiètent de la manière dont les autres les perçoivent, ce qui mine la qualité des relations.
4. L’étrange conte du président Nixon et le revenu de base
On a vu que Nixon a laissé passer l’occasion unique de se débarrasser d’un stéréotype dont les racines remontaient à l’Angleterre du 19 ième siècle : le mythe du pauvre oisif. Le projet du revenu de base abandonné, l’aide au pauvres est devenue considérée comme une faveur plutôt que comme un droit. Aujourd’hui l’idée d’un revenu de base pour tous les Américains est aussi impensable que l’étaient le suffrage des femmes dans le passé.
Un Big gouvernement est parvenu à nous faire entrer de force dans une Big société avec une bureaucratie plombée qui enferme les gens dans la société. Alors que les employés doivent faire la preuve de leur force, les demandeurs d’emploi doivent prouver leur faiblesse aux services sociaux, les malades doivent prouver que prouver que leur maladie est suffisamment débilitante ou leur dépression suffisamment noire… pour avoir de l’aide, faute de quoi elle est suspendue. Nos sociétés capitalistes ou communiste partagent la même fausse idée qui veut qu’une vie sans pauvreté soit un privilège, qu’il faut travailler pour le mériter et non un droit que nous méritons tous.
5. De nouveaux chiffres pour une nouvelle aire
Le PIB s’est révéler un excellent critère pour mesurer la capacité d’un pays pour savoir « comment payer la guerre ». Par la suite, avec l’arrivée des économistes, le PIB servait à consolider la société de consommation. Aujourd’hui, le PIB n’est plus du tout d’époque. Il ne mesure pas le bénévolat, le travail au noir, les services gratuits, les avancées en matière de connaissances… ni les maladies mentales, obésité, pollution, divorce, crime sont de véritables mines d’or pour le PIB. Il nous faut de nouvelles données pour nous guider. Gouverner par les chiffres, c’est le dernier recours d’un pays qui ne sait plus ce qu’il veut, un pays qui n’a pas de vision utopique.
Quand on est obsédé par la croissance, la productivité, on ne voit pas la valeur réelle de l’enseignement, du soin qui pour les politiciens et contribuables, ne représentent que des coûts. Au lieu de considérer l’accroissement de ces dépenses comme une bénédiction, il est considéré comme une maladie. Le PIB n’est plus du tout un instrument adéquat pour mesurer le bien-être social de notre sociéé
6. La semaine de 15 heures
Etre capable de remplir intelligemment les loisirs, tel est l’ultime produit de la civilisation » Bertrand Russel (1872-1970)
Pour Keynes, Benjamin Franklin, Marx, Henry Ford, le meilleur usage à faire de plus de richesses serait plus de loisirs. En 1956, Nixon promettait la semaine de 4 jours. Vers 1970, l’espèce humaine était au bord d’une véritable révolution des loisirs. Et soudain… le rêve est oublié. La croissance économique des année 80 se traduit, non pas par plus de loisirs, mais par plus de choses. Les femmes se sont mises à travailler en nombre. Un pouvoir d’achat accru pour consommer plus. La folie consommatrice s’est amplifier et cette fois, à crédit ! Plus de loisirs, c’est merveilleux mais c’est trop cher. À nos jours, nos plus grands défis de ne sont pas le loisir et l’ennui, mais le stress et l’incertitude.
Travailler moins résoudrait le stress, le changement climatique, les accidents, le chômage, l’émancipation des femmes, le vieillissement de la population. Nous sommes très nombreux à être prêt à échanger notre précieux pouvoir d’achat contre plus de temps libre. La réduction du temps de travail doit redevenir un idéal politique à mettre progressivement en place.
7. Pourquoi il n’est pas payant d’être banquier
À New York, en 1968, après 9 jours d’une grève des éboueurs et des centaines de tonnes d’ordures entassées, les employés obtiennent gain de cause. En 1970, en Irlande, lorsque les employés de la banque d’Irlande entamèrent une grève… il ne se passa rien, car les irlandais avaient pris d’autres dispositions pour gérer leur vie financière quotidienne. Les banques ont beaucoup plus de besoin des gens que les gens n’ont besoin des banques. Et les gens ont bien plus besoin d’éboueurs que de banquiers.
Imaginons que les comptables fiscalistes, employés en télémarketing, consultant en réseaux sociaux, responsables en ressources humaines, experts bancaires, rédacteurs publicitaires, arrêtent soudain de travailler. Le monde ne deviendrait ni plus pauvre ni plus laid. Ces emplois au lieu de créer de la richesse se contentent de la déplacer et ne contribuent à rien qui ait une valeur tangible pour la société. Et ce sont ces mêmes emplois qui offrent les meilleurs salaires contrairement à ceux qui participent concrètement à la prospérité (enseignants, policiers, pompiers, infirmiers, éboueurs,…) et qui sont si mal payés.
