Résumé du livre « Le Râmâyana »
Le Râmâyana, est l’épopée qui raconte les exploits du prince Râmâ, dans le Nord de l’Inde, il y a 3000 ans. Écrit par un poète de génie, Vâlmîki, le Râmâyana dépeint la société guerrière de l’Inde de son temps attachée à un code d’honneur analogue aux règles de la chevalerie médiévale européenne. Les grandes lignes de l’épopée : à la veille de sa consécration comme héritier du trône, Râmâ, si cher à ses citoyens est victime d’une intrigue et doit partir pour l’exil. Sitâ, sa jeune épouse, et Lakshmana, un de ses frères, l’accompagnent. Après plusieurs aventures dans la forêt, Sitâ est enlevée par Râvana, le roi des démons. Aidé par les peuples de la Forêt, les singes et les ours, Râmâ et son frère partent à la recherche de Sitâ… Le Râmâyana est un des plus importants monuments de la littérature universelle et fait partie intégrante de l’atmosphère culturelle du pays. Sans doute le livre le plus représentatif de l’âme indienne, le Râmâyana imprègne les Indiens durant tout au long de leur vie. Le Râmâyana est avant tout un grand poème d’amour qui dans un noble langage, chante l’amour filial, la tendresse conjugale, le sentiment fraternel et l’affection des amis.
Prologue
Râmâ est le nom du ravissant prince de Ayodhyâ, mais il est aussi celui du Brahman, la Réalité Absolue. Vâlmikî interrogea Narada le plus grand sage de la région et lui demanda : « Quel est à ton avis le meilleur des hommes ? » Narada répondu sans hésiter : le beau prince d’Ayodhyâ, Râmâ, le bien-aimé seigneur Brahman. Brahman apparu à Vâlmîki et lui dit : « Tu chanteras la vie de Râmâ et de Sitâ son épouse. Le Râmâyana vivra toujours sauvant les hommes par l’amour. » Ainsi Vâlmîki, devenu poète, chantait l’épopée du Seigneur suprême et de son Épouse qui vécurent la vie des hommes à travers la souffrance et l’amour.
I. La naissance de Râmâ
Les habitants d’Ayodhyâ étaient tous heureux. Ils étaient tous beaux, leur port était noble, pas un seul n’était déloyal envers leur roi, Dasharatha. Le roi jouissait d’une renommée dans les Trois Mondes. Personne ne mentait. Le vice n’existait pas. Nul ne convoitait la femme d’autrui. La cité vivait continuellement en paix. Le roi, ministres et citoyens s’entouraient de respect. Ainsi Dasharatha régnait paisiblement. Un seul nuage : Dasharatha n’avait pas d’enfant. Celui-ci accompli le sacrifice du cheval pour obtenir une descendance. Dasharatha avait trois épouses. Kausalyâ, la première enfanta Râmâ, le fils tant attendu qui était la moitié de Vishnu. Kaikeyî, donna naissance à Bharata, un huitième de Vishnu. Et enfin, Sumitrâq qui mit au monde les jumeaux Lakshmana et Shatrughna, les sixièmes de Vishnu.
II. Râmâ et ses frères
Dasharatha exultait de bonheur. Ses quatre fils devinrent de très beaux jeunes gens. Râmâ resplendissait particulièrement et surpassait de loin en gloire et en courage ses trois autres frères. Il rayonnait de beauté et imposait le respect.
Râmâ était âgé de 16 ans, lorsque le grand sage, Vishvâmitra, fit appel à lui pour vaincre deux terribles démons, Mârisha et Subâhu, deux sujets du roi Râvana. Seul Râmâ était capable de les tuer. Une fois la mission accomplie, Vishvâmitra, accorda des dons inestimables à Râmâ et lui apprit le secret des armes célestes pour que personne au monde ne puisse s’opposer à lui. Râmâ était invincible.
