« C’est le plus bel endroit du monde ! Des endroits comme cela, il en existe beaucoup. Tout homme, toute femme, a dans son Coeur et dans son esprit l’image de l’endroit idéal, de l’endroit juste, de l’authentique chez-soi, connu ou inconnu, réel ou imaginé. Il n’y a pas de limite à la capacité qu’a l’homme de se sentir chez lui quelque part. »
Pour Edward Abbey, cet endroit, c’est Moab, pas la ville mais les environs, le désert de grès lisse, le pays des canyons en plein cœur de l’Utah. À la fin des années 1950, il y travaille plusieurs années du mois d’avril au mois de septembre comme ranger dans l’ « Arches National Monument » qui s’étendent sur plus de 33 milles acres. Il y vit solitaire dans une petite cabane où il a reçu un vieux pick-up de service et tout l’équipement nécessaire à entretenir cet endroit désolé, désertique et féérique. Son rôle est de veiller aux rares et courageux randonneurs venus s’aventurer dans les Arches après avoir parcouru plus de 30 km à pied pour y arriver. Il est le plus heureux des hommes dans ces paysages de toute beauté qui irradient l’air et dans lesquels il semble ne s’être rien passé depuis mille ans !
« Si un objet bizarre et fantastique né de la nature a un sens quelconque, il gît dans le pouvoir qu’ont l’étrange et l’inattendu, d’aiguillonner nos sens et de libérer d’un coup notre esprit des ornières de l’habitude, de nous ouvrir par la force à une conscience ressuscitée du merveilleux, de nous rappeler que, là-bas, il existe un monde différent, beaucoup plus vieux et plus grand que le nôtre, un monde qui entoure et soutient le petit monde des hommes comme la mer et le ciel entourent et soutiennent un navire. Le choc du réel. Un bref moment, nous sommes de nouveau capables de voir un monde de merveilles tel que le voit l’enfant. L’espace de quelques instants, nous découvrons que rien ne peut être pris pour acquis, car si cet objet fantastique issu de la nature est merveilleux, alors tout ce qui l’a façonné est merveilleux, et notre voyage ici sur Terre est la plus merveilleuses des aventures. »
« Les forêts, les canyons, les montagnes, les déserts, les océans, sont plus sacrés que nos églises. »
Nature sauvage : Wilderness, wilderness… ce mot à lui seul fait musique. Que confère tant de magnétisme à ce mot? Que veut-il vraiment dire? La « wilderness » évoque une nostalgie, une nostalgie justifiée et pas seulement sentimentale, la nature perdue que nos ancêtres connurent. Ce mot connote le passé et l’inconnu, le giron de la terre d’où nous sommes tous issus. Il dit quelque chose de perdu et quelque chose d’encore là, quelque chose de lointain et d’intime, quelque chose d’enfoui dans notre sang et dans nos nerfs, quelque chose qui nous dépasse, quelque chose d’infini. »
Mais un nuage noir se profile aux Arches après un million d’années d’abandon : il s’appelle Progrès. Le service des parcs qui avait été créé par le Congrès en 1916 avait pour objet de gérer les parcs et de les préserver de manière à ce qu’ils restent intacts pour les générations futures. C’en est fini. Aux Arches, comme au Grand Canyon, à Zion, Bryce Canyon… Les visages de ces parcs nationaux sont transformés du jour au lendemain. C’est ainsi qu’un jour, aux Arches où il était interdit de conduire un véhicule motorisé, Edouard Abbey voit débouler une jeep avec les logos du gouvernement sur les portières. Les trois hommes qui en descendent viennent lui annoncer fièrement la construction d’une grande route d’accès au Parc. Là où venaient quelques rares personnes aventurières pour profiter d’un peu de vie primitive loin de tout, aujourd’hui ce ne sont que des files serpentines de voitures qui s’y déversent et repartent de manière incessante. Edward Abbey reviendra sur les lieux une dizaine d’années plus tard. Très en colère, en rage, profondément amer, il décide d’écrire son livre pour témoigner de ce que fut ce paradis perdu et de la sauvagerie du monde.