Il aurait pu en aller tout autrement si notre addiction à la consommation n’avait pas été rendue possible grâce aux robots et aux esclaves salariés du tiers monde. Dans ce monde qui s’enrichit sans cesse, nous continuons de travailler, vouloir un salaire plus élevé pour acquérir encore plus de n’importe quoi. Ainsi, le nombre de jobs superflus, « Bullshit jobs », ne fait que croître sans jamais rien produire. Si on se concentrait plus sur les valeurs que sur les compétences, et que tous les talents de ceux qui exercent des Bullshit jobs, étaient investis dans la création de richesse plutôt que dans son déplacement, nous avancerions vers un monde différent.
8. La course contre la machine
Les robots sont le plus puissant argument en faveur de la réduction du temps de travail et d’un revenu universel de base. Le grand paradoxe de notre époque est que la productivité et l’innovation grâce aux robots sont à un niveau record mais en même temps notre revenu moyen domine et il y a de moins en moins d’emplois. Ce qui veut dire que , quand une affaire marche, de moins en moins de gens en profitent. Un mécanisme de redistribution massive (d’argent, de temps et d’imposition) est vital pour l’avenir du monde si nous voulons que chacun puisse bénéficier des machines intelligentes.
9. Par-delà les portes du pays d’abondance
Hors du pays d’abondance, des centaines de millions de gens cherchent à survivre avec un dollarspar jour. Le monde occidental dépense 135 milliards de dollars par an en aides au développement à l’étranger, ce qui reste une goutte d’eau dans la mer et sans que l’on sache franchement pas si cela sert à quelque chose. L’OCDE estime que les pays pauvres perdent 3 fois pus en évasions fiscales que ce qu’ils reçoivent en aides étrangères.
Depuis l’existence des frontières après la première guerre mondiale, le monde est ouvert à tout ( biens, services, information, valeurs boursières) sauf aux personnes. Les frontières sont la plus grande cause de discrimination de toute l’histoire du monde : les inégalités existant entre les habitants d’un même pays n’est rien à côté des différentes citoyennetés. L’élite doit sa chance d’être née dans le bon pays. 8 personnes détiennent plus que 3,5 milliards de gens réunis.
Ouvrir les frontières est le meilleur moyen de lutter contre la pauvreté. Une idée constamment battue en brèche sous prétexte que ce serait la porte ouverte au terrorisme, à la criminalité, à nos pertes d’emploi, à une mauvaise cohésion sociale, à des personnes paresseuses qui ne repartiront jamais de chez nous. C’est faux. Le terrorisme n’est pas la principale menace qui nous guette, la diversité dispose les gens à établir des liens d’amitiés, une population active plus importante stimulerait plus de consommation et donc plus d’emplois, et des frontières ouvertes jouera en faveur du retour spontané des immigrés chez eux. Le pays d’abondance s’en trouverait tout simplement deux fois plus riche. Si nous voulons rendre le monde meilleur, nous n’y parviendrons pas sans migration. La liberté migratoire doit être est un but auquel nous devons aspirer.
10. Comme les idées changent le monde
Il est difficile de changer un homme convaincu ! Et quand la réalité vient se heurter à nos convictions les plus profondes, nous préférons réévaluer la réalité que de modifier notre vision du monde. Nous sommes dans le « coma », un sommeil profond sans rêve. La crise financière de 2008 nous montrer à quel point aujourd’hui, nous n’avons rien changer faute de véritable alternative. Alors, oui, vivement des utopies réalistes !
EPILOGUE
Otto von Bismarck disait : « La politique est l’art du possible. » La gauche semble avoir oublié l’art de la politique. « Les socialistes perdants » du monde entier sont devenus ennuyeux comme un bouton de parte. Ils n’ont pas d’histoires à raconter, ni même une langue pour la raconter et les gens préfèrent se situer du côté des vainqueurs. (ce qu’a très bien compris Donald Trump !) Plus que jamais, nous avons besoin d’un récit qui parle à des millions de gens ordinaires.
Laurence de Vestel, Janvier 2018 – © Oltome.com
« Utopies réalistes » de Rutger Bregman est un livre est génial ! Un livre qui nous fait rêver… à lire Rutger Bregman, tout pourrait être si simple. Un livre qui semble pouvoir débloquer tout l’avenir en ouvrant en grand les fenêtres de notre esprit. L’utopie invite au changement en posant les bonnes questions. Et n’oublions jamais que parmi nos ancêtres, il y avait des rêveurs grâce à qui nous vivons une époque merveilleuse. « Utopies réalistes », un livre qui nous aide à rêver, à imaginer un monde meilleur… et pourquoi pas ?
Qui est Rutger Bregman ? Rutger Bregman est un écrivain, conférencier et historien hollandais né en 1988. Il est journaliste pour le magazine en ligne De Correspondent. Il a publié quatre livres sur l’histoire, la philosophie et l’économie. L’édition néerlandaise d’Utopies réalistes est devenue un best-seller traduit dans 17 langues. Dans ce livre, il défend la semaine de 15 heures, le revenu universel, un monde sans frontières. Son travail a été raconté par les plus grands médias. Il a lancé dans son pays un mouvement en faveur du revenu minimum universel dont la presse internationale s’est fait l’écho, ce qui lui vaut le surnom de « Monsieur Revenu Universel ». En 2020, il publie son deuxième livre, Humanité, une histoire optimiste. Un livre selon lequel il démontre que l’homme fait partie de l’espèce la plus aimable du règne animal.