Résumé du « Le livre tibétain de la vie et de la mort » de Sogyal Rinpoché
LA VIE
- LE MIROIR DE LA MORT
En Occident, la mort dans le monde contemporain est envisagée comme une réalité à fuir, ou alors, on juge qu’il n’est pas nécessaire de s’en préoccuper. Sans foi en une vie après la mort, la plupart des gens mènent une vie dépourvue de toute signification ultime. Nous fuyons la vieillesse et la décrépitude et nous nous réfugions dans la jeunesse, le sexe et le pouvoir. Lorsqu’un proche se meurt, nous sommes complètement démunis quant à la façon de l’aider ou à songer à l’aider dans son avenir de personne défunte. La plupart des gens meurent non préparés à la mort, de la même manière qu’ils ont vécu non préparés à la vie !
Le voyage à travers la vie et la mort et le bardo. Le terme « bardo » désigne l’état intermédiaire entre la mort et la renaissance. Les bardos se produisent aussi bien durant la vie que durant la mort : ce sont des moments de passage où la possibilité de libération ou d’éveil se trouve considérablement accrue. Selon la perspective du bouddhisme tibétain, notre existence se divise en quatre réalités : la vie – le processus de la mort et la mort elle-même – la période après la mort – la renaissance. Si nous refusons d’accepter la réalité de la mort aujourd’hui, nous le paierons tout au long de notre existence, au moment de la mort et ensuite. Cette ignorance nous privera de la base même du voyage vers l’éveil et nous retiendra sans fin dans le royaume de l’illusion, dans cet océan de souffrance qu’est le samsara. Par contre, si nous nous préparons à la mort, elle sera vécue non comme une défaite, mais comme le couronnement de la vie.
- L’IMPERMAMENCE
La grande méprise est d’ignorer l’impermanence. La raison la plus profonde de notre peur de la mort est que nous ne savons pas qui nous sommes. Raison pour laquelle nous nous efforçons de remplir chaque instant de bruits, d’activités, de biens, d’objets dont nous finissons l’esclave. Notre temps et notre énergie s’épuisent à tout maintenir et à nous entourer d’un maximum de sécurité et de garanties. Cette « paresse active » nous assure de ne pas devoir se retrouver seul en compagnie de l’étranger que nous sommes pour nous-mêmes, de ne pas avoir le temps d’affronter les vraies questions ni l’angoisse d’une mort inévitable. Notre vie nous vit. Faire face à la mort c’est se rappeler avec calme que la mort est une réalité qui vient sans prévenir. C’est prendre la vie au sérieux en prenant simplement le temps de se demander : Qu’ai-je à accomplir dans ma vie ? Qu’ai-je compris de la vie et de la mort ? Réaliser l’impermanence c’est réaliser que la seule loi dans l’univers qui ne soit pas soumise au changement est que tout change ! Seul l’instant présent nous appartient. « Ma compréhension de la mort et de l’impermanence est-elle devenue si vive que je consacre chaque seconde de mon existence à la poursuite de l’éveil ? » Les seuls buts réellement valables de l’existence sont d’apprendre à aimer les autres et d’acquérir la connaissance.
- REFLEXION ET CHANGEMENT
Accepter la mort
Accepter la réalité de la mort entraîne une diminution de la peur qu’elle inspire, un souci accru d’aider les autres, une vue plus lucide sur l’importance de l’amour, un intérêt moindre pour les biens matériels, une spiritualité grandissante, un esprit ouvert à la croyance en l’après-vie.
Un changement au plus profond de notre être
Réfléchir sur l’impermanence permet de nous faire réaliser qu’à tout moment nous pouvons nous libérer de nos habitudes auxquelles nous pensions être enchaînés.
Le battement de cœur de la mort
Si nous nous coupons de la possibilité d’apprendre, nous nous fermons et commençons à nous attacher. L’attachement est la source de tous nos problèmes. L’idée de lâcher prise nous terrifie mais c’est le fait même de vivre qui nous terrifie. Apprendre à vivre, c’est apprendre se libérer de l’idée même d’une saisie, d’une croyance en la permanence et d’un attachement trompeur aux valeurs rassurantes sur lesquelles nous avons tout bâti. Nous réalisons que la douleur causée par l’attachement était inutile. Plus nous lâcherons prise, et plus nous aurons envie de continuer.
Travailler avec les changements
« Faites cette expérience : prenez une pièce et imaginez que c’est l’objet que vous voulez saisir. Tenez la serrée dans votre poing fermé et tendez le bras, la paume de votre main tournée vers le bas. Si vous relâchez le poing, vous perdrez ce à quoi vous vous accrochiez. C’est la raison pour laquelle vous saisissez. Mais il est une autre possibilité. Vous pouvez lâchez prise sans rien perdre pour autant : le bras toujours tendu tournez la main vers le ciel. Ouvrez le poing : la pièce demeure dans votre paume ouverte. Vous lâchez prise, et la pièce est toujours vôtre malgré l’espace qui vous entoure. » Dans les relations de couples, il existe une façon d’accepter l’impermanence tout en savourant la vie et sans s’attacher. « Qui veut lier à lui-même une Joie, de la vie brise les ailes. Qui embrasse la joie dans son vol, dans l’aurore de l’éternité demeure. » William Blake
L’esprit du guerrier
Les pertes et les déceptions nous font atterrir sur le sol de la vérité. Devenir un guerrier c’est être capable d’échanger notre poursuite mesquine de sécurité contre une vue plus vaste faite d’audace, de largeur d’esprit. Tomber est l’occasion de découvrir un refuge intérieur.
