Résumé du livre d’Irvin Yalom, « Le jardin d’Epicure »
1. La blessure mortelle
Notre existence est à jamais assombrie par la certitude que nous grandirons, que nous nous épanouirons et inévitablement que nous déclinerons et mourrons. Epicure proclamait qu’à l’instar du médecin qui soigne le corps, le philosophe doit soigner l’âme. Pour soulager la souffrance humaine dont la cause profonde est notre peur omniprésente de la mort. Pour Irvin Yalom, affronter la mort permet d’aborder la vie d’une manière plus riche et plus humaine.
2. Reconnaître l’angoisse de mort :
« La mort est tout et elle n’est rien ».
Nous pouvons faire davantage que simplement diminuer l’angoisse de mort. La prise de conscience de la mort peut devenir une expérience révélatrice, un catalyseur puissamment utile pour effectuer des changements de vie majeurs.
3. L’expérience révélatrice
Dans «La mort d’Ivan Illitch » de Tolstoï, le héros prend conscience dans un moment de grande clarté « qu’il meurt de façon aussi épouvantable parce qu’il n’a pas vécu comme il l’aurait dû ». En se protégeant de la mort, il s’est protégé de la vie. Une expérience révélatrice peut provoquer un sursaut qui poussera à quitter le mode quotidien pour adopter le mode ontologique : la perte d’un être aimé, une maladie, une rupture, le départ des enfants, la retraite,…
4. Le pouvoir des idées
Epicure avait anticipé la notion contemporaine d’inconscient : il a souligné que les inquiétudes face à la mort ne sont pas conscientes chez la plupart des gens mais certainement inférées de manifestations cachées, comme la religiosité excessive, l’accumulation obsessionnelle de richesses, la poursuite du pouvoir et des honneurs…
Comment Epicure tenta-t-il de surmonter l’angoisse de mort ?
- La mortalité de l’âme : si nous sommes mortels et que l’âme ne nous survit pas, nous n’avons rien à craindre dans l’après. Nous n’aurons aucune conscience, aucun regret de la vie que nous aurons quittée, et rien à craindre des dieux.
- L’ultime néant de la mort : rien ne servirait de craindre la mort puisque nous ne pouvons jamais la percevoir. La mort et « moi » ne peuvent coexister.
- La théorie de la symétrie : cette théorie d’Epicure veut que notre état de non-être après la mort soit identique à celui qui était le nôtre avant la naissance.
Rippling ou l’effet de rayonnement. Le rippling consiste à laisser derrière soi une partie de l’expérience acquise au cours d’une vie : un trait de caractère, un exemple de sagesse, un avis, un acte de vertu, une parole de réconfort qui se transmet aux autres,… Le phénomène du rippling, de pouvoir créer quelque chose à transmettre aux autres afin de donner une nouvelle dimension à leur vie, peut transformer la terreur en une profonde satisfaction. Le rippling atténue la souffrance de l’impermanence en nous rappelant que quelque chose en chacun de nous perdure.
Les deux phrases de « granit » de Nietzsche : 1. Deviens qui tu es. Il faut vivre pleinement et puis alors, mourir sans regret. 2. Ce qui ne me tue pas me rend plus fort. Un arbre qui enfouit puissamment ses racines dans le sol et résiste aux tempêtes devient plus vigoureux et plus grand.
Pour Schopenhauer, seul compte ce qu’est un individu. Ni sa richesse, ni les biens matériels, ni le statut social, ni une bonne réputation ne garantissent le bonheur. Ce que nous possédons : les biens matériels sont des illusions. Ce que nous représentons : une grande partie de nos anxiétés et soucis trouvent leur cause dans l’opinion des autres. Seul ce que nous sommes importe vraiment : une bonne santé et une grande richesse intellectuelle permet d’avoir accès à une quantité illimité d’idées, à l’indépendance et à une vie morale.
5. Surmonter la peur de la mort par la relation aux autres
« Lorsque, enfin, nous réalisons que nous sommes en train de mourir et qu’il en est de même pour tous les êtres sensibles, nous commençons à éprouver le sentiment aigu, presque déchirant, de la fragilité et de la valeur inestimable que revêtent chaque moment et chaque être. Cette réalisation peut engendrer une compassion profonde, lucide et illimitée pour tous les êtres. » Sogyal Rinpoché.
