Résumé du livre d’Alexandre Jollien « Le métier d’homme »
« On ne naît pas homme, on le devient. » Descartes
- D’un combat joyeux
« L’existence procède de la lutte, je ne le sais que trop… Je suis handicapé. Voilà ce que dicte la rencontre précoce avec l’isolement et la solitude : il faut que cela serve. Au combat ! Je dois mettre à profit la vie et trouver de la joie sinon je suis perdu. Mais comment donc ? ».
Alexandre Jollien a appris que la lutte s’étend à tous ses camarades mais au genre humain tout entier aussi. En internat pour handicapés, grâce à la compagnie des autres, il apprend à chasser sa tristesse. « Devant un sort peu clément, l’union supplante la lutte. » Au cours de son adolescence, Alexandre devine les délices des choses de l’esprit et de la philosophie grâce à sa rencontre avec un homme âgé qui vit « dans ses livres » près de la pension où il réside. « Je m’armais pour la vie, j’apprenais à exister, la construction de l’esprit serait désormais la grande affaire. »
« Celui qui dès sa naissance côtoie la souffrance ou la douleur entame l’existence pourvu d’un réalisme bienfaiteur ». Les situations les plus précaires disposent à la lutte, obligeant le faible à devenir fort. Alexandre veut donner du sens à chacune des expériences, faire de son quotidien un terrain d’exercice permanent sur lequel construire de la joie sur la douleur et le vide qui le submerge. « La blessure appelle son joyeux contraire ! ».
- De l’unicité de l’homme
Nous sommes tous désignés par des étiquettes, le dépressif, le diabétique, le veuf, le Noir… Les étiquettes engendrent une mise à l’écart, voire une exclusion. « J’ai longtemps cru que ces étiquettes étaient vraies : handicapé = malheureux. ». Nous sommes tous des hommes et tous des « cas sociaux », tous une délicieuse exception. Devenir pleinement qui on est demande de se libérer du poids du regard de l’autre qui nous détermine.
- De la souffrance ou l’art de mettre les voiles
« L’espérance qui nous motive ne s’enracine-t-elle pas dans la certitude qu’il faut tirer profit de chaque expérience et surtout des plus cruelles ? Parler de la souffrance, pire, la vivre dans sa chair est une épreuve redoutable que le métier d’homme interdit d’éluder. » Alexandre comprend la nécessité de faire de sa vie une œuvre et d’assumer pleinement la totalité de son existence sans abdiquer face à un monde où souffrance et mort triomphent. Le tragique instruit et les plus faibles qui n’ont rien à perdre prennent valeur d’exemple. « Rien n’est grave puisque tout est grave ». Les faibles montrent que tirer profit de la souffrance c’est d’abord profiter et jouir de la vie.
- Du corps
Le corps joue un rôle décisif dans la construction de soi. « La lutte entamée jadis contre le dysfonctionnement du corps envahissait le terrain tortueux de la pensée. Les exercices de prononciation, les étirements réalisés sur les muscles trouvaient leur prolongement dans la délicate recherche d’une identité, dans l’élaboration d’une personnalité. » L’être humain n’est pas son corps, son corps est autre chose que lui. Il n’y a pas l’âme d’un côté et le corps de l’autre.
- Ce qui déforme
Pour le petit jeté dans l’existence, tout est apprentissage car il doit développer ses facultés pour ne pas mourir. La quête s’arrête souvent lorsque l’âge adulte commence. La quête de la construction de soi s’arrête également. Alexandre découvre que l’homme ne se construit que dans la présence de l’autre, qu’il se forge grâce à lui.
- Mon semblable me veut différent
Si l’autre est mon semblable, un gouffre nous sépare pourtant. Un handicapé de par son sort peu enviable est considéré comme différent. « Je voulais enfin découvrir l’être humain normal. Comme mes camarades ne l’étaient sans doute pas, j’imaginais que pour ma traque de l’objet convoité, j’aurais bien plus de chances à l’extérieur… A ce jour, je n’ai pas trouvé ! ». « Se libérer du regard qui blesse exige en effet une confiance en soi qui s’acquiert difficilement et qui risque de s’étioler bien vite devant des regards insistants. Comment se protéger ? ». Le respect et la compréhension aident à assumer le poids et la richesse de ce qui nous fait autre.
- Le métier d’homme ou la pratique spirituelle
Le combat et la joie qui surgissent d’une blessure assumée au quotidien invitent à recommencer sans cesse, à renouveler l’effort, à se remettre en marche et à bâtir sur la faiblesse. « Lutter, toujours. Le métier d’homme réclame un engagement constant, une légèreté qui veut jeter un regard neuf sur le monde ».
Le métier d’homme… un grand chantier exploré par Alexandre Jollien. En effet, on ne naît pas homme, on le devient, mais comment ? Par la pratique spirituelle…
Alexandre Jollien est né le 26 novembre 1975 en Suisse. A sa naissance, Alexandre Jollien avait le cordon ombillical autour du cou ce qui a provoqué un manque d’oxygène vers le cerveau et une infirmité motrice cérébrale irrémédiable. De ses 3 à 20 ans, il a vécu dans une institution spécialisée pour personnes handicapées. Il y découvre malgré son handicap des amitiés solides, la vocation des « choses de l’esprit » qui lui donne la joie de vivre. Il entre au Lycée de la Planta à Sion en 1997 qui lui ouvre les portes de l’Université de Fribourg où il obtient une licence en lettres au printemps 2004. Il étudie également le grec ancien au Trinity College de Dublin de 2001 à 2002 où il rencontre, Corinne, sa future femme qui lui donnera 3 enfants. Depuis l’été 2013, il vit avec sa famille à Séoul en Corée du Sud. Il est l’auteur de nombreux ouvrages dont « Eloge de la faiblesse » en 1999, « Le métier d’homme » en 2002, « Petit traité de l’abandon : pensées pour accueillir la vie telle qu’elle se propose » en 2012, « Vivre sans pourquoi » en 2015, » Trois amis en quête de sagesse » en 2016.