Résumé du livre de Carl Gustav Jung, « Ma vie »
« Ma vie est l’histoire d’un inconscient qui a accompli sa réalisation. Tout ce qui gît dans l’inconscient veut devenir événement et la personnalité veut se déployer à partir de ses conditions inconscientes et se sentir vivre en tant que totalité. Ce que l’on est selon son intuition intérieure ne peut s’exprimer qu’au moyen d’un mythe. J’écris ici le mythe de ma vie.»
Extraits
Seul, je m’asseyais sur une (ma) pierre. Un jeu de pensées prenait forme : « Je suis assis sur cette pierre, je suis en haut, elle est en bas ». Mais la pierre pouvait aussi bien dire : « Moi, je… il est assis sur moi… » Suis-je celui qui est assis sur la pierre ou suis-je la pierre sur laquelle il est assis. Qui est quoi ?
A 12 ans, je reçus un coup de poing d’un garçon de ma classe. Au moment du choc, ma première pensée fut « Maintenant tu ne seras plus obligé d’aller à l’école ! ». Je tombais en syncope chaque fois qu’il était question d’y retourner Cela dura 6 mois, jusqu’au jour où j’entendis mon père confier à son vieil ami qu’il se demandait ce qu’il ferait de moi si j’étais dans l’incapacité de gagner ma vie. Cette violente confrontation à la réalité, me fit reprendre goût au travail et mes syncopes disparurent. C’est ainsi que j’appris ce qu’était une névrose. J’avais compris que j’avais monté cette histoire moi-même. Mon camarade qui m’avait renversé avait été « désigné » pour me faire réaliser que j’avais été dupe de moi-même. Je me suis alors mis à être consciencieux de moi-même et me suis plongé dans la nature, dans son essence, loin de tout monde humain.
Un autre événement me fit réaliser que j’étais moi. Je fus invité dans une famille. J’avais fait une bêtise en empruntant une barque qu’on m’avait interdit d’utiliser. Le maître de maison m’administra un sermon de première classe. D’un côté, je dus admettre que je méritais la semonce pour avoir mal agi. D’un autre côté, je fus furieux que cet homme ait osé m’insulter, moi ! D’un seul coup, me tomba la question « Qui es-tu, toi ? » Deux personnages cohabitaient en moi.
Au sujet de Dieu, sur lequel on m’avait appris combien il était grand et belle sa création, je m’interdis de continuer à penser… Impossible. Je rassemblai tout mon courage pour laisser émerger l’idée de Dieu assis sur son trône et de voir de dessous le trône un énorme excrément tombé sur le toit neuf et chatoyant de l’église. Je détenais un immense secret.
Assis sur ma pierre, j’étais la somme de mes émotions et la pierre intemporelle un autre en moi. J’étais 2. L’un, le fils de ses parents, et l’autre, un adulte. Une personnalité inoffensive et humaine et l’autre redoutable. Au début, je n’avais pas encore vu de différence entre les personnalités 1 et 2, j’avais revendiqué la 2 comme mon monde personnel avec le sentiment qu’il existait à l’arrière plan la participation de quelque chose qui n’était pas moi. Des événements me poussaient dans le monde de Dieu et de l’infini et la personnalité 2 m’était de plus en plus désagréable car elle m’isolait des autres.
Je remarquais que seul le petit verre de trop me mettait dans un état de conscience où il n’y avait plus d’intérieur, d’extérieur, de moi ou d’autrui, de 1 ou de 2. Tout était Un. Mais une fois ce dérivatif écarté, la personnalité 1 souffrait de l’existence de la personnalité 2 pour se sentir légère.
Je fis un rêve inoubliable : dans la nuit j’avançais contre la tempête avec une petite bougie à la main que je m’efforçais de maintenir allumée. Je compris que la petite flamme que je portais en marchant vers l’avant était ma conscience, la seule lumière que je possédais. Ma seule connaissance immensément petite comparée aux ténèbres qui étaient derrière moi mais c’était tout de même une lumière, ma seule lumière. Je réalisai que la personnalité 1 était celle qui portait la lumière, et que la personnalité 2 la suivait comme une ombre. Ma tâche consistait à avancer sans se retourner en arrière, vers la lumière, aller de l’avant contre la tempête qui cherchait à me faire reculer dans l’obscurité immense du monde où l’on ne voit rien que les surfaces de secrets insondables. Je devais avancer vers mes études.
