« Prenons par exemple un film : il est formé de milliers d’images individuelles, chacune d’elles est chargée de signification ; or, on ne comprend pas le sens du film tant qu’on n’en a pas vu la fin et avant d’avoir saisi le sens de chacune de ses composantes et de chaque image. N’en est-il pas ainsi dans la vie ? Le sens final de la vie ne se révèle-t-il pas seulement à la fin ? Ce sens ultime ne dépend-il pas du fait que le sens potentiel de chaque situation a été ou non actualisé au meilleur de la connaissance et de la foi de l’individu ? »
PARTIE I
Les expériences vécues par un psychiatre dans un camp de concentration
Le Dr Viktor Frankl a passé 3 ans dans les camps de concentration, Auschwitz et ensuite Dachau. Il fait le récit non pas de la liste interminable des atrocités nazies mais celui des petits tourments infligés jour après jour à des êtres humains. De ce que fut cette lutte acharnée de tous les jours pour se maintenir en vie. De ce qui a permis à quelques individus de survivre, d’avoir pu dire oui à la vie en dépit d’atrocités.
Il constate qu’un individu enfermé dans un camp de concentration passe par trois phases psychiques. La première période correspond à celle du choc psychologique. Phase pendant laquelle chaque prisonnier finit par s’habituer à tout sans que personne ne puisse dire comment. La deuxième phase est celle dans laquelle le prisonnier sombre dans l’indifférence, l’insensibilité aux émotions. Une mort émotionnelle qui constitue une coquille dans laquelle le prisonnier pouvait se réfugier chaque fois que cela était nécessaire. Ensuite vient la troisième phase, celle qui suit la libération, pour quelques élus seulement… Qu’est ce qui leur a permis de donner un sens à leur vie en dépit de tous ses aspects tragiques ?
On peut tout enlever à un homme sauf sa capacité à décider de sa conduite, quelles que soient les circonstances dans lesquelles il se trouve. Ce que devenait le prisonnier était le résultat d’une décision intérieure et non celui des circonstances auxquelles il était soumis. Dostoeïvski a dit : « Je ne redoute qu’une chose : ne pas être digne de mes souffrances ». C’est cette liberté qui donne un sens à la vie. Seuls quelques prisonniers surent préserver leur liberté spirituelle. Ces seuls exemples suffisent à démontrer que l’être humain peut transcender son sort.
L’homme ne peut vivre sans penser à l’avenir et c’est cela qui le sauve dans des moments difficiles. Le prisonnier qui ne trouvait plus aucun sens à sa vie et qui ne croyait plus en l’avenir était perdu et condamné. En perdant cette foi, il perdait sa spiritualité. Etre privé d’espoir peut avoir un effet dévastateur ou même mortel.
L’important n’est pas tant ce que nous attendons de la vie que de ce qu’elle attend de nous. Notre responsabilité dans la vie consiste à trouver les bonnes réponses aux problèmes qu’elle nous pose, à nous acquitter honnêtement des tâches qu’elle nous assigne. Si le destin d’un homme est de souffrir, sa tâche devient celle d’assumer cette souffrance. Il est seul et unique au monde. Personne ne le soulagera de ses peines ou ne les endurera à sa place. Sa chance unique réside dans la façon dont il portera son fardeau. Lorsqu’il se rend compte à quel point il est irremplaçable, un homme devient conscient du fait qu’il est responsable de sa vie. Un homme qui réalise l’ampleur de la responsabilité qu’il a envers un être humain qui l’attend ou vis à vis d’un travail qui lui reste à accomplir, ne gâchera pas sa vie. Il connaît le « pourquoi » de sa vie et pourra supporter tous les « comment » auxquels il sera soumis.
La plupart des survivants des camps de concentration n’étaient pas préparés à la tristesse de leur retour. Ce foyer, ce conjoint tant rêvé et tant recréé dans son imagination n’était souvent plus là. L’expérience la plus forte et la plus exaltante pour l’homme qui rentre chez lui après avoir vécu ces souffrances inoubliables est le sentiment merveilleux qu’il n’a vraiment plus rien à craindre, excepté son Dieu.
PARTIE II
La logothérapie en bref
La logothérapie s’intéresse à l’avenir. Elle aide le patient à sortir des cercles vicieux et des mécanismes de défense qui jouent un si grand rôle dans le développement des névroses et à lui faire prendre conscience de ses raisons de vivre cachées, de ce qu’il désire vraiment dans la profondeur de son être. La logothérapie se différencie de la psychanalyse dans la mesure où elle considère que l’être humain cherche avant tout à donner un sens à sa vie plutôt qu’à satisfaire ses besoins et ses instincts (principe de plaisir) ou à s’adapter à la société et à son environnement (volonté de puissance).
La personne qui cherche un sens à sa vie souffre de détresse existentielle mais non d’une maladie mentale ! La santé mentale est fondée sur un certain degré de tension entre ce nous avons déjà réalisé et ce qu’il nous reste à réaliser. Sur la différence entre ce qu’on est et ce qu’on devrait être. L’humain a besoin de cette tension pour tendre vers un but valable, de réaliser une mission librement choisie.
La plupart des personnes sont hantées par le vide existentiel. Ce vide existentiel est du à la perte des instincts et des traditions qui auparavant dictaient la conduite d’un individu. En être atteint, c’est perdre toute motivation de vivre. Le vide remplace le plein de vie. Le vide existentiel peut prendre différents aspects : la recherche de pouvoir et d’argent ou de plaisirs sexuels remplace la recherche du sens à la vie.
