Résumé du livre de Bertrand Piccard « Changer d’Altitude
Une des plus grandes causes de frustration de l’existence est de vouloir rendre le présent différent de ce qu’il est. La vraie liberté consiste à utiliser toutes les circonstances de la vie comme facteurs de transformation personnelle.
PIONNIERS DES VENTS DE LA VIE ?
Certains événements de la vie surviennent tels des vents plus ou moins turbulents. Face à notre peur de leurs imprédictibilités, nous nous sommes construis une zone de confort faite de routines, d’habitudes, de croyances, de certitudes qui nous servent d’oeillères. Pour éviter de voir les interrogations que la vie soulève, nous faisons comme si tout dépendait de nous : nous contrôlons, luttons, et résistons sans cesse à ce que la vie apporte. Nous sommes devenu prisonniers, non des vents de la vie, mais de notre façon de penser.
CONTRÔLER… MAIS QUOI ?
Notre software personnel est programmé pour nous faire réagir de façon automatique. Plutôt que de vouloir contrôler les vents de la vie, c’est la conscience de nous-mêmes et de notre monde extérieur que nous devons travailler. Nous ne sommes pas responsables de ce que nous fait subir la vie mais nous sommes responsables de notre manière d’agir et de ce que nous allons faire de la situation. Seul le travail sur la conscience de soi et de l’ici et maintenant, sur la concentration, sur la relaxation, sur sa capacité à se sentir exister, peut nous recentrer, nous offrir la capacité de recul et nous rendre performant.
Sauter dans le monde de l’imprévu et des sensations c’est risquer de changer le personnage artificiel que nous nous sommes construis pour tenir debout dans l’existence. C’est au plus profond de cette sensation d’exister, que la rupture avec la routine et nos croyances peut nous offrir force, performance, bonheur, grâce, et éveil.
MIEUX FONCTIONNER SANS CONTRÔLE ?
Plutôt que de nous battre contre les problèmes, apprenons à nous frayer un chemin à travers les vents de la vie. L’aventure permet d’apprivoiser l’inconnu, de démystifier la perte de contrôle et de retrouver des émotions rarement éprouvées dans la vie quotidienne pour rentrer dans une relation intime et authentique à soi-même qui nous donne le sens de notre vie.
STRESS OU FATALISME ?
Les choses ne se déroulent rarement comme nous l’avions pensé. Nous dépensons 100% de notre énergie pour n’en maîtriser que 20%… Le 80% restant s’appelle le stress. Marc Aurèle disait : « Mon Dieu, donne-moi la force de changer ce qui peut l’être, le courage d’accepter ce qui ne peut pas l’être, et la sagesse pour distinguer l’un de l’autre. »
COMMENT LÂCHER DU LEST ?
Pour changer les situations qui peuvent l’être, changeons d’altitude pour adopter une meilleure direction. Lâchons du lest, en passant par dessus bord tout ce qui nous alourdit. Nos réactions spontanées sont bien souvent le reflet du conditionnement automatique. Envisageons systématiquement tout le contraire de ce que l’on nous a appris pour nous permettre d’augmenter notre liberté de penser, notre créativité, notre curiosité intellectuelle. La vraie liberté consiste à pouvoir tout penser. Le chercheur de vérité doit avoir l’esprit de pionnier et avoir la volonté d’admettre qu’en tout temps, il a peut-être tort. Nos valeurs les plus chères n’ont de sens que si nous avons envisagé de les trahir. On ne peut être pleinement moral que quand nous avons eu l’occasion d’être immoral et d’avoir choisi cette voie-là. Le reste n’est que théorie bien pensante mais coupée de la réalité de la vie.
QUELLE REALITE ?
Nous fabriquons les autres par projection en raison de nos peurs de souffrir et de nos espoirs. Lorsque chacun projette sur l’autre ce qu’il pense qu’il est, le dialogue consistera en deux monologues. Chacun réagit à une altitude différente. Une relation, ça se construit. Il importe moins de savoir ce que pense l’autre que pourquoi il le pense. 1+1 devrait être égal à trois : chacun excelle en fonction des compétences complémentaires offertes par l’autre pour former un troisième.