Une coupure s’était faite entre la personnalité 1 et 2 qui me rapprochait de ma personnalité 1 et rendait ma personnalité 2 autonome. L’aspect clair du numéro 2 était son caractère historique, son élargissement dans le tems, son intemporalité. Peu de temps après, en un éclair, comme par une illumination, j’avais compris qu’il ne pouvait y avoir pour moi d’autre but que la psychiatrie. Elle seule pouvait confluer les deux fleuves de mon intérêt et se creuser leur lit en un parcours commun. Ma décision était ferme, je savais quel était mon destin.
A l’époque, la psychiatrique ne jouissait pas d’un haut prestige. (Freud était neurologue pas psychiatre). L’enseignement d’alors faisait abstraction de la personnalité du malade en se contentant de faire des diagnostics et des statistiques. J’appris qu’en se penchant sur mes malades, pour les comprendre, je devais me pencher sur leur destin et les drames de leur vie. Si nous n’en comprenons pas le sens, cela ne dépend que de nous. Nous ne découvrons chez le malade mental rien de neuf et d’inconnu : nous rencontrons la base même de notre propre nature.
Je me mis à étudier la mythologie pour aider le malade à se comprendre lui-même pour lui permettre d’établir des comparaisons avec les idées collectives. L’âme est bien plus inaccessible que le corps. Elle est cette moitié du monde qui n’existe que dans la mesure où l’on en prend conscience. L’âme est non seulement un problème personnel mais un problème du monde entier. C’est à ce monde entier que le psychiatre a affaire. Le danger qui nous menace ne vient point de la nature mais des hommes, de l’âme de l’individu et de celle de tous. Le psychothérapeute doit comprendre son malade mais il est indispensable qu’il se comprenne lui-même. La thérapie du malade commence dans la personne du médecin.
On ne peut réagir seulement avec son conscient. On doit se demander « Comment mon inconscient vit-il cette situation ? ». Il faut donc s’efforcer de comprendre ses propres rêves et s’observer aussi minutieusement que le malade.
Ayez un confesseur ! Homme ou femme. Les femmes sont très douées pour ce rôle. Elles ont une intuition souvent excellente, une critique pertinente et peuvent percer à jour le jeu des hommes, et les intrigues de leur anima. Elles découvrent des aspects que l’homme ne voit pas. C’est pourquoi jamais encore une femme n’a été convaincue que son mari était un surhomme.
Freud affirmait que le trauma sexuel était la cause du refoulement. Il ne voulait, contrairement à moi, admettre aucun autre facteur que la sexualité. Je ne puis m’entendre avec lui à cause de sa volonté personnelle de puissance. Lors de notre voyage aux USA en 1909 qui dura sept semaines, il me lança « Je ne puis pas perdre mon autorité »… A ce moment même il l’avait perdue !
Les hommes qui ne savent rien de la nature sont des névrosés, car ils ne sont pas adaptés à la réalité. Ils ne parviennent pas à abandonner leurs enfantillages, à sortir de leur boue quotidienne. Le maître (Freud) lui-même ne parvenait pas à sortir de sa propre névrose.
Feud a donné à notre civilisation un élan nouveau qui consiste dans sa découverte d’un accès à l’inconscient. En reconnaissant le rêve comme la plus importante source d’informations sur les processus de l’inconscient, il a arraché au passé et à l’oubli une valeur, qui semblait irrémédiablement perdue.