Bhagîratha
Vishvâmitra, Râmâ et son frère Lakshmana partirent vers Mithilâ. En chemin, Vishvâmitra expliqua pourquoi Ganga, la très sainte rivière coulait à travers les trois Mondes avant de se mêler à l’océan. (Ces trois mondes sont le ciel -Svarga-, la terre -Bhûmi et l’enfer – pâtâla-. Himalaya, la reine des montagnes était animée par le puissant esprit Himavat qui avait deux filles : Ganga et Uma. Ganga était un fleuve capable de purifier tous les êtres. Les dieux prièrent Himavat de leur prêter Ganja pour un temps. Himavat accepta. Montée au ciel, Ganja brilla à travers la voûte étoilée afin de laver le firmament entier de toutes ses souillures. Pendant ce temps, Bhagîratha qui était à l’époque roi d’Ayodhyâ, voulut tenter l’impossible en demandant à Brahma, que Ganga puisse redescendre des cieux pour laver et purifier les cendres de ses ancêtres. Bhagîratha obtient du Dieu de la destruction, Shiva, sa protection et la promesse que Ganga d’anéantirait pas le monde. Ganga s’approchât de la Terre et Shiva intervint en coupant la route de Gangâ en recevant sans broncher le fleuve sur sa tête. Ganga, la rivière, se perdit dans les cheveux emmêlés de Shiva où elle erra plusieurs années. Par la suite, elle put quitter sa prison pour descendre sur terre. Le dieu Jahnu permit à l‘immense fleuve de couler par les oreilles de Bhagîratha. Avec son eau sanctifiée par le toucher divin de Shiva, Bhagîratha put s’acquitter des rites funéraires de ses aïeux.
Le roi de Mithilâ, Janaka, était un roi parfait. Il avait recueilli un nouveau-né qu’il avait trouvé dans un champ. C’était une petit fille qu’il prénomma Sitâ. Elle égalait en splendeur Lakshmî, la déesse de la Beauté. Plus tard, Janaka qui adorait sa fille avait décidé de ne l’accorder qu’au seul prince qui pourrait soulever, bander et tendre l’arc de Rudra. Aucun prétendant ne réussit à même déplacer l’arme. Râmâ qui était en visite à Mithilâ y arrivât sans problème. Ainsi Janaka accordât à Râmâ la main de Sitâ, et proposa sa seconde fille, Urmila, comme épouse à Lakshmana. Et ses nièces épousèrent les deux derniers fils de Dasharatha. Les quadruples noces furent grandioses. De retour à Ayodhyâ, les reines mères accueillirent les quatre fils et leurs quatre nouvelles épouses. Une vie nouvelle commençait pour Râmâ et ses frères.
III. Râmâ, le noble prince
Râmâ et Sitâ vécurent heureux au palais pendant 12 années. Vers la fin de la 12 ième année, Dasharatha décida dans son cœur de sacrer Râmâ Prince Régent. Les acclamations firent trembler les murs de toute la ville, les cris de joie fusèrent de toute part ! Râmâ était adoré. Dasharatha consulta ses conseillers intimes et comme la position des étoiles annonçait une période dangereuse pour sa famille, il décida de sacrer Râmâ le lendemain même.
