Résumé de « Des jardins et des hommes » de Gilles Clément, Michael Lonsdale, Jean-Marie Pelt et Patrick Scheyder
« Le jardin nous rassemble tous, quels que soient notre culture, nos croyances ou nos métiers. C’est le lieu de paix active, où tous ceux qui le peuplent vivent en dialogue. » Patrick Scheyder
EXTRAITS….
GILLES CLEMENT – Jardinier paysagiste
- Aujourd’hui, on tue tout. Tout ce que l’on veut garder. Une démarche folle…
- On a accusé les écolos d’être des poètes idiots, des gens pas raisonnables, pas sérieux, pas crédibles et on récupère aujourd’hui leur contestation avec le greenwashing.
- Le jardin aujourd’hui est menacé par le marché. Cette loi qui dit : vous n’avez pas le droit. Le droit d’être autonomes, d’être libre. Vous n’avez pas le droit de récolter, vous devez acheter. Une mécanique qui fonctionne au bénéfice de 10% de la population du monde. Nous, Européens ne cessons d’obéir à une gouvernance désastreuse, meurtrière.
- Un bon jardinier se pose chaque jour la question : comment interpréter ce que la nature a inventé pendant la nuit ? Chaque matin, il remarque quelque chose qu’il n’a pas vu la veille.
- Jardiner aide à vivre. Les jardins partagés ont permis toutes sortes de rencontres et de relations harmonieuses entre les gens qui ne se côtoyaient jamais par ailleurs.
- Le jardin joue un rôle politique considérable. Nous ne sommes plus en démocratie. Les politiques n’ont plus le pouvoir : ils font les lois que les lobbies leur disent de faire. L’important, ce sont les petites actions qui surgissent un peu partout.
- La planète est un jardin pour trois raisons :
- Du fait du brassage planétaire : les humains, le vent, le courant, les oiseaux…
- La couverture anthropique : les hommes sont partout, les jardiniers sont partout.
- La Terre est comme un enclos : nous sommes soumis à la finitude de l’enclos.
« Le mot jardin signifie « enclos ». Sur Terre, les limites de la vie sont celles de la biosphère. Nous sommes soumis à la finitude de l’enclos. La vie se situe entre 10000mètres au-dessus du niveau de la mer et 8000 mètres en-dessous. On est dans un enclos, dans l’eau, il y a de l’eau en nous, de l’eau dans l’air, de l’eau dans les ruisseaux. On élimine l’eau qu’on boit, elle s’en va grossir les nuages, et d’eau qu’on a bue a été bue, par des plantes, des animaux, et par des humains avant nous. Nous nageons tous dans la même eau, c’est notre condition de partage. Et cette eau est comptée. Sous la forme liquide, gazeuse ou solide, c’est la même. Depuis de millions d’année, c’est la même. Ce recyclage fait le tour du monde. Lorsque l’eau s’évapore et forme un nuage, il est poussé par les vents et va retomber ailleurs… Il pleut sur la tête des riches et des pauvres de la même façon. C’est notre condition de partage et d’égalité obligés. Nous avons donc tous intérêt à faire attention à la façon dont on s’occupe de cette eau. D’où l’importance de cette notion de jardin planétaire. »
- Un jardin planétaire où la totalité des humains sont responsables comme jardiniers. Tous ne savent pas qu’ils jardinent mais le moindre geste que l’on accomplit chaque jour a une incidence sur ce qui se passe à côté, ailleurs et à l’autre bout du monde. Savoir cela met l’homme en responsabilité de son territoire.
- Le jardin, c’est l’idée du meilleur que l’on protège dans l’enclos.
JEAN-MARIE PELT – Biologiste
Jean-Marie Pelt a fondé en 1971, avec d’autres scientifiques, l’Institut européen d’écologie. Il a enfourché le cheval de l’écologie bien avant qu’elle ne devienne à la mode. Il a été pendant 12 ans maire-adjoint de Metz.
- Mon idéal, quand j’étais jeune, c’était la nature et le bon Dieu. J’ai hérité du pilier nature et du pilier spiritualité qui m’ont tenu pendant toute ma vie.
- J’aime les plantes. La beauté de la nature reflète la beauté du créateur. Les Grecs disaient, Dieu est beau. Bonté et beauté allaient ensemble.
- Dans la Bible, l’être humain a la responsabilité de « garder » la terre. Les mots « gardien » et « jardin » ont la même racine étymologique.
- Le jardin c’est le lieu où se développent les relations amicales. Un bon jardinier est qui connaît bien les amitiés des plantes et qui sait les utiliser à bon escient.
- La confiance dans le progrès s’émousse. On poursuit une course sans savoir où l’on va.
- On s’est acharné depuis un peu avant la Seconde Guerre mondiale à sélectionner des plantes qui sont des clones, toutes identiques, dont on vend les graines et qui ne se reproduisent pas. Je considère cette pratique comme un attentat à la nature. La nature donne des graines qui donnent une nouvelle plante qui donne des graines. On veut en finir avec cette loi naturelle pour des raisons économiques. Les grands semenciers veulent devenir les maîtres des plantes et obliger les paysans à acheter sans fin leurs semences. Ces procédés rejoignent les idées folles de la consommation à outrance qui rapporte beaucoup d’argent à certains. Le botaniste qui a obtenu une graine et qui veut la protéger doit commencer par prouver qu’il l’a clonée pour l’inscrire au catalogue national en payant cher. 75 % des variétés traditionnelles de plantes alimentaires ont été perdues au XXè siècle.
« Des jardins et des hommes« , est un ouvrage où 4 personnalités évoquent leur amour du jardin et ce que le jardin signifie pour eux. Contempler, récolter, préserver… quoi qu’il en soit, le jardin nous rassemble tous. Il nous faut cultiver notre jardin à l’extérieur pour en même temps cultiver le meilleur de nous-même à l’intérieur. Tout ce qui est en haut est bas, tout ce qui est dehors et dedans…
N’oublions pas que le jardin joue un rôle politique considérable. Nous ne sommes plus en démocratie. Les politiques n’ont plus le pouvoir : ils font les lois que les lobbies leur disent de faire. L’important, ce sont les petites actions qui surgissent un peu partout… Oui, la révolution sera potagère !