Le message de l’impermanence : l’espoir contenu dans la mort
« Si vous contemplez vraiment un arbre, vous constaterez qu’il se dissout en un réseau subtil de relations s’étendant à l’univers entier : la pluie qui tombe sur ses feuilles, le vent qui l’agite, le sol qui le nourrit, la lumière de la lune, des étoiles, du soleil, les saisons, le temps.. Tout cela fait partie de l’arbre, tout dans l’univers contribue à faire de l’arbre ce qu’il est. Il ne peut à aucun moment être isolé du reste du monde et à chaque moment, sa nature se modifie. Il en est de même pour tout, même pour nous. » Rien ne possède d’existence intrinsèque.
L’immuable
« Mais alors si tout change, qu’y-a-t-il de vrai ? Y a-t-il quelque chose qui survive à la mort ? » Il existe en nous quelque chose que rien ne pourra détruire ou altérer, et qui ne peut mourir. C’est ce que Milarépa appelle « la nature immortelle et infinie de l’esprit ».
- LA NATURE DE L’ESPRIT
« D’où viens-tu ? demanda une grenouille qui avait passé sa vie entière dans un puits humide et froid à une grenouille qui venait de la mer
-Du grand océan, répondit la grenouille de la mer.
- Il est grand comment ton océan ? – Il est gigantesque.
- Tu veux dire à peu près le quart de mon puits ? – Plus grand.
- Plus grand ? Tu veux dire la moitié ? – Non, encore plus grand.
- Est-il… aussi grand que ce puits ? – C’est sans comparaison.
- Impossible ! Il faut que je voie ça de mes propres yeux ! »
Elles se mirent en route toutes les deux.
Quand la grenouille du puits vit l’océan, ce fut un tel choc que sa tête éclata.
Nous avons tendance à croire que la petite cage étriquée et sombre que nous nous sommes fabriquée est la totalité de l’univers.
L’esprit et la nature de l’esprit
Sem est l’esprit qui pense, intrigue, désire, manipule. Rigpa est la nature même de l’esprit, son essence la plus profonde jamais affectée par le changement ou la mort. Rigpa est une conscience claire primordiale, pure, originelle, connaissance de la connaissance elle-même. « Bouddha » désigne toute personne qui s’est éveillée de l’ignorance et qui s’est ouverte à son vaste potentiel de sagesse. Bouddha était un être humain qui ne s’est jamais attribué de statut divin. Il savait qu’il possédait la nature de bouddha, et que tous les autres êtres la possèdent également.
Le ciel et les nuages
On peut comparer notre vraie nature au ciel, et la confusion de notre esprit ordinaire aux nuages. D’un avion en vol on peut découvrir qu’au dessus des nuages il existe un ciel pur illimité. Ces nuages qui semblaient occuper tout l’espace, apparaissent dès lors bien petits et bien lointains.
Les quatre erreurs empêchant de réaliser la nature de l’esprit dans l’instant :
- La nature de l’esprit est trop proche de notre propre visage
- Elle est trop profonde pour que nous puissions la concevoir
- Elle est trop simple pour que nous y croyions
- Elle est trop prodigieuse pour notre esprit puisse l’accueillir.
Tourner son regard vers l’intérieur et la promesse de l’éveil
Le but de l’entraînement bouddhiste est de se tourner vers la nature de l’esprit pour réaliser la vérité de la vie et nous libérer de la peur de la mort. La promesse de l’éveil s’adresse à l’ensemble de l’humanité. Nous avons tous la possibilité de devenir le « Bouddha ». Le pas le plus efficace pour y arriver est la méditation. La méditation purifiera peu à peu notre esprit ordinaire pour que nous puissions reconnaître notre vraie nature.
- RAMENER L’ESPRIT EN LUI-MEME
L’entraînement de l’esprit et le cœur de la médiation
La méditation ramène l’esprit en sa demeure. Au début, nait la prise de conscience que la nature de bouddha est notre essence la plus secrète. Au milieu, est la disposition d’esprit avec laquelle nous pénétrons au coeur de la pratique. A la fin, est la façon dont nous concluons la méditation, à qui nous dédions ses mérites.
La pratique de l’attention
Rester attentif à ses gestes les plus ordinaires, à ses mains qu’on lave, à ses pas lorsque l’on marche, permet aux divers aspects fragmentés de nous-mêmes de s’harmoniser, de désamorcer notre négativité, nos émotions négatives accumulées au cours de nos vies. Elle nous révèle notre Bon Cœur fondamental et que nous pourrons véritablement être utiles à autrui.
La grande paix naturelle
Libérer l’esprit de sa prison de la saisie dualiste. Se glisser doucement hors du nœud coulant de ce personnage anxieux qu’est le moi habituel et éveiller en soi la conscience profonde de la Vue Claire.
Les méthodes de méditation
La bonne posture permettra au corps et à l’esprit d’être reliés. Votre dos droit comme une pile de Louis d’or, les jambes croisées, la bouche ouverte, les mains posées sur les genoux, les yeux (portes de la lumière) ouverts pour permettre à votre regard d’être vaste comme l’étendue de l’océan et de ne pas bloquer ces canaux de sagesse. Laisser l’ouïe dans l’ouïe, la vue dans la vue sans permettre à la saisie dualiste d’infiltrer ses perceptions.
Trois méthodes de méditation
- Utiliser une statue placée à hauteur des yeux, laisser votre attention se poser doucement sur son visage et plus précisément sur son regard.
- Réciter un mantra a une force de paix, de guérison, de transformation et de protection incomparable. OM AH HUM VAJRA GURU SIDDHI HUM
- Observer la respiration. Le prana est appelé le véhicule de l’esprit car il insuffle à l’esprit sa mobilité. A chaque expiration, abandonner toute saisie. Entre chaque expiration et inspiration existe un intervalle naturel. S’y reposer. S’identifiez graduellement à sa respiration. Celui qui respire et l’acte de respirer deviennent un. La dualité s’évanouit.
Vous pouvez pratiquez un mixte de ces 3 pratiques.