La mort est notre destinée. Le désir de survivre et la peur de l’annihilation seront toujours présents. C’est une tendance instinctive qui a un effet capital sur notre manière de vivre. Ceux qui ne possèdent pas cette capacité à appréhender la réalité composent habituellement avec la mortalité en s’abritant derrière le déni, la diversion ou la transposition.
Pour Irvin Yalom, l’approche la plus efficace pour lutter contre l’angoisse de mort est l’approche existentielle. Notre besoin d’appartenir à un groupe est fondamental. Mourir, en revanche est un événement solitaire, le plus solitaire de toute une vie. Mourir vous sépare des autres mais vous expose également à une autre forme de solitude encore plus effrayante : la séparation d’avec le monde.
La solitude existentielle a pour origine un fossé infranchissable entre l’individu et son entourage. Ce fossé résulte non seulement du fait qu’il a été lâché seul dans l’existence et doit la quitter seul, mais aussi que chacun de nous habite un monde qui n’est connu dans sa totalité que de nous-mêmes. L’isolement existentiel est lié à la perte de votre vie biologique mais aussi de ce riche univers personnel, richement détaillé, qui n’existe sous cette forme dans l’esprit d’aucun autre. Et vous devez parcourir seul cette vallée solitaire.
L’empathie est l’outil le plus puissant dont nous disposons pour entrer en relation avec autrui. Vous ne pouvez avoir de relation étroite avec un mourant à moins d’accepter d’affronter vos propres craintes et de rejoindre l’autre sur un même terrain. Faire ce sacrifice pour l’autre est un véritable acte de compassion. Offrez votre simple présence, parlez avec votre cœur, dévoilez vos propres craintes. La révélation de soi joue un rôle crucial dans le développement de l’intimité.
6. La conscience de la mort
Pour Irvin Yalom, affronter la mort, chasse la tristesse. Comme le dit Charles Dickens : « Car, à mesure que j’approche de la fin, je décris un cercle qui me ramène de plus en plus près du commencement. Comme un forme d’apaisement et de préparation au départ. Alors m’atteignent au cœur tant de souvenirs qui étaient depuis longtemps endormis. »
7. Aborder l’angoisse de la mort
La thérapie existentielle procède du principe que nos tourments ont pour origine non seulement notre substrat biologique génétique, non seulement notre lutte avec des forces instinctives réprimées, non seulement l’influence intériorisée d’adultes névrosés ou indifférents, non seulement des bribes de souvenirs traumatiques oubliés ou des moments de la vie touchant notre carrière ou des personnes chères, mais aussi une confrontation avec notre propre vie.
Nous souffrons de notre inévitable confrontation avec la condition humaine, les données de l’existence. Nos quatre plus grandes préoccupations sont la mort, l’isolement, le besoin de sens et la liberté. La peur de la mort est la plus importante. « Je suis homme et rien de ce qui est humain ne m’est étranger » Térence. Nous affrontons tous la même terreur, la blessure de la mortalité, le ver au cœur de l’existence…
POSTFACE
Regarder la mort en face, avec un soutien, non seulement repousse la terreur, mais rend la vie plus émouvante, plus précieuse et plus vitale. En prenant conscience de notre condition humaine, nous en arriverons non seulement à savourer ce que chaque moment a de précieux comme le simple plaisir d’exister mais à accroître notre compassion pour nous-mêmes et pour l’ensemble des êtres humains.
« Le jardin d’Epicure » est un essai pénétrant et profond dans lequel Irvin Yalom évoque de manière toujours aussi élégante la question universelle de la mort. Nos quatre plus grandes préoccupations de la vie sont la mort, l’isolement, le besoin de sens et la liberté. La peur de la mort est la plus importante. Pour Irvin Yalom, il ne fait pas de doute qu’affronter la mort nous permet d’aborder la vie d’une manière plus riche et plus humaine. « Le jardin d’Epicure » nous invite à revoir nos priorités, à mieux communiquer avec nos proches, à apprécier davantage la beauté de la vie et à prendre les risques nécessaires à l’épanouissement personnel.