La reine Kaikeyî, mère de Bharata, avait une servante, Mantharâ, une intrigante mal intentionnée. Comme elle avait entendu les conversations de Dasharatha et de ses conseillers, elle arriva auprès de Kaikeyî pour lui annoncer que Dasharatha voulait sacrer Râmâ prince régent. Au début Kaikeyî n’y voyait absolument pas d’inconvénient, que du contraire, elle adorait Râmâ et son fils, Bharata, ne désirait point régner à la place de Râmâ qui méritait la royauté. Mais la sournoise servante fait glisser le poison de la peur dans le cœur de la Reine. Elle rappela à la Reine, le serment que lui avait fait le roi il y avait longtemps lors d’une bataille où il avait été sauvé par Kaikeyî d’une mort certaine. Le Roi lui avait alors dit : « Je t’accorderai tout ce que tu désires. J’exaucerai pour toi deux de tes désir quels qu’ ils soient et au moment choisi par toi. » La servante rappela à sa reine que le moment était venu de rappeler au roi sa promesse… Elle lui dit : « Demande au Roi pour la première faveur qu’il fasse couronner Bharata à la place de Râmâ et pour la deuxième faveur, demande qu’il exile Râmâ dans la forêt pendant 14 années. » Le soir venu, le roi se dirigeât vers les appartements de Kaikeyî. Il trouva la Reine extrêmement pâle et, inquiet, il lui promis à nouveau d’accomplir sa volonté quelle qu’elle soit… sur ces paroles, Kaikeyî lui rappela la promesse qu’il lui avait faite il y a longtemps et lui demanda les deux faveurs que sa servante lui avait conseillé de demander. Dasharatha fut comme foudroyé. Le roi lui dit « comment veux-tu que je demande à mon fils de renoncer au trône et de l’exiler pendant 14 longues années… » Kaikeyî implacable, restât de glace. Rien n’y fit et comme le Roi était un homme de parole, il promit de faire venir Râmâ dès le matin, tout en voyant ses derniers instants avancer inexorablement.
Le matin, la mort dans l’âme, Dasharatha annonçât à Râmâ, que pour respecter un serment fait à la reine Kaikeyî des années plutôt, il devait nommer Bharata prince Régent et l’exiler, lui Râmâ, dans l’instant dans la forêt de Dandaka pour 14 années. Râmâ rassura son père en lui disant que sa seule joie était de permettre à son père d’honorer son serment. Ainsi, il accepta de partir en exil en laissant le royaume à son bien-aimé frère Bharata. Lakshmana qui avait entendu ce qui s’était dit suppliât Râmâ de l’emmener avec lui en exil dans la forêt. Puis ce fut Sati qui refusa catégoriquement de quitter son mari. Râmâ avait beau essayer de montrer combien la vie dans les bois était périlleuse et peu semblable aux habitudes princières, Sitâ, refusa de rester sans son bien-aimé : « Si tu me laisses, je mourrais sans aucun doute. Ne m’abandonne pas. »
Ainsi Râmâ fit ses adieux à la royauté. Les 3 exilés, dépouillés de tous leurs biens, sortirent du palais et montèrent dans leur char conduit par le cocher, Sumantra, chargé de les conduire jusqu’à la forêt. La nouvelle du bannissement de Râmâ par Dasharatha avait indigné tous les habitants de la ville. Tous avaient décidé de suivre Râmâ dans sa nouvelle vie. Râmâ avait beau les exhorter à porter leur estime sur Bharata et lui faire confiance, les habitants aimèrent Râmâ encore davantage et étaient d’autant plus décidé à le suivre. Par diverses ruses, Râmâ, Sitâ et Lakshmana arrivèrent à semer la foule.
Les trois exilés se réfugièrent chez le roi des pêcheurs, Guha qui les hébergea en leur proposant de rester là pour les 14 années d’exil imposées. Mais Râmâ ne voulait pas faillir à ses promesses. Il devait rejoindre la forêt. Il demandât simplement de pouvoir rester une nuit et une barque pour traverser le saint Gange. De là, Râmâ renvoyât le cocher Sumatra à Ayodhyâ pour épauler Bharata. Ainsi, le véritable exil commençât pour Râmâ, Sitâ et son frère. Après plusieurs jours de marche, ils parvinrent à la retraite de Bharadvâja. Lui aussi offrit son hospitalité pour toute la durée de l’exil. Râmâ déclina poliment … Pour combatte le vie, il devait accepter pleinement le plus haut sacrifice. Bharadvâja lui dit alors de se rendre à Chitrakûta, la colline enchantée, où tous trois commencèrent leur nouvelle vie.