Trois règles de communication :
- Parler de son ressenti. « Je n’aime pas la barbe » et pas « La barbe, ce n’est pas beau ». Ne pas se battre pour des impressions subjectives.
- Partager ses expériences : partager notre avis sur base de l’expérience sur laquelle il se fond est important.
- Il y a autant de réalités que d’individus. Pour que le message puisse être compris de la même manière par les interlocuteurs, il existe 3 outils précieux : la métaphore, le recadrage et la méta-communication.
L’HYPNOSE, TECHNIQUE OU PHILOSOPHIE ?
L’hypnose consiste à créer une faille dans le système intellectuel d’une personne pour court-circuiter son fonctionnement automatique et son besoin de tout contrôler. La mise en hypnose requiert que la personne puisse s’ancrer dans sa « safe place ». En hypnose, notre monde intérieur devient notre sujet de concentration. La personne se dissocie en deux parties : celle qui vit l’expérience et l’autre qui observe celle qui vit l’expérience. S’observer en état dissocié va augmenter notre conscience de nous-mêmes et la découverte de nos ressources intérieures. « La prochaine fois que vous courez, passez en revue toutes les parties de votre corps pour surprendre celles qui sont crispées. Continuez à courir en détendant ces parties de votre corps et remarquez comment elles sont dissociées les unes des autres. Remarquez comme une dissociation est facile et agréable à créer ».
L’hypnose permet un travail thérapeutique rapide et efficace. Non pour comprendre l’origine de nos problèmes mais pour changer. Le patient se sent rapidement mieux sans en comprendre la raison. En psychanalyse, il peut continuer à aller mal en comprenant pourquoi. En hypnose, disparaît la fausse idée que le thérapeute guérit son patient. Le patient a des qualités propres qu’il est arrivé à faire émerger par lui-même.
Les régressions permettent de soigner les séquelles d’une enfance malheureuse ou traumatisante en renforçant l’enfant intérieur de la personne. Décortiquer le moindre instant d’un accident permet une acceptation consciente de l’événement et la démystification des faits pour les dissocier du vécu émotionnel. Quant aux progressions dans le temps, elles permettent de corriger la tendance à projeter des problèmes dans l’avenir sans projeter les solutions pour les résoudre. Le travail ne consiste pas à imaginer le but mais de visualiser le chemin pour l’atteindre.
A QUOI SERVENT LES CRISES ?
Un peu de stress peut stimuler nos ressources intérieures. Trop de stress peut nous faire basculer. Au fond du trou, la personne a trois choix : y rester, retrouver l’équilibre perdu, gagner en compétence pour remonter plus haut.
Posons nous ces 5 questions : 1. A quelle altitude me trouvais-je avant la crise et dans quelle direction allais-je ? 2. Où suis-je maintenant et quelle est ma direction ? 3. Dans quelle autre direction aimerais-je que la vie m’emmène ? 4. Quelle altitude dois-je atteindre pour cela ? 5. Quel lest (convictions, habitudes, croyances…) faut-il passer par-dessus bord ?
L’essentiel est de prendre conscience que si nous nous trouvons dans cette situation, c’est que quelque chose manquait et que nous allons travailler afin de l’obtenir pour mieux fonctionner qu’avant. La routine endort, alors que la crise réveille ! Les plus beaux cadeaux peuvent nous être offerts dans des emballages affreux qui ne donnaient pas l’envie de les ouvrir !
Y A-T-IL UNE PEDAGOGIE DE L’EPREUVE ?
Pour la plupart des médecins, la souffrance est un désordre indésirable à éliminer au plus vite et rares sont ceux qui la considèrent comme une crise évolutive normale et nécessaire. La maladie nous fait réaliser bien souvent que nous n’avons pas perdu l’idée de la spiritualité : nous avions perdu l’état de connexion et de conscience de ce qui nous relie à l’essentiel. Des douleurs physiques ou psychiques ont bien souvent débouché sur des vies spirituelles intenses. Malheureusement, les médecins ne sont pas formés à laisser une place suffisamment importante à la vie spirituelle de leurs patients. La souffrance leur fait peur aussi !