L’esprit dans la méditation
Comme le dit ce proverbe : « Si l’on ne manipule pas l’esprit, il est spontanément empli de félicité, de la même manière que si on n’agite pas l’eau, elle est transparente et claire par nature ».
Le repos calme et la vision claire
Si vous êtes distrait ramenez simplement votre esprit au souffle. A mesure que l’on pratique, on se retrouve en train de reposer dans l’instant présent. La vision Claire (vispashyana) se révèle. Nous progressons vers la sagesse qui réalise le non-ego. L’égo s’est dissout et nous demeurons dans la nature de l’esprit, cet état libre de concept, d’espoir, de peur.
Les pensées et les émotions : les vagues de l’océan
L’océan et les vagues sont de même nature. Où vont les vagues qui se dressent ? A l’océan. D’où ces vagues viennent-elles ? De l’océan. Quelles que soient les pensées et les émotions qui se manifestent, laissez-les s’élever puis se retirer, telles les vagues de l’océan. Et soyez tel l’océan contemplant ses propres vagues.
La méditation dans l’action
Seule une pratique régulière peut permettre d’atteindre le calme de la nature de notre esprit et en prolonger l’expérience dans notre vie de tous les jours. Dans le quotidien, permettez à la sagesse, la compassion, l’humour, l’aisance, l’ouverture d’esprit, le détachement nés de la méditation d’imprégner votre expérience.
L’inspiration
Approchez la méditation dans la joie en écoutant une musique, en rassemblant vos citations, vos poèmes,… Soyez à l’affût de chaque manifestation de beauté ou de grâce.
- EVOLUTION, KARMA, RENAISSANCE
« Chaque âme vient au monde fortifiée par les victoires de ses vies passées ou affaiblie par leurs défaites ». Origène XIII siècle.
La continuité de l’esprit
La conscience ne peut surgir de rien. Un moment de conscience ne peut se produire sans le moment de conscience qui l’a immédiatement précédé. Ce qui assure la continuité entre les vies est la conscience à son niveau ultime de subtilité.
Le Karma
Karma signifie que tout ce que nous faisons au moyen de notre corps, de notre parole, notre esprit entraîne un résultat correspondant et entraîne des conséquences. Le Bouddha disait « Ce que vous êtes est ce que vous avez été, ce que vous serez est ce que vous faites maintenant. »
La bienveillance
Shantideva disait : « L’origine de toute joie en ce monde est la quête du bonheur d’autrui. L’origine de toute souffrance en ce monde est la quête de mon propre bonheur ». C’est à nous que nous nuisons lorsque nous nuisons à autrui, c’est à nous que nous apportons du bonheur lorsque nous en donnons aux autres.
La créativité
Le Bouddha disait : « Le karma crée toute chose, tel un artiste. Le Karma compose, tel un danseur ».
La responsabilité
Albert Einstein écrivait : « Un être humain fait partie d’un tout que nous appelons l’univers : il demeure limité dans le temps et dans l’espace. Il fait l’expérience de son être, de ses pensées et de ses sensations comme étant séparés du reste – une sorte d’illusion d’optique de la conscience. Cette illusion est pour nous une prison, nous restreignant à nos désirs personnels et à une affection préservée à nos proches. Notre tâche est de nous libérer de cette prison en élargissant le cercle de notre compassion afin qu’il embrasse tous les êtres vivants et la nature entière, dans sa splendeur. »
Réincarnations au Tibet
Les « Bouddhas » et les maîtres apparaissent afin de libérer les êtres et de rendre le monde meilleur.
- BARDOS et AUTRES REALITES
Un Bardo est l’intervalle de transition entre l’achèvement d’une situation et le commencement d’une autre pendant lequel la possibilité d’éveil est particulièrement présente.
Les Bardos
La totalité de notre existence se divise en 4 bardo : le bardo « naturel » de cette vie-ci, le bardo « douloureux » précédant la mort, le bardo « lumineux » de la dhamarta, et le bardo « karmique » du devenir.
Incertitude et opportunité
L’oscillation continuelle entre clarté et confusion, offre des opportunités de transformation à saisir. Lors d’un choc, vous êtes d’abord paralysé, et l’instant d’après, vous êtes lucide. Dans cet intervalle, tournez votre regard vers l’intérieur et vous apercevrez la nature immortelle de l’esprit d’éveil.
La vie et la mort dans la paume de la main
Si vous êtes familiarisé avec la nature de votre esprit grâce à une pratique spirituelle, au moment de votre mort, la Luminosité fondamentale pourra se manifester spontanément dans toute sa splendeur. Nous sommes tous des bouddhas et la manière suprême de se préparer est d’atteindre l’éveil dans cette vie même, ici et maintenant.
- LE BARDO NATUREL DE CETTE VIE
Un aspect de notre esprit qui constitue sa base fondamentale est appelé « la base de l’esprit ordinaire ». Elle est comme une banque dans laquelle est déposé le karma. En se reproduisant constamment, nos inclinations et habitudes déterminent notre vie, mort et renaissance. A moins de changer, la personne que nous sommes maintenant sera ce qu’elle sera au moment de notre mort. D’où l’importance de purifier notre esprit dans cette vie-ci.
La vision karmique
Chaque rêve est vrai mais aucun rêve ne représente le monde réel qui ferait que les rêves des autres seraient une illusion. Chacun perçoit la vérité en fonction des schémas karmiques. Nous ne pouvons pas affirmer ce qui existe ou n’existe pas au-delà de notre vision limitée.
Les portes de la perception
Les êtres réalisés perçoivent ce monde comme absolument parfait et toute chose dans sa nature sacrée et nue. « Si les portes de la perception étaient purifiées, toute chose apparaîtrait tel qu’elle est, infinie ». William Blake.
La sagesse qui réalise le non-ego
L’ego ne repose sur aucune vérité. C’est un moi illusoire auquel s’accrocher, qui se joue de notre peur fondamentale de l’inconnu et de perdre le contrôle. L’attachement à son moi est la cause de la souffrance.