Pendant ce temps, Ayodhyâ buvait la lie du désespoir. Huit jour après le départ de Râmâ, Dasharatha respira pour la dernière fois. Bharata n’avait aucune envie de servir l’empire sans son frère et son père et encore moins d’accepter le trône que sa mère avait dérobé à son intention. Bharata prit la décision d’aller implorer Râmâ de revenir de la forêt pour le restaurer dans ses droits. Pleins de joie, les habitants décidèrent d’accompagner en masse le cortège de Bharata. Bharata et son frère Shatrughna partirent à la tête de l’armée à la recherche de Râmâ avec neuf mille éléphants caparaçonnés, soixante mille chars remplis d’archers et cent mille cavaliers et les trois épouses de Dasharatha. Après de nombreuses recherches, Bharata finit par retrouver ses frères, Râmâ et Lakshmana, et organisa une entrevue privée. La joie des retrouvailles fut générale. Râmâ perdit connaissance lorsqu’il apprit la mort de son père, Dasharatha. Mais Râmâ, resta ferme : il refusait de revenir sur sa décision. Il devait remplir la promesse faite par son père. Il demanda à Bharata de se lever et de rendre à Ayodhyâ où le trône l’attendait. Ainsi Bharata du donner le signal du retour et l’exil de Râmâ, Sitâ et Lakshmana commençât réellement.
IV. Dans la forêt
À Chitrakûta, Râmâ, Sitâ et Lakshmana se sentaient de plus en plus menacés par des démons qui rodaient aux abords de la colline. Ils décidèrent tous les trois de quitter Chitrakûta pour se diriger vers l’ermitage éloigné du grand sage Atri et de son épouse. Après un court séjour, les trois exilés s’enfoncèrent au cœur de la forêt Dandaka… Kaikeyî avait vu loin en ayant exilé Râmâ dans cette forêt. Râmâ, Sitâ et Lakshmana rencontrèrent des démons cannibales, des effroyables colosses avec un ventre énorme, des démons qui savaient prendre la forme qu’ils voulaient. Râmâ avait à cœur de protéger les ermites de la forêt qui se consacraient à la recherche de la plus haute Vérité. Il décida de mettre tous ses pouvoirs pour vaincre ces démons. Ainsi, Râmâ, Sitâ et Lakshmana furent toujours accueillis avec joie et purent séjourner dans des endroit enchanteurs. Dix années passèrent… Le temps de la fin de leur exil s’approchait de plus en plus.
Un jour de printemps, la démone Shûrpanakha, méchante et repoussante, tomba amoureuse de Râmâ à l’instant même où elle le regardât. En repoussant ses avances, Râmâ mit la démone dans une colère terrible. Pour défendre son honneur, elle fit envoyer la garde de son frère, Khara, avec de plus de quatorze mille homme. La défaite fut foudroyante. Râmâ seul contre une armée entière pu vaincre les hordes démoniaques qui avaient foncé sur lui en moins de deux heures. Khara, frappé en pleine poitrine par Râmâ, tomba mort sur place. L’armée fut complètement anéantie. Seul, le démon Akampana parvient à s’enfuir et partit alerter le Roi des Démons, Râvana. Râvana rugit : « Qui a fait cela ? Ni Indra, ni Kubera, ni Yama, ni même Vishnu, le protecteur de l’Univers n’oseraient m’attaquer sans craindre ma vengeance ! » Râvana tremblait de rage. Akampana parla de Râmâ, de son épouse Sitâ et de Lakshmana qui n’avait même pas du combattre. Akampana suggéra à Râvana de se venger de Râmâ en le privant de son épouse. Râvana approuva l’idée et lorsqu’il en fit part à son conseiller, Mârîcha. Celui-ci fit tout pour persuader Râvana de renoncer à son projet : « Râmâ ne laisserait aucune chance de survie. Évite aux démons de se mesurer à Râmâ, que le monde ne soit pas orphelin de nous ! »
Mais Râvana n’écouta point les conseils de Mârîcha. Par une ruse de sorcier, il réussit à éloigner Râmâ et Lakshmana de Sitâ. Pendant ce temps, Râvana apparu devant Sitâ et l’enleva. Il l’emmena vers le sud, à Lanka sa capitale, sur son char volant. Râvana, les yeux écarquillés de désir, demanda à Sitâ de l’accepter pour époux. Sitâ tremblait de peur et de dégoût. Durant le trajet sur le char volant de Râvana, Sitâ vit Jatâyu et lui demanda de prévenir Râmâ. Sitâ était désespérée car Jatâyu, en essayant de suivre le char dans les cieux, était en train de perdre la vie par sa faute. Pendant ce temps, Râmâ reprochait à Lakshmana d’avoir quitté l’ermitage. Râmâ, terrifiant de fureur, empoigna son arc, le banda et fit résonner la corde. L’effroyable vibration retentit jusqu’au nuages et remplit d’épouvante toue le Création.
