« C’est au moment même où nous comprenons notre besoin absolu de la beauté sauvage du monde que nous la perdons. »
(Préface du livre de Edward Abbey « Désert solitaire ».)
Dans « Itinéraire d’un éco-guerrier », Doug Peacock nous parle de son combat pour la sauvegarde de la somptueuse Nature Sauvage. Doug a combattu durant tout sa vie pour l’écologie telle qu’il l’entend, avec rage et sur le terrain.
Il évoque les massacres des bisons, ces animaux qu’il considère comme la quintessence de l’animal américain. « Ces grandes hordes d’animaux totémiques ont fait raisonner le tonnerre de leurs sabots dans la conscience humaine depuis l’aube de notre espèce. » Il se pose cette question : « Pourquoi les bisons furent-ils si respectés et révérés pendant des millénaires par les peuples indigènes, alors que les immigrants européens les exterminèrent joyeusement en moins d’un demi-siècle ? » Sombre énigme…
Doug Peacock se remémore la guerre du Vietnam qui le marquera à vie, un cauchemar dont il mettra très longtemps à se libérer. Après le Vietnam, jamais plus il ne supportera la destruction de la beauté sauvage. « À partir du mois de mars 1968, j’ai appliqué la colère que j’avais accumulée en tant que soldat à la défense du monde sauvage, réalisant vaguement que le destin de la terre et de ses habitants dépendait d’une protection sans compromis des espaces naturels qui les habitaient… À la fin de l’année 1968, j’avais deux maîtresses aux antipodes l’une de l’autre : les grizzlys des Rocheuses du Nord, et le désert du Sud-Ouest. »
Doug Peacock parle de sa profonde amitié avec Edward Abbey (Voir « Désert Solitaire ») avec lequel il partageait la conviction que la nature sauvage est peut-être la dernière chose qui vaille d’être sauvée. Edward Abbey, mort en 1989, a été enterré illégalement dans le désert par Doug, avec 3 de ses meilleurs amis.
Lors de ses voyages dédiés à l’observation des animaux sauvages au Canada, Belize, Galapagos, Extrême-Orient russe, il réalise : « Bon sang, comment pouviez-vous croire que les humains étaient au centre du monde quand vous vous trouviez face à des reptiles venimeux, des grizzlis, des tigres, des lions, des jaguars, des ours polaires, en terrain neutre et sur un pied d’égalité ? » Lorsqu’il réalise lors ses escapades en solitaire : « La vie moderne m’avait étourdi les sens et rendu hermétique à l’univers auditif et olfactif des oiseaux et des insectes dont les messages ne parvenaient maintenant portés par chaque bouffée de brise. » Sa conscience aiguisée l’a rendu parfaitement végétarien.
Doug Peacock nous met en garde sur les dangers que représente la N.R.A. (National Rifle Association) par son influence et son pouvoir aux Etats-Unis, « qui croit pouvoir écraser tout le monde et dominer le débat politique ». La N.R.A, au nom de la sécurité publique, privilégie des chasseurs riches avides de tuer des animaux rares, en soutenant avec succès une loi autorisant l’usage de méthodes extrêmes pour tuer loups et grizzlys dans les refuges nationaux de l’Alaska. Ce soi-disant mouvement pour le droit des États est simplement animé par le désir de démanteler le patrimoine sauvage au profit de l’exploitation. En ce qui concerne l’usage des armes dans les contrées d’ours : « J’avais constaté que l’homme n’en n’avait pas besoin. Je continue aujourd’hui à croire que, sur un territoire habitée des ours, une arme à feu vous posera plus de problèmes qu’elle n’en résoudra.… De nombreuses victimes d’agressions ont eu la vie sauve en cessant de résister à l’attaque, on se détendant. Ce n’est pas un conseil facile à appliquer, mais il fonctionne.… Mon attitude a toujours été aussi peu agressive que possible : je restais parfaitement immobile, le regard tourner sur le côté, pas de face, en ouvrant les bras en grand pour paraître plus imposant, en parlant doucement à l’ours. » Il pose également cette question : « Comment justifiez-vous le fait de tuer un animal innocent à la stature exceptionnelle que vous n’avez pas l’intention de manger et qui ne vous a fait aucun mal ? Comme le dit Doug, « le fait que nous continuions à débattre de la chasse aux trophées montre l’étendue du chemin qu’il nous reste à couvrir pour cesser de piller la planète !
Doug nous fait part de ses inquiétudes concernant le réchauffement climatique qui s’est tellement accentué ces dernières années, que le combat semble perdu. Il nous pousse à réfléchir à la préservation de l’environnement et de la faune sauvage à tout prix. « Mon message principal se concentre sur le fait que les grandes étendues de nature sauvage sont ce dont les grizzlys, comme presque toutes les autres espèces de mammifères, ont le plus besoin pour survivre… Si la plupart des espèces d’animaux sauvages sont toujours susceptibles de figurer sur la liste des espèces menacées, c’est parce que les habitats disparaissent. Liste qui devrait inclure l’Homo Sapiens… Le changement climatique met en danger toutes les espèces, limitant la quantité de nourriture disponible pour tous les animaux… Le contact des hommes avec des animaux dans les habitats saccagés par la déforestation, victimes de surcharge et désormais fragilisé par le changement climatique fait constamment émerger des maladies zoonotiques mortelles, transmises à l’homme par des animaux tels que les chauves-souris, les chimpanzés, les oiseaux. Les zoonoses les plus effrayantes sont des virus à ARN, qui savent muter et s’adapter rapidement. La fragmentation et la destruction des habitats naturels qui poussent les hommes et les animaux avoir de plus en plus de contacts entre eux, fait de l’Homo sapiens l’appât idéal pour une pandémie.»
Doug nous met en garde : « Ce qui évolue ne perdure pas sans les conditions de sa genèse. » Il appelle chacun à rejoindre son combat : « Respectez cette résistance militante et acceptez pleinement la nécessité de la désobéissance civile. Ce qui est juste n’est pas toujours légal, et vice versa. N’excluez pas de vous faire arrêter par la police. »
Laurence de Vestel – ©oltome.com – juin2023
Magnifique livre qui nous invite fermement à tout faire pour préserver la sublime Nature Sauvage. Le livre est illustré par 80 photographies, souvent sélectionnés à partir de la collection personnelle de Doug Peacock, représentant la nature majestueuse et les animaux sauvages. Magnifique description de scènes d’une vie sauvage que nous ignorons. Doug Peacock est un éco-guerrier trop rare et d’une trempe exemplaire.