Le petit garçon qui était encore en moi possède une vie créatrice qui me manque aujourd’hui. Comment puis-je parvenir jusqu’à elle ? Je me remis à jouer. Cela n’alla pas sans susciter l’expérience douloureuse de l’humiliation de ne pouvoir rien faire d’autre que de jouer. Je me mis aux constructions. Mes pensées se clarifiaient et je pouvais appréhender de façon plus précise des imaginations dont je n’avais jusque-là en moi qu’un pressentiment trop vague. Mais que fais-tu ? Tu construis une petite agglomération comme s’il s’agissait d’un rite. J’avais la certitude intérieure que j’étais sur la voie qui me menait vers mon mythe. La construction déclenchait tout un courant de phantasmes que par la suite j’ai notés avec le plus grand soin… Par la suite, chaque fois que je me sentais « bloqué », je sculptais ou jouais. C’était un rite d’entrée qui amenait pensées et travaux.
La clarification de mes idées m’amena à avoir fréquemment des visions. Une vision vers l’automne 1913 annonçait la première guerre mondiale.
Dans mon imagination, le personnage de Philémon m’apparut. Philémon m’apporta la connaissance qu’il existe dans l’âme des choses qui se font d’elles-mêmes et qui ont leur vie propre. Philémon représentait une force que je n’étais pas. J’avais avec lui des conversations que je n’aurai pas pensées consciemment. C’était lui qui parlait, pas moi. Grâce à lui, la différenciation entre moi et l’objet de ma pensée se clarifia. Une instance en moi pouvait énoncer des dires que je ne savais pas. Il était pour moi ce que les Indiens appellent un guru. Rien ne me semblait plus précieux et plus désirable que d’avoir un guru réel et concret. Philémon était mon guru réel et concret. D’autres personnages apparurent.
Un jour, je me demandais ce que je faisais… tout cela n’avait rien à voir avec la science. Une voix dit en moi : « C’est de l’art ». Je savais que la voix provenait d’une femme qui éprouvait un fort transfert à mon égard. Elle était devenue un personnage vivant à l’intérieur de moi-même.
Je compris qu’il s’agissait dans cette figuration féminine en moi d’une personnification typique dans l’inconscient de l’homme. Je me dis qu’il s’agissait probablement de l’âme. Je la désignai du terme anima. La figure correspondante dans l’inconscient de la femme s’appelait animus.
Tout d’abord, l’aspect négatif de l’anima m’impressionna. J’annotais mes imaginations. J’écrivais alors une autre partie de moi qui défendait un autre point de vue que celui de mon conscient et je recevais à ma grande surprise des réponses assez extraordinaires. Je me faisais l’impression d’être un patient en analyse auprès d’un esprit féminin. « Abandonne ce que tu possèdes et tu recevras ! ». L’anima transmet au conscient les images de l’inconscient.
La famille me prouvait que j’étais réellement un homme existant et banal. Contrairement à Nietzsche qui avait perdu le contact avec le sol sous ses pieds parce qu’il ne possédait rien d’autre que le monde intérieur de ses pensées, je gardais de vue ce monde-ci et cette vie-ci. « Hic Rhodus, hic salta ». C’est ici que tu dois danser.
Je portais en moi des pensées à propos desquelles, je ne pouvais parler avec personne. Cela n’aurait donné lieu qu’à des malentendus. J’éprouvais de la façon la plus aiguë l’opposition entre le monde extérieur et le monde intérieur. Je ne pouvais pas encore saisir le jeu harmonieux de ces deux mondes dont je suis aujourd’hui averti. Je ne voyais alors qu’un contraste inconciliable entre l’extérieur et l’intérieur. Je commençais alors à dessiner des mandalas qui expriment le soi, la totalité de la personnalité qui, si tout va bien, est harmonieuse, mais qui ne tolère pas que l’on s’abuse soi-même. Le mandala exprime le centre, tous les cheminements, il mène vers le milieu et vers l’individuation.
Les expériences des alchimistes étaient mes expériences et leur monde était le mien. En découvrant l’alchimie, je discernais clairement que l’inconscient est un processus et que les rapports du moi à l’égard de l’inconscient et de ses contenus déclenchent une évolution, voir une métamorphose véritable de la psyché.