V. Râmâ et ses alliés
Cachés dans les éboulis de roches, cinq grands singes en habits de cours surveillaient Râmâ et Lakshmana. C’était les quatres fidèles ministres du roi Surgrîva et Hânuman, le fils du Vent, le puissant singe qui pouvait changer de forme à volonté. Hânuman s’approcha des deux voyageurs sous l’aspect d’un moine errant. Quand il vit qu’il s’agissait d’amis, il les conduisirent à Sugrîva. Râmâ et Sugrîva se jurèrent appui et amitié. Sugrîva ramena à Râmâ un petit paquet qu’avait laissé tomber une femme en survolant la contrée en se dirigeant vers le sud et détenue par un démon. Râmâ ouvrit le petit paquet et reconnu les bijoux de son épouse. Râmâ était fou de joie. Il promit à Sugrîva qu’il l’aiderait à retrouver son trône de Kishkindha, injustement usurpé par son frère, Vâlî, qui lui avait également volé son épouse. Râmâ jugeant le moment venu, encocha une flèche à son arc tout puissant et toucha Vâlî en pleine poitrine et lui dit : « Les souverains doivent punir de mort l’homme qui, dominé par le feu de sa chair, approche l’épouse de son propre frère. » Vâlî reconnu la justesse des propos de Râmâ et confia le trône à Sugrîva avant de s’éteindre. Ainsi, Sugrîva fut couronner sans délai et récupéra son épouse.
VI. La grande recherche
Après 4 mois de mousson, en reconnaissance de l’appui de Râma, Sugrîva ordonna la mobilisation de tous les singes du pays. Sur toute l’étendue de la terre indienne, il ne resta aucun singe qui manqua à l’appel. Râmâ avait toute confiance en Hanuman dont la détermination se lisait sur ses traits. Râmâ remit une bague à Hanuman qui en signe de respect, la mit sur sa tête. Râmâ, Lakshmana, Sugrîva et les autres commandants se rependirent dans les quatre directions de l’espace pour retrouver Sitâ. Le frère de Jatâyu, Sampâti confirma avoir aperçu Râvana traverser la voute céleste en direction de Lankâ, en portant sur son épaule une jeune et belle dame. Les habitants de la forêt savaient maintenant vers quel point diriger leurs recherches. Mais comment atteindre le repaire du démon qui se trouvait à trois cents lieues… ? Hanuman qui avait le pouvoir de prendre la forme qu’il souhaitait se mit soudain à grandir de plus en plus fort. Grand comme une colline, et puis comme une montagne, il prit son élan et bondit dans les airs avec un grand cri de victoire vers Lanka. Son ombre agrandie par la distance courrait comme un fantôme à la surface de l’Océan. Il ressemblait à Garuda, l’aigle de Vishnu. À l’approche de Lankâ, Hanuman se transforma en un petit singe pas plus grand qu’un chat pour mieux fouiller les maisons et les palais de la cité de Râvana qui semblait imprenable. Dans le palais de Râvana, résidait des milliers de jeunes femmes plus belles les unes que les autres. Mais aucune ne ressemblait à Sitâ. Hanuman la chercha dans le jardin d’Ashoka, dernier lieu qu’il n’avait pas encore visité. Soudain, il aperçût la bien-aimé vertueuse épouse de Râmâ. Elle était à la fois désespérée et incroyablement belle. Sitâ était gardée par des démones repoussantes qui la harcelaient pour qu’elle consente aux propositions de Râvana. Sitâ clamait qu’elle n’appartenait qu’à son époux Râmâ, et qu’à lui seul elle était vouée. Hanuman avait entendu les basses