Résumé de Antispécisme de Aymeric Caron
Antispéciste de Aymeric Caron nous initie à l’antispécisme, dont la définition serait est intimement lié à une connaissance plus juste du vivant et de l’univers. Il n’y a rien sans lien. Le lien qui unit les humains entre eux est le lien qui nous unit à nos cousins animaux, aux plantes, au ciel et aux mers, à ces étoiles où nous sommes nés. La cohérence est le ciment indispensable à toute société et à tout individu. Celui qui mange une tranche de jambon est bien celui qui a tué l’animal, même s’il ne tenait pas le couteau lui-même. L’écologie profonde interroge la place de l’homme dans le respect de la vie qui veut vivre.
L’animal que je suis donc
La flèche qui a transpercé le lion Cécil au Zimbabwe nous a frappé au cœur. La colère collective suscitée par cet acte immoral et impardonnable illustre que nous commençons à être de plus en plus nombreux à nous élever contre la bêtise et l’ignorance qui nous autorisent à maltraiter les animaux.
Le spécisme, nommé ainsi par analogie avec le racisme et le sexisme, désigne toute attitude de discrimination envers un animal en raison de son appartenance à une espèce donnée.
Un exemple flagrant de spécisme est celui du porc. Essayez de servir une tranche de chien à vos invités… Chaque année, nous réalisons les meurtres massifs de plus de 1,5 milliards de porcs élevés dans des conditions abominables. Une véritable barbarie. Or d’un point de vie biologique, le cochon est plus proche de l’homme que ne l’est le chien : il est plus intelligent et plus affectueux.
Aucun humain n’est réellement important, si ce n’est dans l’esprit et le cœur de ceux qui l’accompagnent avec bienveillance sur un bout de chemin. Rien ne justifie une quelconque forme d’arrogance, d’autosatisfaction et de mépris à l’égard d’un autre. Ce constat nous oblige à l’observance rigoureuse d’une morale au service du vivant dont nous sommes tous les porte-parole.
« La cosmologie moderne a réenchanté le monde en redécouvrant l’ancienne alliance entre l’homme et le cosmos. Tous les éléments chimiques lourds de la table périodique des éléments ont été fabriqués dans les étoiles. Aucune vie ni conscience ne seraient possibles. Pour que celles-ci puissent apparaître, les éléments lourds fabriqués par les étoiles étaient absolument indispensables. Nous sommes donc tous des poussières d’étoiles. Nous partageons tous la même généalogie cosmique. Nous sommes les frères des bêtes sauvages, et les cousins des coquelicots des champs. » TRINH XUAN THAUN
LES ANIMALOSCEPTIQUES – La réponse de la génétique
Il a été prouvé que nous sommes nous-mêmes des animaux. Il y a les humains et les animaux non humains. L’homme ne descend pas du singe, il est lui-même un primate qui appartient à la famille des grands singes. Nous partageons avec le chimpanzé 98,5 % d’ADN, avec la vache et la souris, 80 %. « Nous sommes cousins des chimpanzés, cousins un peu plus lointains des petits singes et encore plus lointains des bananes et des navets. » Chaque espèce porte en elle la trace de celles qui l’ont précédées. Nous sommes parents des arbres, des insectes, des poules, des vaches. Nous sommes tous embarqués sur le même vaisseau. Lorsque nous manquons de respect à une forme de vie, c’est à notre famille que l’on manque de respect.
LES ANIMALOSCEPTIQUES – La réponse de l’éthologie
En 2012, en présence de Stephen Hawking, un groupe de scientifiques a signé à l’université de Cambridge une Déclaration de conscience des animaux. Le biologiste Yves Christen « On devrait relire ce qui arriva au chasseur William Harris après qu’il eut tué son premier éléphant, une femelle, lorsqu’il revint la chercher le lendemain. Il trouva auprès d’elle son petit, désespéré qui se précipite sur lui, l’enlaçant de sa trompe comme pour lui demander de l’aide. Là, dit Harris, je ressentis un vrai regret de ce que j’avais fait et il me vient à l’idée que j’avais commis un meurtre. »
Même le plus malchanceux des Terriens a un jour gagné le plus incroyable des concours de circonstances pour obtenir le droit de saluer un instant la vie.