RELIGION OU SPIRITUALITE ?
Un verset du Tao dit : « Le tao qui peut être nommé n’est pas le Tao ». La religion tente de donner des réponses à toutes les questions. La spiritualité fait poser des questions qui n’ont pas forcément de réponses. Notre monde n’existe que par la dualité : jour nuit, blanc noir, bien mal… La dualité fait partie intégrante de notre existence terrestre. Ne pas l’accepter fera passer notre vie à chercher une pièce de monnaie à une face. Ne perdons pas notre temps à vouloir supprimer le mal mais cherchons le moyen de nous en libérer. Lorsqu’il nous est donné de deviner l’existence d’un plan supérieur, nous connaissons un instant de grâce, une brève illumination de ce que devrait être notre état permanent. Un profond travail sur soi consiste à prolonger ou à retrouver cet état de grâce de manière à pouvoir créer en soi le désir d’être l’aventurier de notre vie. Un travail qui renforce le lien entre la question sans réponse sur l’existence et notre sensation d’exister en nous-mêmes. Nous devons savoir qu’au-delà de notre vie habituelle se trouvent d’autres portes que nous pouvons pousser pour poursuivre notre chemin et nous élever.
Y A-T-IL UN AUTRE MONDE ?
L’être humain se situe entre la matière la plus dense avec son corps et l’énergie la plus pure avec son psychisme ou son âme. Nous avons besoin des deux pour exister, de matière et d’énergie. Nous existons probablement dans un monde supérieur en énergie pour nous matérialiser dans un corps. L’état énergétique le plus pur serait le paradis comme un état de conscience de bien-être absolu qui n’a pas été altéré par la dualité. Sur Terre nous sommes composés de deux pôles : un pôle matière physique et palpable et d’un pôle énergie, invisible et impalpable. Le bien et le mal découleraient dans la vie de notre choix de privilégier l’esprit ou la matière, du paradis ou de l’enfer. Nous devenons ce que nous pensons !
Goethe disait : « Au moment où l’on s’engage totalement, la Providence éclaire notre chemin. Une quantité d’éléments sur lesquels l’on ne pourrait jamais compter par ailleurs contribue à aider l’individu. La décision engendre un torrent d’événements et l’individu peut alors bénéficier d’un nombre de faits imprévisibles, de rencontres, et du soutien matériel que nul n’oserait jamais espérer». Restons ouverts aux synchronicités, ces instants magiques où nous pouvons nous sentir accompagnés en ne voyant personne. Nous sommes régis par des lois qui nous dépassent et dont la perception augmente notre conscience au lieu de limiter notre liberté.
Laurence de Vestel, Avril 2015 – ©Oltome.com
« Changer d’altitude »… Bertrand Piccard en connaît un bout ! Son grand-père est le premier à avoir volé au-dessus de la stratosphère. Son père est le premier à avoir plongé en scaphandre au plus profond des mers. Bertrand Piccard est devenu psychiatre et « savanturier »! En outre, il est le premier à avoir fait le tour du monde en ballon, et le premier à entreprendre le tour du monde avec Solar Impulse, le premier avion solaire capable de voler jour et nuit sans carburant ! Bertrand Piccard nous propose avec brio de transposer ses connaissances en matière de changement d’altitude dans les airs extérieurs aux changements d’altitude à effectuer face aux vents de la vie intérieure sur lesquels nous avons prise. « Plutôt que de vouloir contrôler les vents de la vie, c’est la conscience de nous-mêmes et de notre monde extérieur que nous devons travailler »… C’est cela changer d’altitude !
Changer d’altitude pour mieux vivre sa vie
Goethe disait : « Au moment où l’on s’engage totalement, la Providence éclaire notre chemin. Une quantité d’éléments sur lesquels l’on ne pourrait jamais compter par ailleurs contribue à aider l’individu. La décision engendre un torrent d’événements et l’individu peut alors bénéficier d’un nombre de faits imprévisibles, de rencontres, et du soutien matériel que nul n’oserait jamais espérer».