propositions de Râvana et la digne réponse de Sitâ. Hanuman se montra à Sitâ et se présenta comme le messager de Râmâ et lui remit le bijou gravé que Râmâ lui avait donné. Il promit à Sitâ de revenir avec Râmâ, à la tête d’une immense armée de singes et d’ours pour foncer sur Lanka et nettoyer la cité de tous les démons. Sitâ rappela à Hanuman que Râvana lui avait donné 12 mois de réflexion et qu’il n’en restait plus que deux avant que le Démon décide de mettre fin à ses jours. Hanuman proposa à Sitâ de l’emporter avec lui mais Sitâ avait promis à Râmâ de ne jamais toucher un autre homme et qu’elle préférait donc l’attendre. Elle remit à Hanuman la précieuse bague gravée du nom de Râmâ.
Hanuman avait réussi à trouver Sitâ et avant de repartir vers Râmâ, il décida de tester la force de l’adversaire. Le fils du Vent enfla comme l’ouragan et se mit à déraciner les arbres du jardin d’agrément de Râvana, détruisit le sanctuaire sacré des démons, fit tournoyer le meilleur guerrier de Râvana dans les airs avant de le lancer en ville tout en profitant de l’occasion pour mieux observer le plan de la ville. Râvana se demanda qui pouvait bien être ce terrible ennemi. Vibhîshana, le plus jeune frère de Râvana, lui conseilla fermement d’éloigner la colère et d’agir vertueusement. Mais Râvana, aveuglé par la colère ordonna de mettre le feu à la queue d’Hanuman, le bien le plus précieux pour un singe. La queue d’Hanuman brûlait et il s’en servit comme d’une torche pour mettre le feu partout hormis dans la demeure de Vibhîshana qui l’avait défendu. La cité royale devient un ardent foyer, les ogres hurlaient de douleur et d’effroi. Victorieux, Hanuman courut à la mer pour tremper sa queue enflammée dans les vagues et repartit en bondissant de joie. Arrivé auprès de Râmâ, Hanuman lui remit la bague que Sitâ lui avait remise… en lui disant qu’il ne fallait pas tarder s’il voulait la sauver dans les temps
VII. La guerre de Justice
Râmâ avait l’appui du roi des Singes, Sugrîva et celui du Roi des Ours, Jâmbavan, ainsi que celui des peuples de la forêt. Pendant ce temps, Râvana était inquiet : Sitâ ne lui avait pas cédé et Râmâ approchait, suivi d’alliés redoutables. Indrajit, fils de Râvana, encourageât son père à s’opposer par les armes à Râmâ. Vibhîshana se tut longuement. Il savait qu’une mauvaise estimation des forces ennemies était la plus sûre des causes de défaite. Et puis, quelle offense avait causée Râmâ ? C’est Râvana qui en ayant enlevé Sitâ avait enfreint le code de conduite des nobles guerriers. La Justice était du côté de Râmâ. Plusieurs signes de mauvaise augure apparaissaient dans Lankâ depuis l’arrivée de Sitâ. Mais les propos pleins de vérité, de douceur et de bienveillance de Vibhîshana ne trouvèrent aucun écho auprès de son frère Râvana. Vibhîshana lui dit : « Tu es mon frère aîné Râvana. Je dois te respecter comme un père. Mais tu ne marches pas sur la voie de la vertu. Je vois la mort rôder autour de toi, elle a déjà passé sa corde à ton coup. Tu vas périr comme une maison en flammes. » Sur ce, Vibhîshana partit à la rencontre de Râmâ au nom de la paix. Râmâ vit que Vibhîshana était sincère et lui promit de tuer Râvana pour faire de lui le Roi de Lanka une fois Râvana vaincu.