L’animal assassiné
La lutte contre le spécisme passe par la bataille de l’information. Dire, raconter, décrire. Les journalistes sont interdits d’entrer dans les abattoirs. 80 % des animaux élevés en Europe pour notre consommation le sont dans des conditions concentrationnaires. Les porcelets subissent à leur naissance un traitement de choc : dents limées, queue coupée à vif. 70 % des poules pondeuses élevées dans des cages dont elles ne sortent jamais se boufferaient entre elles si on ne leur sectionnait pas le bec à vif. Les cochons sont tués à six mois alors qu’ils pourraient vivre quinze ans, les veaux sont tués à 5 mois contre une espérance de vie de 20 ans. Lapins, saumons, oies, truite, tous ces animaux que nous mangeons sont aussi intelligents que nos bébés. Ils sont aussi jeunes. Les carnivores sont des ogres.
Tous les ans, meurent 70 milliards de mammifères et 1000 milliards d’animaux marins pour notre nourriture, 100 millions d’animaux pour les expériences, 150 millions d’animaux pour leur fourrure. Depuis 1 siècle, les activités humaines ont multiplié le taux naturel d’extinction des espèces de 100 à 1000 fois. De 1970 à 2010, la population des vertébrés a diminué de moitié.
Pour la fin de l’exploitation animale
Tous responsables, tous coupables. Etre un citoyen conscient consiste à s’interroger sur les conséquences de ses actes. Quelle quantité de souffrance a été nécessaire pour me permettre de manger ce steak ? La viande c’est juste un bout d’animal mort ? Ces animaux ont été tués parce que des industriels ont pensé qu’l y aurait des gens pour acheter leur viande. Si vous donnez le pistolet à quelqu’un d’autre en lui demander d’exécuter le crime à votre place, êtes-vous moins coupable ?
L’intuition morale que nous avons est qu’il ne faut pas maltraiter les animaux cependant, cette intuition est constamment contredite par nos actions. Notre monde contemporain est profondément amoral. Les règles éthiques sont presque inexistantes dans notre système économique. Pour Peter Singer, il faut réduire la souffrance des animaux au maximum. La souffrance reste la souffrance quel que soit l’être qui la ressent.
« Les hommes capables d’un total désintérêt et de pitié pour la plus humble des créatures vivantes nous permettent de comprendre le pouvoir de Dieu et sont comme le levain de l’humanité, éclairant le chemin qui la mène vers son but. Nous n’avons pas le droit de détruire la vie que nous ne pouvons pas créer. » Gandhi
S’abstenir de faire souffrir ne suffit pas. Il faut s’abstenir de tuer. Le fait qu’un bovin passe ses journées à brouter au lieu de surfer sur Internet ne rend pas sa mort moins problématique que celle d’un Homo Sapiens. Si l’on devait estimer la valeur d’une espèce à sa contribution positive au cycle du vivant, l’homme devrait être éradiqué. Chaque être qui paraît sur terre a le même droit de profiter de son passage, du début à la fin. La vie veut vivre !
« L’homme ne peut pas vivre un seul instant sans commettre, consciemment ou non, de violence physique. Le fait de vivre, de manger, de boire et de remuer entraîne nécessairement la destruction de certaines formes de vie, si réduites soient-elles. Il n’en demeure pas moins que le non-violent reste fidèle à ses principes si tous ses actes sont dictés par la compassion, s’il protège de son mieux tout ce qui vit, s’il épargne même les créatures les plus insignifiantes et, de cette manière, il se libère de l’engrenage fatal de la violence. Son abnégation et sa compassion ne cesseront de croître, mais il ne pourra jamais être pur de toute violence extérieure. » Gandhi
- Nous n’avons pas besoin pour vivre de manger des animaux
- Nous n’avons pas besoin pour vivre de porter la peau des animaux
- Nous n’avons pas besoin pour vivre de nous réjouir du spectacle de e la mise à mort d’un animal
- Nous n’avons pas besoin pour vivre de voir des animaux exécuter des numéros
- Nous n’avons pas besoin pour vivre de nous divertir en mettant des animaux en compétition
- Nous n’avons pas besoin pour vivre de chasser les animaux
Les droits qui devraient être aujourd’hui accordé aux animaux :
- Le droit de vivre, donc de ne pas être tué
- Le droit de ne pas être emprisonné
- Le droit de ne pas être torturé
- Le droit de ne pas être une propriété
L’antispécisme est un nouvel humanisme
Tandis que le brahmanisme, le bouddhisme reconnaissent l’évidente affinité de l’homme avec la nature tout entière, la religion occidentale a arraché l’homme au monde animal auquel il appartient essentiellement. Il y a deux millénaires, la Bible a posé le principe d’un humain régnant sans pitié sur les animaux et les végétaux. Schopenhauer, Darwin, Freud ont dénoncé cette vision archaïque du vivant absolument catastrophique selon laquelle nous serions une création de Dieu à fortiori plus aboutie qu’aucune autre.