L’ego sur le chemin spirituel
Deux personnes cohabitent en vous : l’ego et l’être spirituel. Avec une pratique spirituelle, vous réaliserez que l’espoir et la peur sont les ennemis de la paix de votre esprit. En laissant l’ego en silence et en suivant votre guide de sagesse, vous ferez l’expérience d’une vue profonde et de la joie.
Les trois outils de sagesse
- L’écoute et l’entente. Ecouter réellement et fréquemment les outils de la sagesse. « Plus vous écoutez, plus vous entendez, plus vous entendez, plus votre compréhension s’approfondit. »
- La contemplation enrichit notre compréhension et la relie à notre cœur
- La méditation permet d’appliquer les enseignements écoutés et auxquels nous avons réfléchi
Les doutes sur le chemin
Le doute, symptôme de l’absence de vue, est l’obstacle principal à l’évolution humaine. « Hâtez vous doucement »… Les accomplissements les plus élevés exigent la plus grande patience et du temps.
- LE CHEMIN SPIRITUEL
Le but de notre vie sur terre est de nous unir à nouveau à notre nature éveillée fondamentale
Trouver la voie, suivre le chemin, le maître
Voici « les 4 objets de confiance » que nous rappelle le Bouddha :
Fiez-vous au message du maître, non à sa personnalité,
Fiez-vous au sens, non aux mots seuls,
Fiez-vous au sens ultime, non au sens relatif,
Fiez-vous à votre esprit de sagesse, non à votre esprit ordinaire qui juge
Pas un seul éveillé n’a atteint l’éveil sans un maître. Le maître est comme le « téléphone » par l’intermédiaire duquel les éveillés peuvent entrer en communication avec vous.
L’alchimie de la dévotion et les flots de bénédiction
Seule une dévotion totale mène à la vérité absolue et à la bénédiction. Pour recevoir la bénédiction d’un bouddha, vous devez considérer votre maître comme un bouddha. Dilgo Rinpotché disait : « Le maître est semblable à un grand navire permettant aux êtres de traverser l’océan périlleux de l’existence, un capitaine infaillible qui les guide jusqu’à la terre ferme de la libération… Il est l’égal de tous les bouddhas. La chaleur de sa sagesse et de sa compassion fera fondre le minerai de notre être pour libérer au-dedans de nous l’or de notre nature de bouddha. »
Le guru yoga : se fondre dans l’esprit de sagesse du maître
Pour recevoir une aide directe, il suffit de demander ! Demander la compassion des êtres éveillés, demander la purification et la guérison, demander la capacité de comprendre le sens de notre souffrance et de la transformer, demander que croissent clarté, paix et discernement, demander la réalisation de la nature absolue de l’esprit qui provient de l’union de notre esprit à l’esprit de sagesse immortel du maître.
La pratique du Guru Yoga comporte 4 phases :
- L’invocation de l’incarnation de la vérité en la personne du maître.
- Faire mûrir et approfondir la bénédiction. En récitant un mantra.
- La transmission de pouvoir en semant en vous le germe de l’éveil.
- Demeurer en Rigpa en laissant le maître devenir un avec vous.
- L’ESSENCE LA PLUS SECRETE
La pratique du Dzogchen est une voie simple et profonde et adaptée à notre monde contemporain pour réaliser notre nature originelle. Le Dzogchen parle en termes si simples qu’avant même d’avoir atteint l’éveil, nous recevons un aperçu puissant de la splendeur de l’état éveillé.
La vue
Premièrement, la méditation est le moyen de ramener l’esprit en lui-même et de stabiliser cette Vue pour voir les choses telles qu’elles sont.
Deuxièmement, des pratiques de purification profondes opèrent une transformation intérieure complète. Elles commencent par une série de contemplations profondes concernant :
- le caractère unique de l’existence humaine
- la présence inéluctable de l’impermanence et de la mort
- la loi infaillible de cause à effet qui s’applique à tous nos actes
- le cercle vicieux de frustration et de souffrance qu’est le Samsara
Ces réflexions inspirent le désir de suivre le chemin de la libération en :
- prenant refuge dans le Bouddha et la vérité de son enseignement
- engendrant la compassion
- écartant les obscurcissements et les souillures
- accumulant mérite et sagesse et en pratiquant la générosité
Troisièmement, une investigation méditative spécifique épuise la faim insatiable de raisonnement et d’interrogation qui occupe notre esprit. La vision suprême s’opère : voir ce qui n’avait pas été vu auparavant.
La méditation
La méditation consiste à demeurer non distrait dans la Vue. Elle invite à prendre les émotions pour ce qu’elles sont et rien de plus. La pratique du Dzogchen ouvre la porte à la Luminosité du Chemin.
L’action
L’action consiste à être attentif et à examiner la nature véritable de toute pensée, sans remonter au passé ou au futur, sans se permettre de joie ou de tristesse. C’est atteindre l’état de grand équilibre où bien et mal, paix et détresse n’ont aucune identité. Le yogi perçoit tout ce qui se manifeste dans son état naturel et originel, sans permettre à l’attachement d’infiltrer sa perception.
Le corps d’arc-en-ciel
Lors de sa mort, le pratiquant accompli pourra laisser son corps se résorber dans l’essence lumineuse des éléments qui l’ont créé. Le corps physique se fond en lumière et finit par disparaître complètement.
MOURIR
- CONSEILS DU CŒUR SUR L’AIDE AUX MOURANTS
L’essentiel dans la vie est de parvenir à établir une communication sincère et exempte de peur. Cela est d’autant plus important que la mort approche. Aider quelqu’un à bien mourir est la plus grande charité.