La personne ne devrait pas demander quelle est sa raison de vivre mais reconnaître que c’est à elle que la question est posée. Chaque personne fait face à une question que lui pose l’existence et elle ne peut y répondre qu’en prenant sa vie en main. La logothérapie considère la responsabilité comme l’essence même de l’existence humaine.
Chacun doit choisir ce dont il veut être responsable, envers quoi ou envers qui. Le logothérapeute s’apparente davantage à l’ophtalmologiste qu’au peintre : le peintre essaie de nous montrer le monde tel qu’il le perçoit, l’ophtalmologiste le montre tel qu’il est réellement. Il ne prend pas la responsabilité de faire les choix à la place du client, il l’aide à trouver cette raison à l’extérieur plutôt qu’à l’intérieur de lui-même : la vie d’un être humain est dirigée vers quelque chose ou quelqu’un. Plus on s’oublie, plus on est humain, plus on se réalise.
Le sens de la vie peut se découvrir de trois façons différentes. Par l’accomplissement d’une œuvre ou d’une action. Par l’expérience de l’amour. Par son attitude face à la souffrance : sa capacité à transformer une tragédie personnelle en victoire, à l’assumer pleinement et dignement.
L’homme est prêt à souffrir si sa souffrance a un sens. Notre philosophie actuelle sur la santé mentale insiste sur la nécessité d’être heureux et considère la tristesse comme un signe d’inadaptation. Ce système ajoute peut-être au poids d’une tristesse inévitable celui de la tristesse d’être triste. Celui qui souffre est non seulement malheureux mais il est en plus condamné à avoir honte de l’être. La personne qui reste pleinement consciente de la richesse de son passé, sait qu’il contient la réalité du travail accompli, de ses amours vécues mais aussi de ses souffrances bravement affrontées dont elle peut être fière même si elles ne peuvent pas inspirer l’envie.
Tout comme la peur provoque exactement ce dont on a peur, le désir excessif rend impossible à obtenir ce que l’on désire à tout prix. Cette intention excessive s’observe particulièrement dans les cas de problèmes sexuels. Une des techniques de la logothérapie, « l’intention paradoxale », se fonde sur le double fait que la peur provoque l’effet que l’on appréhende et que l’hyper intention empêche la réalisation du désir. L’intention paradoxale consiste à renverser l’attitude du patient en transformant sa peur en un désir paradoxal. Pour guérir celui qui souffre de la peur d’insomnie qui crée une hyper intention de dormir qui le tient éveillé… demandez-lui de rester éveillé le plus longtemps possible. Ainsi le patient peut se détacher de lui-même (de même que le permet le sens de l’humour). Dès que la personne cesse de lutter contre ses obsessions et essaie de les ridiculiser en appliquant le procédé de l’intention paradoxale, elle brise le cercle vicieux et le symptôme s’atténue.
Chaque être a le choix d’accepter les conditions qui l’entourent ou de s’y opposer. Il façonne sa vie à chaque moment. A tout moment, l’être humain possède la liberté de choisir, pour le meilleur ou pour le pire, quel sera le moment de son existence. La liberté doit être exercée avec responsabilité. « Dans les camps, disait le Dr Viktor Frankl, nous avons vu des hommes se comporter comme des porcs et d’autres comme des saints. L’être humain possède en lui deux potentiels. C’est lui qui décide lequel il veut actualiser indépendamment des conditions qui l’entourent. Notre génération est réaliste, car elle a appris à connaître l’être humain tel qu’il est vraiment. L’homme a inventé les chambres à gaz d’Auschwitz, mais c’est lui aussi qui y est entré, la tête haute et une prière aux lèvres. »
« Découvrir un sens à sa vie avec la logothérapie » et est un des plus beaux livres sur le sujet. Un livre poignant et fondamental. Dans l’horreur d’Auschwitz, Viktor Frankl est confronté quotidiennement à la question qui va rester au coeur de son ouvrage : quels sens trouver à la vie pour nous donner l’envie, le courage de continuer ? « Découvrir un sens à sa vie »… un livre fondamental !
« Prenons par exemple un film : il est formé de milliers d’images individuelles, chacune d’elles est chargée de signification ; or, on ne comprend pas le sens du film tant qu’on n’en a pas vu la fin et avant d’avoir saisi le sens de chacune de ses composantes et de chaque image. N’en est-il pas ainsi dans la vie ? Le sens final de la vie ne se révèle-t-il pas seulement à la fin ? Ce sens ultime ne dépend-il pas du fait que le sens potentiel de chaque situation a été ou non actualisé au meilleur de la connaissance et de la foi de l’individu ? »
Chaque être a le choix d’accepter les conditions qui l’entourent ou de s’y opposer. Il façonne sa vie à chaque moment. A tout moment, l’être humain possède la liberté de choisir, pour le meilleur ou pour le pire, quel sera le moment de son existence. La liberté doit être exercée avec responsabilité. « Dans les camps, disait le Dr Viktor Frankl, nous avons vu des hommes se comporter comme des porcs et d’autres comme des saints. L’être humain possède en lui deux potentiels. C’est lui qui décide lequel il veut actualiser indépendamment des conditions qui l’entourent. Notre génération est réaliste, car elle a appris à connaître l’être humain tel qu’il est vraiment. L’homme a inventé les chambres à gaz d’Auschwitz, mais c’est lui aussi qui y est entré, la tête haute et une prière aux lèvres. »