« L’homme s’éleva, au cours de son évolution culturelle au rôle de seigneur sur ses semblables de race animale. Mais, non content de cette prédominance, il se mit à creuser un abîme entre eux et lui-même. Il leur refusa la raison et s’octroya une âme immortelle, se targua d’une descendance divine qui lui permettait de déchirer tout lien de solidarité avec le monde animal. Nous savons tous que les travaux de Charles Darwin, de ses collaborateurs et de ses prédécesseurs ont mis fin à cette prétention de l’homme voici à peine un plus d’un demi-siècle. L’homme n’est rien d’autre, n’est rien de mieux que l’animal, il est lui-même issu de la série animale. Ses conquêtes extérieures ne sont pas parvenues à effacer les témoignages de cette équivalence qui se manifestent tant dans la confirmation de son corps que dans ses dispositions psychiques. C’est là cependant la seconde humiliation du narcissisme humain : l’humiliation biologique. » Sigmund Freud 1917
« Je ne doute pas que la race humaine, en son graduel développement, n’ait entre autres destinées celle de renoncer à manger des animaux, aussi sûrement que les tribus sauvages ont renoncé à s’entre-manger dès qu’elles sont entrées en contact avec de plus civilisées. » Henry David Thoreau
Nous agissons aujourd’hui avec l’élevage comme nous le faisions jadis avec l’esclavage. Il y a 2 siècles, l’esclavage était la norme. Nous l’aurions sans doute pratiqué nous-même à l’époque car même si l’esclavage était très difficile à justifier, tout le monde s’y conformait. L’exploitation et l’esclavage s’appuient sur les mêmes mécanismes pour asservir des êtres sensibles et intelligents. Les animaux comme les esclaves sont des choses, privés de liberté, dont les besoins élémentaires sont négligés, leur intelligence moquée, leur identité niée, ne sont pas considérés comme des êtres sensibles qui méritent de vivre et de ne pas souffrir. Les arguments pour perdurer l’exploitation animale sont les mêmes qu’utilisaient ceux qui prônaient l’esclavage : c’est une tradition, c’est naturel, sans nous ils ne survivraient pas, … Deux commerces qui reposent sur le mensonge et la dissimulation.
Les animaux que nous élevons ne parlent pas notre langue et nous nous arrangeons pour ne pas entendre ce qu’ils expriment. Si ces animaux pouvaient décrire avec nos mots leur douleur, leur tristesse, leur angoisse, leur envie de vivre, s’ils pouvaient hurler qu’ils désirent être libres, jouer avec leurs congénères, rester près de ceux qu’ils affectionnent, s’ils pouvaient nous dire tout cela avec notre vocabulaire d’humains, comment oserions-nous continuer à les maltraiter et à les assassiner de la sorte ?
L’exploitation animale, comme l’esclavage, repose sur la motivation financière. L’élevage fait vivre près de 1,5 milliard de personnes dans le monde, représente 65 milliards d’euros de chiffre d’affaire en France, emploie 200.000 employés dans la compagnie Brésilienne JFS qui frôle un CA de 40 milliards de dollars… L’argent est la cause essentielle du calvaire des animaux. Les éleveurs d’animaux sont devenus eux-mêmes esclaves de l’industrie alimentaire et c’est dans cette profession qu’on relève le plus haut taux de suicide. Une activité déshumanisante. La fabrique de la viande est une fabrique à monstres. Et paradoxalement, le secteur de l’élevage est le secteur le plus nuisible pour l’environnement : consommation d’eau (pour produire 1 kg de bœuf, il faut 15000 litres d’eau, 3000 litres d’eau pour 1 kg de riz), pollution de l’eau, surpâturage, perte de biodiversité, pollution de l’atmosphère, appauvrissement des sols, raréfaction des terres (¾ des terres agricoles servent à la production animale) …
Antispéciste comme Superman
La crise profonde que nous traversons en Europe n’est pas une crise d’origine économique mais d’origine morale. L’un des crimes de notre civilisation est d’avoir falsifié l’idée de bonheur. Ni le succès, ni l’argent, ni la célébrité ne vaccinent de la mélancolie de vivre. Le bonheur ne s’achète pas et les choses que nous accumulons nous rendent esclaves d’elles.