Râmâ, Lakshmana, Sugrîva et des millions de singes et d’ours approchaient irrésistiblement la cité de Lanka. L’assaut fut donné. Râvana était blême de dépit. Son funeste entêtement l’empêchait de se rendre à l’évidence : les fils de Dasharatha étaient invincibles. Râmâ tua le frère de Râvana, Kumbhakarna, la terreur des Dieux qui menaçait de détruire toute l’armée. Ensuite, ce fut le fils ainé de Râvana, Indrajit, avide de sang et de victoire qui perdit la vie par l’arme céleste de Râmâ. L’armée entière de Râvana fut emportée comme une balle de paille séchée au vent. Râvana, fou de rage, alla à la rencontre de Râmâ. Râmâ saisit alors l’arme effrayante crée par Brahmâ, le père de l’univers pour Indra. L’arme fatale plongea dans la poitrine de Râvana et lui arracha la vie. Ainsi la Terre fut délivrée du démon Râvana.
VIII. Râmâ le bon roi
Râmâ remercia avec reconnaissance tous ceux qui l’avaient aider. Il embrassa Sugrîva et fit, comme promi, installer Vibhîshana sur le trône de Lankâ. Hanumân entra dans le jardin Ashoka et dit à Sitâ : « La mission de Râmâ est accomplie, aidé par son valeureux frère, par les habitants de la forêt et leurs rois, et par Vibhîshana. La guerre est finie. » Vibhîshana conduisit la princesse Sitâ à travers la foule vers son époux bien-aimé. Râmâ étreignit Sitâ, fou de bonheur.
Après les 14 années d’exil, Râmâ et les siens prirent le chemin vers Ayodhyâ avec le véhicule divin, le char Pushpaka de Vibhîshana. Hanumân était déjà parti annoncer la nouvelle à Bharata qui s’évanouit de joie à cette nouvelle. Pushpaka, le gigantesque char aérien, venait d’apparaître dans le ciel d’Ayodhyâ telle une montagne volante. Le peuple criait de joie : « Bénie est on arrivée, ô Râma. » Râmâ et Sitâ furent sacrés roi et reine d’Ayodhyâ et furent béni par les dieux gardiens de l’espace. Râmâ embrassa tous ses compagnons. Il demeura un mois entier parmi eux. Ce fut un festin continuel. Après cela, singes, ours et démon s’inclinèrent devant Râmâ et retournèrent dans leur pays. Râmâ pouvait maintenant, le cœur libre, se tourner vers Sitâ.
Epilogue
Râmâ partit là où l’appelaient ses devoirs. Il demanda à ses amis et conseillers « Que pensent de moi les habitants d’Ayodhyâ ? Le jugement de mon peuple m’importe. » On lui répondit après quelque hésitation que le peule le blâmait d’avoir repris Sitâ, restée si longtemps dans la maison de Râvana. Râmâ n’apprécia pas que ces bruits le déshonorent car les hommes vertueux tiennent à leur honneur. Écrasé de douleur, Râmâ demanda à son frère Lakshmana de partir dès l’aube en emmenant Sitâ au-delà des confins du royaume. Lakshmana eut la lourde tâche d’annoncer à Sitâ qu’elle était répudiée par Râmâ qui ne pouvait supporter les reproches de son peuple. Sitâ s’affaissa à terre. Elle était chancelante mais respecta les ordres de son bien-aimé mari. Ainsi Sitâ resta parmi les ermites. Elle mit au monde des jumeaux, Lava et Kusha, deux beaux garçons que les sages élevèrent et instruisirent sous la surveillance personnelle de Vâlmîki.