Témoigner d’un amour inconditionnel en écoutant la personne autant que vous le pouvez. Encouragez-la à s’exprimer, sans la contredire, en se mettant du mieux que vous le pouvez à sa place. La personne a besoin de se sentir aimée, acceptée, qu’on essaie de la comprendre. Notre écoute bienveillante est inestimable car c’est à l’approche de la mort que la vraie nature de Bouddha est la plus intense. Dire la vérité avec bienveillance à un mourant qu’il est sur le point de mourir, c’est l’aider à se préparer, à trouver sa source de force et le sens de sa vie. Vous devez être capable de reconnaître vos peurs liées à la mort pour aider un mourant. Cela vous rendra plus compatissant et le mourant se sentira unis à tous les êtres humains. Aidez la personne à régler ses affaires pour qu’elle puisse mourir paisiblement « sans saisie, désir ou attachement. » Il faut dire adieu à la personne, ou lui donner l’autorisation de partir, pour qu’elle puisse partir en paix. Accompagner le mourant vers une mort paisible avec une pratique spirituelle ou un processus sacré permet de célébrer la personne. Il faut que cela se fasse dans une atmosphère aussi calme que possible.
- LA COMPASSION EXAUCE TOUS LES SOUHAITS
Ressentir pleinement sa condition mortelle permet que grandisse en soi la compassion. Chaque mourant est un maître offrant à ceux qui l’aident l’opportunité de se transformer en développant leur compassion.
La logique de la compassion
Elle se fonde sur la clarté d’un raisonnement dont la vérité apparaîtra toujours plus évidente. Elle nous permet de distinguer l’intérêt de l’égo et notre intérêt ultime et éveille en nous la détermination de détruire cet « esprit malin », la cause du samsara. Le fait de se dédier aux autres et de prendre sur soi leur souffrance, est la source de l’éveil et de guérison.
L’histoire de Tonglen
Tonglen ouvre à la vérité de la souffrance de l’autre. Si votre cœur est fermé, Tonglen détruit les résistances qui l’empêchent de s’ouvrir. Si vous voulez réellement atteindre l’état de Bouddha, vous devrez pratiquer cet enseignement : « Tout profit et tout avantage, offre-les à autrui. Toute perte et toute défaite, prends-les à ton compte ».
Comment éveiller amour et compassion
- Amour tendresse : faites jaillir la source. Visualisez l’amour qu’une personne vous a donné. Faites revivre ce sentiment et laissez votre coeur s’emplir de gratitude. Laissez ensuite votre cœur s’ouvrir et l’amour rayonner vers vos proches, vos voisins, des étrangers, des personnes que vous aimez moins, et ainsi de plus en plus vaste.
- Considérez-vous comme identique à autrui : pour éveiller la compassion, considérer l’autre comme étant pareil à vous. Nous sommes tous semblables.
- Mettez-vous à la place d’autrui : « Qu’attendrais-je par dessus tout ? »
- Recourez à un ami pour générer la compassion : mettez à la place de la personne vers qui vous souhaitez offrir votre compassion une personne qui vous est très chère
- Méditez sur la compassion en profitant de ce que chaque jour vous offre comme occasion d’ouvrir votre cœur. Soyez vulnérable.
- A force de méditer sur la compassion, naîtra une forte détermination à soulager la souffrance de tous les êtres et un sens aigu de votre responsabilité à l’égard de ce noble but. Dédier sa méditation au bien-être de tous les êtres s’appelle Bodhichitta. Bodhichitta consiste à faire mûrir continuellement la graine de notre nature de Bouddha pour le bien d’autrui.
La pratique de Tonglen
Donner et recevoir doivent être pratiqués alternativement avec le support de la méditation. « En inspirant, je prends sur moi la souffrance de mon ami ou celle des autres ; en expirant, je leur procure le bonheur et la paix ». Invoquez la présence de tous les bouddhas et imaginez la souffrance d’une personne qui vous est chère représentée sous la forme d’un épais nuage noir et sale. En inspirant, visualisez ce nuage se dissoudre au niveau de votre cœur et purifier votre karma négatif. Envoyez la lumière radieuse de joie et de bonheur de votre esprit d’éveil pour purifier le karma négatif de la personne et lui apporter la plénitude véritable.
Tonglen pratiqué sur l’environnement : inspirez le salubre, expirez la joie,
Tonglen pratiqué sur soi : envoyez l’amour, le sain à la douleur, le blessé,
Tonglen pratiqué sur une situation : inspirez la culpabilité, expirez la guérison
Tonglen pratiqué pour les autres : inspirez sa souffrance et expirez amour…
Le grand secret
Cet amour universel guérit l’ignorance qui, vie après vie, nous a empêchés de réaliser la nature de notre esprit et d’atteindre la libération.
- L’AIDE SPIRITUELLE AUX MOURANTS
« Chacun de nous a le droit en fin de vie de voir traiter son corps et son âme avec respect et dignité. »
Au chevet des mourants
Par la paix, l’attention, la compassion, aidez le mourant à éveiller sa propre force, à se rapprocher de son état de bouddha.
Donner l’espoir et trouver le pardon
Aidez autant que possible la personne mourante à se sentir aussi positive et aussi satisfaite de sa vie que possible et assurée d’avoir fait de son mieux. La mort est le temps de la réconciliation et du bilan.
Trouver une pratique spirituelle
Si le mourant n’a pas de pratique spirituelle ou de méditation, trouvez-en une qui peut être le pardon, l’acte de dédier, la purification…
La pratique essentielle du P’owa
Cette prière à l’intention du mourant est à la portée de tous. Créez une atmosphère propice à la prière. Ramenez l’esprit en lui-même. Invoquez la personnification de la vérité en laquelle vous croyez. Choisissez un être divin dont vous vous sentez proche et qui incarne la compassion de tous les bouddhas. Emplissez votre cœur de sa présence et priez.