Henry David Thoreau a été un rebelle. Cet américain né en 1817 dans le Massachusetts à Concord a défié les institutions et la bienséance au mépris de la réussite professionnelle. Il peut être considéré comme le premier écologiste de l’ère moderne ayant su mettre ses actes en conformité avec ses convictions. La désobéissance civile, la sobriété, le respect de la nature, la révolution intérieure, la solitude salutaire…
Un révolté qui appelait à la résistance individuelle face aux politiques ineptes. Pour Thoreau, la vraie démocratie est celle de la justice et de la vérité, deux notions qui ne sont pas garanties par les gouvernements. Les révolutions sont pour lui l’œuvre d’individus prêts au sacrifice au nom d’une conscience qu’ils ne doivent jamais abandonner au législateur. « Nous devons être des hommes d’abord, des sujets ensuite. Le respect de la loi vient après celui du droit. La seule obligation que j’aie le droit d’adopter, c’est agir selon ce qui me paraît juste ».
Ainsi, dans notre société actuelle qui privilégie le statut de consommateur à celui de citoyen, il nous appartient de transformer chacun de nos actes d’achat en bulletin de vote. Devenir végétarien est un acte politique et révolutionnaire qui permet à celui qui s’en revendique d’éprouver son pouvoir d’être humain responsable. C’est un acte de désobéissance pacifique et révolutionnaire. Elevez-vous contre la mort imposée dans vos assiettes.
Superman est un héros éthique qui nous enseigne l’empathie et le besoin de se soucier de l’autre. Il tient ses super-pouvoirs de l’énergie solaire. Ce héros « écologiste » incarne l’opposition de la nature apaisante face à l’urbanité déshumanisante et nous enseigne l’amour du vivant.
Pour une écologie essentielle et une biodémocratie
Moins produire, moins se reproduire, mieux se conduire !
L’antispécisme ne s’arrête pas au monde animal, c’est un des champs d’application de l’écologie essentielle, laquelle vise à repenser complètement la communauté qui compose la société.
« Gérer les ressources naturelles a toujours été difficile, depuis que l’homo sapiens, il y a environ 50.000 ans a commencé à faire preuve d’une inventivité, d’une efficacité et de techniques nouvelles. Depuis la première colonisation humaine du continent australien il y a environ 46.000 ans, qui eut pour conséquence la rapide extinction de la plupart des marsupiaux géants et des autres grands animaux, toute colonisation humaine d’un espace massif n’ayant jamais connu l’humain a toujours été suivie d’une vague d’extinctions des grands animaux qui n’avaient pas développé la peur de l’humain et qu’il était facile de tuer, ou qui n’ont pas survécu à des modifications dans l’habitat, à l’introduction d’espèces nuisibles et aux maladies liées à l’arrivée de l’homme. » Jared Diamond – Effondrement
« Les parallèles que l’on peut établir entre Pâque et l’ensemble du monde moderne sont d’une dramatique évidence. En raison de la mondialisation, du commerce international, des vols internationaux et d’internet, tous les pays du monde partagent aujourd’hui des ressources et interagissent, tout comme le faisait la douzaine de clans de l’île de Pâques. L’île polynésienne était tout aussi isolée dans l’océan Pacifique que la Terre l’est aujourd’hui dans l’espace. Voilà pourquoi l’effondrement de la société de l’Ile de Pâques est comme une métaphore, un scénario du pire, une vision de ce qui nous guette peut-être. » Jared Diamond – Effondrement
Conclusion
L’antispécisme réclame le respect de l’autre dans ses différences. Ce mouvement est celui qui combat l’injustice, qui cherche à donner du sens à l’existence. Il est un des piliers de l’écologie essentielle qui permettra de réconcilier l’homme, l’animal, la nature.
Laurence de Vestel – février 2017 ©Oltome.com
Si vous êtes sensibilisé à la cause animale, vous aimerez :
Plaidoyer pour les animaux de Matthieu Ricard
L’animal est une personne de Franz-Olivier Giesbert
Comment j’ai arrêté de manger les animaux de Hugo Clément
« Antispéciste » m’a rendu Aymeric Caron très sympathique ! Son franc-parler est utilisé à très bon escient. Il y va fort et c’est efficace !
Aymeric Caron est le journaliste français qui combat ouvertement pour obtenir le respect des animaux. Il n’hésite pas à dénoncer le dévoiement de l’écologie politique. Il ose affirmer que la vie d’une vache est aussi précieuse que la nôtre. J’en suis intimement convaincue. Notre vie a d’ailleurs même moins de valeur qu’un ver de terre. Sans lui, nous ne survivrions pas. L’inverse n’est pas vrai.