Râmâ régnait depuis plusieurs années dans son royaume lorsqu’il décida d’accomplir l’offrande du cheval. Vâlmîki, se rendit aux festivités accompagné de ses deux jeunes disciples, Lava et Kusha. Râmâ les remarqua immédiatement. Il leur demanda de reprendre leur chant qu’il venait d’interrompre. Râmâ n’avait rien entendu d’aussi beau. Tous les personnes présentes remarquèrent la ressemblance des deux jeunes gens avec Râmâ. Râmâ leur demanda : « Quel est le nom de ce divin poème ? ». Les jeunes lui répondirent : « Vâlmikî, le grand sage, est le père de cette épopée, elle s’appelle le Râmâyana car elle retrace ta porpre vie, o roi. » Râmâ reconnut ses propres fils. Vâlmikî s’approcha et parla à Râmâ : « Ces deux jumeaux sont tes fils. Sitâ, ton épouse irréprochable, pour laquelle son mari est Dieu, témoignera ici, face au peuple. » Sitâ témoigna : Si, dans mes pensées intimes, j’ai été fidèle à Râmâ, viens déesse de la Terre, emmène ta fille, o mère. » Sitâ avait à peine terminé que la déesse de la Terre accueillit sa fille. Sitâ était retournée au sein de la Terre ayant offert la preuve suprême de sa fidélité envers Râmâ. Râmâ restait seul avec son malheur. Sa vie sans Sitâ lui semblait plus vide qu’un désert. Bientôt, il fut âgé et juste avant que la Mort ne vienne le chercher, il partagea son royaume entre ses deux fils, Lava et Kusha.
Ainsi fini le Râmâyana, l’histoire du prince Râmâ, ce poème de Vâlmîki, l’ascète inspiré devenu poète : le Râmâyana, épopée du Seigneur suprême et de son épouse, qui vécurent la vie des hommes à travers la souffrance et l’amour.
Les sages proclament : « Tant que les sommets et les mers sculpteront ce morceau de terre, le Râmâyana vivra toujours sauvant les hommes par l’amour. »
Ce poème qui lave
Les pêchés du monde
Apporte à celui qui le récite
Santé, richesse et paix profonde.
Qui lit un seul vers de cette épopée
Est à l’instant purifié :
Il jouira d’une longue vie,
Il goûtera la joie du Paradis.
Ceux qui lisent le Râmâyana matin et soir
Voir se réaliser tous leurs espoirs :
Ils vivent à l’abri de tout adversité,
Ils habiteront au royaume de l’éternelle Félicité.
Laurence de Vestel, Février 2017 – © Oltome.com
Si vous avez aimé le Râmâyana, vous aimerez immanquablement le Mahabharata raconté par Jean Claude Carrière.
Le Râmâyana, une découverte magique ! Un des plus importants monuments de la littérature universelle qui se lit comme un roman. Le Râmâyana est l’épopée qui raconte les exploits du prince Râmâ, dans le Nord de l’Inde, il y a 3000 ans. Le Râmâyana a été écrit par un poète de génie, Vâlmîki. Il dépeint la société guerrière de l’Inde de son temps attaché un code d’honneur analogue aux règles de la chevalerie médiévale européenne.
Les grandes lignes de l’épopée : à la veille de sa consécration comme héritier du trône, Râmâ, si cher à ses citoyens est victime d’une intrigue et doit partir pour l’exil. Sitâ, sa jeune épouse, et Lakshmana, un de ses frères veulent l’accompagner. Après plusieurs aventures dans la forêt, Sitâ est enlevée par Râvana, le roi des démons. Aidé par les peuples de la Forêt, les singes et les ours, Râmâ et son frère partent à la recherche de Sitâ…
Le Râmâyana est sans doute le livre le plus représentatif de l’âme indienne. Il fait ainsi partie intégrante de l’atmosphère culturelle du pays. Les Indiens en sont véritablement imprégné et ce quotidiennement. Le Râmâyana est un grand poème d’amour qui dans un noble langage, chante l’amour filial et la tendresse conjugale, le sentiment fraternel et l’affection des amis.