« Par votre bénédiction, votre grâce, votre aide et par le pouvoir de lumière émanant de vous,
Puissent tout mon karma négatif, mes émotions destructrices, mes obscurcissements et mes blocages être purifiés et éliminés,
Puissé-je me savoir pardonné pour tout le mal que j’ai pu penser te commettre,
Puissé-je accomplir la profonde pratique de P’owa et mourir dans la dignité et la paix,
Et, par le triomphe de ma mort, puissé-je être source de bienfaits pour tous les êtres, vivants ou morts. »
La présence de lumière invoquée répond par un sourire bienveillant et un flot de lumière nettoie et purifie votre karma négatif. Le corps de lumière qui est le vôtre maintenant s’élance vers le ciel et se fond dans cette présence de lumière et de félicité. Demeurez dans cet état d’unité aussi longtemps que possible.
Dédier notre mort.
Rien n’est plus douloureux et frustrant que de croire que les souffrances sont vaines et inutiles. Les dédier au soulagement de la douleur d’autrui leur donnent un tout autre sens. Lorsque vous approchez de la mort, pensez continuellement : « Puissé-je prendre sur moi la souffrance, la peur et la solitude de tous ceux qui, de par le monde, sont mourants ou vont bientôt mourir. Puissent-ils tous être libérés de la douleur et de la confusion. Puissent-ils tous trouver le réconfort et la paix de l’esprit. Puisse toute la souffrance que j’endure à présent et endurerai à l’avenir les aider à obtenir une renaissance heureuse et l’éveil ultime ».
- PRATIQUES POUR LE MOMENT DE LA MORT
« Notre dernière pensée, notre dernière émotion avant de mourir aura un effet déterminant sur notre avenir immédiat. La manière dont se déroulera l’heure de notre mort est capitale. »
Abandonner l’attachement
Il est crucial de créer une atmosphère de calme. A l’heure de notre mort, nous devons être libérés de l’attachement à tous nos biens, famille, amis. Mieux vaut prévoir ce que deviendront nos possessions pour nous sentir rassurés. Mieux vaut également mourir sans la présence des proches qui pourraient susciter des émotions perturbatrices.
Entrer dans la claire conscience
Demeurez autant que possible dans la nature de l’esprit pour pouvoir entrer sans distractions dans la claire conscience. Pour ceux qui ont reçu des instructions pour le moment de la mort : « Gardez-les dans votre esprit et votre cœur, pensez à votre maître et unissez votre esprit à lui en mourant.
Le P’owa : transfert de la conscience (avec un maître qualifié)
Le P’owa génère confiance et absence de peur au moment de la mort.
« Maintenant que le bardo du moment précédant la mort se lève sur moi,
J’abandonne toute envie, désir ou attachement,
J’entre non distrait dans le clair éveil de l’enseignement,
Et éjecte ma conscience dans l’espace de Rigpa non-né,
A l‘heure où je quitte ce corps fait de chair et de sang,
En lui je reconnais une illusion transitoire. »
Quitter le corps
Réaliser alors que nous sommes en vie, que la solidité apparente et très convaincante de notre corps n’est qu’illusion, nous aidera à reconnaître cela sans peur pour mieux atteindre la liberté ultime.
- LE PROCESSUS DE LA MORT
« Lorsque la cause de la mort résulte de l’épuisement de la durée naturelle de la vie, l’être humain est tel une lampe à huile qui aurait consumé toute sa réserve. Il faut se préparer à partir. » Padmasambhava
Le bardo « douloureux » du moment précédant la mort
Perdre son corps peut être une expérience très difficile, préparé ou non. Stabiliser la reconnaissance de la nature de l’esprit tant que nous sommes vivant nous aidera à nous préparer à partir.
La position pour mourir
Dans le cas d’une mort due à l’épuisement naturel de la durée de vie, ou prématurée et qu’elle le permet, la tradition tibétaine recommande la position du « lion couché », celle dans laquelle le Bouddha expira : couché sur le côté droit, la main gauche sur la cuisse gauche, la main droite placée sous le menton et les jambes légèrement repliées.
La dissolution externe des sens et des éléments, la dissolution interne
Nos sens cessent de fonctionner. Ensuite nos forces physiques déclinent (élément terre). Nous perdons le contrôle des fluides (élément eau). Puis nous nous desséchons complètement (élément feu). Et pour finir il devient de plus en plus difficile de respirer (élément air). Ensuite se dissolvent les éléments internes : émotions et états de pensée.
Que se passe-t-il réellement au moment où nous mourons ?
C’est comme si nous revenions à notre état originel. Tout se dissout à mesure que notre corps et notre esprit se désagrègent. Nos 3 poisons (colère, désir, ignorance) meurent. Le processus tend vers la révélation du niveau de conscience le plus subtil : la Luminosité fondamentale.
MORT ET RENAISSANCE
- LA BASE
La base de l’esprit ordinaire
La durée pendant laquelle nous serons capables de demeurer dans la nature de l’esprit dépendra de notre pratique. Sans pratique, notre peur et notre ignorance nous font nous rétracter et nous raccrocher à notre saisie dualiste au lieu de nous abandonner à la luminosité et de nous ouvrir à elle.
La rencontre des luminosités Mère et Fille
La luminosité fondamentale (mère) est de nature essentielle et intrinsèque de toute chose. La luminosité fille, est la nature de notre esprit. Elle est comme une clé à ouvrir la porte à la Luminosité fondamentale. Si nous pratiquons assidûment la reconnaissance de la nature de l’esprit, nous serons capables de distinguer l’aube de la Luminosité fondamentale et nous confondre avec elle.
La durée de la Luminosité fondamentale
Elle varie fortement d’un individu à l’autre selon sa pratique. Au Tibet, le corps n’est pas dérangé pendant 3 jours.