« L’amour de la nature sauvage est plus qu’une soif de ce qui est toujours hors d’atteinte : c’est aussi une affirmation de loyauté à l’égard de la terre, cette terre qui nous fit naître, cette terre qui nous soutient, unique foyer que nous connaîtrons jamais, seul paradis dont nous ayons besoin si nous avions les yeux pour le voir. Le péché originel, le vrai péché originel, est la destruction aveugle par simple appât du gain de ce paradis naturel qui nous entoure, si seulement nous en étions dignes. »
« Le Paradis est l’ici et maintenant, la réelle et tangible présente terre sur laquelle nous tenons. »
« Si l’imagination de l’homme n’était si faible, si aisément épuisée, si sa capacité à s’émerveiller n’était pas si limitée, il apprendrait à voir dans l’eau, les feuilles et le silence plus qu’il n’en faut d’absolu et de merveilleux, plus qu’il n’en faut pour le consoler de la perte de ses anciens rêves. »
* (Extraits de Désert Solitaire)
Laurence de Vestel, Octobre 2015 – © Oltome.com
« Désert Solitaire »… mon livre culte ! Un livre que j’ai emporté par hasard dans ma valise en partant aux Etats-Unis. Je l’avais choisi pour son titre et sa couverture… C’est à Moab, dans les Arches que je l’ai ouvert sans savoir de quoi il parlait. Et c’était précisément l’histoire du rancher des Arches. Une vraie magie, une véritable émotion. Ce livre décrit le mot « Wilderness », « Nature Sauvage », comme aucun autre. « Désert solitaire » est archi recommandé pour les amoureux de la nature et ceux qui partent voyager dans l’ouest américain.
« C’est le plus bel endroit du monde ! Des endroits comme cela, il en existe beaucoup. Tout homme, toute femme, a dans son Coeur et dans son esprit l’image de l’endroit idéal, de l’endroit juste, de l’authentique chez-soi, connu ou inconnu, réel ou imaginé. Il n’y a pas de limite à la capacité qu’a l’homme de se sentir chez lui quelque part. »
Pour Edward Abbey, cet endroit, c’est Moab, pas la ville mais les environs, le désert de grès lisse, le pays des canyons en plein cœur de l’Utah. À la fin des années 1950, il y travaille plusieurs années du mois d’avril au mois de septembre comme ranger dans l’ « Arches National Monument » qui s’étendent sur plus de 33 milles acres. Il y vit solitaire dans une petite cabane où il a reçu un vieux pick-up de service et tout l’équipement nécessaire à entretenir cet endroit désolé, désertique et féérique. Son rôle est de veiller aux rares et courageux randonneurs venus s’aventurer dans les Arches après avoir parcouru plus de 30 km à pied pour y arriver. Il est le plus heureux des hommes dans ces paysages de toute beauté qui irradient l’air et dans lesquels il semble ne s’être rien passé depuis mille ans !
Le désert solitaire ou la « Wilderness » !
Nature sauvage : Wilderness, wilderness… ce mot à lui seul fait musique. Que confère tant de magnétisme à ce mot? Que veut-il vraiment dire? La « wilderness » évoque une nostalgie, une nostalgie justifiée et pas seulement sentimentale, la nature perdue que nos ancêtres connurent. Ce mot connote le passé et l’inconnu, le giron de la terre d’où nous sommes tous issus. Il dit quelque chose de perdu et quelque chose d’encore là, quelque chose de lointain et d’intime, quelque chose d’enfoui dans notre sang et dans nos nerfs, quelque chose qui nous dépasse, quelque chose d’infini. »
Mais un nuage noir se profile aux Arches après un million d’années d’abandon : il s’appelle Progrès.