- LE RAYONNEMENT INTRINSEQUE
« Un pratiquant expérimenté saura maintenir une pleine conscience et se fondre en elle pour atteindre par là-même la libération. Si nous ne reconnaissons pas la Luminosité fondamentale, nous entrerons dans le bardo suivant, le bardo de la dharmata. »
Les quatre phases de la Dharmata
- La luminosité : un paysage de lumière qui embrasse tout qui durera en fonction de la stabilité de notre esprit.
- L’union des déités : la luminosité se manifeste sous forme de bouddhas et déités de couleurs diverses dont leur cœur s’unit au votre.
- La sagesse : la dissolution de l’union dans la sagesse.
- La présence spontanée : en un éclair tous les enseignements que vous avez reçus et ceux que n’avez pas reçus s’éveilleront dans votre esprit.
Comprendre la Dharmata
L’expérience de la Dharmata, c’est l’expérience de non-dualité, c’est atteindre la libération. Tsélé Natsok Rangdrol nous dit : « Ne pas s’attacher à ce qui s’élève, ne pas le conceptualiser, ne pas l’accepter, ni le rejeter ».
- LE BARDO DU DEVENIR
Si nous ne sommes pas parvenus à reconnaître la Luminosité fondamentale et ni le bardo de la dharmata, (seconde manifestation de l’ignorance) nous nous éveillons dans le bardo du devenir, le troisième bardo, qui sépare la mort et la renaissance. Dans le bardo du devenir, comme le souvenir de notre corps karmique antérieur est encore frais, nous prenons un corps mental dont le rôle principal est joué par l’esprit.
Le corps mental
Le corps mental du bardo du devenir est doté de tous ses sens. Sa conscience est sept fois plus claire que dans la vie, sans aucune imperfection, continuellement en mouvement, pouvant voir à travers les objets à trois dimensions, capable de converser avec les morts.
Les expériences du bardo
La totalité du karma de nos vies passées réapparaît de manière aiguë. Si notre vie a été positive, notre bardo sera teinté de félicité et de bonheur. Si notre vie a été négative, il sera teinté de douleur, de chagrin, et de peur.
La durée du bardo du devenir
Les 21 premiers jours du bardo sont fortement marqués par la vie passée. C’et à ce moment que les vivants peuvent aider le défunt.
Le jugement
Nous sommes juges et jugés. Nous ne pouvons échapper aux conséquences de nos actions, pensées et paroles passées. Notre responsabilité s’étend à cette vie et à nos vies futures.
Le pouvoir de l’esprit
« Voici le moment où se dessine la frontière entre l’ascension et la chute. Voici le moment où parce que tu auras glissé dans la paresse, tu souffriras continuellement, voici le moment où, parce que tu te seras concentré intensément, tu seras heureux continuellement. Concentre ton esprit : efforce-toi de prolonger les résultats du bon karma. » Extrait du livre des Morts tibétain. Ne te laisse pas distraire ! La toute puissance de la pensée est donc la caractéristique essentielle du bardo du devenir.
La renaissance
Diverses lumières vous avertiront du monde dans lequel vous renaîtrez vraisemblablement. Il est très difficile de fermer l’entrée de la renaissance et tenter d’éviter de renaître. Une fois que vous aurez été attiré ver l’une de ces lumières, il sera très difficile de faire demi-tour. Ainsi la vie se termine comme elle a commencé, par la Luminosité fondamentale.
- AIDER APRES LA MORT
« Vu qu’il n’existe pas de barrière entre la vie et la mort, il est possible d’aider les morts après leur mort. »
Quand et comment pouvons nous aider ?
Durant les 49 jours qui suivent le bardo du devenir, la personne est encore en lien avec cette vie-ci. La pratique du P’owa et la prière ont un pouvoir exceptionnel et encore plus puissant le jour de la semaine où la personne est morte. La personne décédée est sept fois plus lucide que dans la vie : il est essentiel que l’harmonie règne parmi ceux qu’il a quittés. Un mantra très efficace est le suivant : OM MANI PADME HUM.
Les pratiques dans le bouddhisme tibétain
Les tibétains n’oublient jamais leurs morts.
- Lire le livre des Morts Tibétains à maintes reprises
- La purification des 6 mondes (colère avarice ignorance doute jalousie orgueil)
- La pratique des cent déités paisibles et courroucés (la répétition du mantra des six syllabes : OM VAJRA SATTVA HUM)
- La crémation. En récitant le mantra des six syllabes
- Les pratiques hebdomadaires : tous les 7 jours après la mort
Une pratique du cœur, la pratique de Padmasambhava
Chaque fois que vous vous sentez déprimé, invoquez dans le ciel devant vous la présence de l’être éveillé, personnification du Bouddha, qui vous procure la plus grande inspiration. Invoquez le de toute vos forces. Sentez que quelqu’un est là. Réciter le mantra : OM AH HUM GURU PADMA SIDDHI HUM. Des rayons de lumière émanent de lui et laissez-les vous remplir de sa joie, de son amour, dans votre cœur. Vous comprenez dès lors que le Bouddha ne réside pas en dehors de vous mais en vous. Dirigez cette bénédiction vers l’être cher disparu. Votre souffrance commencera à se dissiper. Elle peut vous avoir enseigné le pouvoir de la compassion.
Mettre un terme au chagrin
Ramenez l’esprit en vous-même. Allez dans la nature. Pour purifier la relation entre vous et le défunt, restez convaincu de son désir de vous faire comprendre qu’il vous aime et vous pardonne quoi que vous ayez pu faire et qu’il veut demander et recevoir votre pardon. Votre expérience peut vous faire découvrir comment manifester désormais plus profondément votre amour pour autrui.
- EXPERIENCE DE PROXIMITE DE LA MORT
« Une expérience type »
- Etat de paix et de bien-être
- Sensation de séparation de son corps, lucidité extrême
- Sentiment de flotter dans l’obscurité pour aller vers un tunnel
- Une lumière qui attire comme un aimant
- Vision d’un monde intérieur d’une beauté surnaturelle
- Décision à contre coeur de retourner à son corps et à sa vie
Le message de l’expérience de proximité de mort
Il ne suffit pas de mourir pour reposer dans des états de paix. Ce que nous endurons fait partie de la vie et il est impossible de fuir. Le message de ces expériences vécues de ceux qui en sont revenus est : transformons notre existence maintenant car c’est ici que nous avons une mission à remplir !
Le sens de l’expérience de proximité de mort
L’ironie est que ce soit notre technologie médicale dépourvue de toute spiritualité médicale qui ressuscite les malades n’encouragerait-elle pas à vouloir que technologie et spiritualité coexistent. Ces messagers de l’espoir nous invitent à changer sans plus attendre tous les aspects de notre mode de vie actuel. Aurons-nous le courage de faire face à ce qu’impliquent les enseignements de ces expériences de proximité de la mort ?
CONCLUSION
- LE PROCESSUS UNIVERSEL
Ce que nous révèlent les bardos
Le schéma des bardos qui se déploie au seuil de la mort et dans la mort, se déploie également en ce moment même et à chaque instant au sein de notre esprit, pensées et émotions. Chaque aspect de l’ensemble du processus nous propose au même moment la possibilité de libération et la possibilité de confusion. Ils nous enseignent comment sortir du cycle incontrôlé de la mort et de la renaissance qui vie après vie a pour cause l’ignorance. Chaque fois que nous parvenons à contrôler l’esprit un tant soit peu, nous pouvons franchir la porte qui mène à la libération. Ce qui se produit dans notre esprit à présent est exactement ce qui se produira dans les états des bardos de la mort. Les bardos nous enseignent que nous sommes responsables de nous-mêmes et envers nous-mêmes.
Les grands artistes, les grands scientifiques, sans être obligatoirement des êtres éveillés, ont été tels des vecteurs de l’énergie d’éveil, inspirés par une énergie jaillie de la base et de la source même de toutes choses. Une grande oeuvre d’art est telle la lune brillant dans un ciel nocturne : elle éclaire le monde mais la lumière qu’elle répand n’est pas sienne, c’est celle que lui prête le soleil caché de l’absolu.
- SERVITEURS DE LA PAIX
Ce que nous révèlent les bardos
« Apprendre à mourir, c’est apprendre à vivre. Apprendre à vivre, c’est apprendre à agir. Se transformer réellement soi-même et apprendre à renaître transformé pour venir en aide à autrui constituent la façon la plus puissante d’aider le monde. »
Prière de Saint François :
Seigneur,
Fais de moi un instrument de ta paix,
Là où est la haine, que je répande l’amour,
Là où est l’offense, que je répande le pardon,
Là où est le doute, que je répande la foi,
Là où est le désespoir, que je répande l’espoir,
Là où sont les ténèbres, que je répande la lumière,
Et là où est la tristesse, que je répande la joie.
O Divin Maitre,
Fais que je ne cherche pas tant
A être consolé qu’à consoler,
A être compris qu’à comprendre
A être aimé qu’à aimer,
Car c’est en donnant que l’on reçoit,
C’est en pardonnant que l’on est pardonné,
Et c’est en mourant que l’on nait à la vie éternelle.
Laurence de Vestel – ©Oltome.com 2014
Le livre tibétain de la vie et de la mort de Sogyal Rinpoché est pour moi un livre qu’il faut avoir lu ! Un livre qui permet d’aborder la mort en la regardant en face. La mort fait partie de la vie, elle est un passage et rien ne sert de la fuir. Or en Occident dans le monde contemporain, elle est envisagée comme une réalité à fuir, ou alors, on juge qu’il n’est pas nécessaire de s’en préoccuper. Sans foi en une vie après la mort, la plupart des gens mènent une vie dépourvue de toute signification ultime. Nous fuyons la vieillesse et la décrépitude et nous nous réfugions dans la jeunesse, le sexe et le pouvoir. Lorsqu’un proche se meurt, nous sommes complètement démunis quant à la façon de l’aider ou à songer à l’aider dans son avenir de personne défunte. La plupart des gens meurent sans y être préparés , de la même manière qu’ils ont vécu non préparés à la vie !
Ce livre peut être considérer comme un guide spirituel dans le processus de transformation personnelle qui nous apprend à mieux vivre pour mieux mourir et mieux renaître. Accepter la réalité de la mort entraîne une diminution de la peur qu’elle inspire, un souci accru d’aider les autres, une vue plus lucide sur l’importance de l’amour, un intérêt moindre pour les biens matériels, une spiritualité grandissante, un esprit ouvert à la croyance en l’après-vie.
La grande méprise est d’ignorer l’impermanence. La raison la plus profonde de notre peur de la mort est que nous ne savons pas qui nous sommes. Raison pour laquelle nous nous efforçons de remplir chaque instant de bruits, d’activités, de biens, d’objets dont nous finissons l’esclave. Notre temps et notre énergie s’épuisent à tout maintenir et à nous entourer d’un maximum de sécurité et de garanties. Cette « paresse active » nous assure de ne pas devoir se retrouver seul en compagnie de l’étranger que nous sommes pour nous-mêmes, de ne pas avoir le temps d’affronter les vraies questions ni l’angoisse d’une mort inévitable. Notre vie nous vit.
Faire face à la mort c’est se rappeler avec calme qu’elle est une réalité qui vient sans prévenir.
C’est prendre la vie au sérieux en prenant simplement le temps de se demander : Qu’ai-je à accomplir dans ma vie ? Qu’ai-je compris de la vie et de la mort ? Réaliser l’impermanence c’est réaliser que la seule loi dans l’univers qui ne soit pas soumise au changement est que tout change ! Seul l’instant présent nous appartient. Les seuls buts réellement valables de l’existence sont d’apprendre à aimer les autres et d’acquérir la connaissance.