En plaçant mes imaginations sur la terre ferme, j’eus la certitude de vouloir bâtir au bord de l’eau, une demeure qui soit un accueil et un abri où se trouverait un espace fermé pour moi seul qui serait le recoin de la réflexion et de l’imagination. J’ai renoncé à l’électricité, j’allume moi-même le foyer. Je vais à la pompe moi-même pour me ravitailler en eau. Je casse le bois et fais la cuisine. Ces travaux simples rendent l’homme simple et il est bien difficile d’être simple. Je suis plongé dans le silence et l’on y vit modestement en harmonie avec la nature. Ici, s’atténue le tourment de créer. Qu’il fasse froid ou pas, Dieu est là !
Alors que je travaillais à mon arbre généalogique, j’avais le sentiment fort d’être sous l’influence de problèmes laissés non résolus par mon ancêtre. Comme si un karma impersonnel se transmettait des parents aux enfants. J’avais à répondre à des questions que le destin avait posées à mes ancêtres. Les problèmes sont sans doute plus tôt de nature générale qu’individuelle. Le trouble dans la sphère personnelle est bien souvent du à la situation collective.
Notre âme, comme le corps, est composée d’éléments qui tous ont déjà existé dans la lignée des ancêtres. Le nouveau dans l’âme individuelle est une recombinaison de composantes anciennes. Nous sommes loin d’avoir liquidé le Moyen Age ou l’Antiquité et d’avoir répondu à leur propos aux exigences de notre psyché. Nous sommes néanmoins jetés dans une cataracte du progrès, vers l’avenir avec une violence qui nous arrache à nos racines. La perte de relation avec le passé crée un tel malaise dans la civilisation et une telle hâte de vouloir nous évader du passé, nous propulse à vouloir vivre dans l’avenir chimérique et enfantin. Nous ne vivons plus que de promesses. Moins nous comprenons ce que nos ancêtres ont cherché, moins nous nous comprenons nous-mêmes et nous contribuons de toutes nos forces à dépouiller l’individu des ses instincts et de ses racines, si bien que devenu particule de la masse, il n’obéit plus qu’à l’esprit de pesanteur.
Mais là où est le danger, grandit aussi le salut qui est la possibilité que nous avons de rendre consciente l’action inconsciente au moyen de rêves d’avertissement.
Tout ce qui m’irrite chez les autres peut servir ma connaissance de moi-même. Je ne comprends l’Angleterre qu’à partir du moment où, en tant que Suisse, je discerne où je ne suis pas adapté à son ambiance.
Personne ne peut se soustraire à l’impression puissante que fait le soleil et pourtant, voir ces indiens (rencontrés lors d’un voyage en Amérique Latine) très dignes et saisis d’une émotion qu’ils ne pouvaient dissimuler lorsqu’ils parlaient du soleil fut pour moi une expérience nouvelle et profonde. Ces Indiens étaient persuadés que s’ils devaient arrêter leurs pratiques religieuses, le Soleil ne se lèverait plus d’ici 10 ans. Chacun avait la certitude sereine d’être le fils du Soleil. Le sens de leur vie était d’assister leur Père dans son lever et son coucher quotidiens. Que l’homme se sente capable d’apporter une réplique pleinement valable à l’influence de Dieu et de lui fournir en retour un apport essentiel fait naître un sentiment fier qui élève l’individu humain à la dignité d’un facteur métaphysique. Dieu et nous. Un tel homme est à sa place.
Ce que la nature laisse incomplet, l’art le parfait. L’homme est indispensable à la perfection de la création. Il en est lui-même le second créateur sans lequel le monde se déroulerait dans la nuit la plus profonde du non être.
Lors de mes voyages, sans téléphone, télégrammes, lettres… mes forces psychiques libérées plongeaient à nouveau dans l’immensité du monde originel.
Les relations affectives sont des relations de désir et d’exigences, alourdies par des contraintes et des servitudes. On attend quelque chose de l’autre, ce par quoi cet autre et soi-même perdent leur liberté. La connaissance objective se situe au-delà des intrications affectives, elle semble être le mystère central et elle seule rend possible la véritable conjonction.
La connaissance de soi est celle qui conduit à la connaissance de Dieu. La question décisive de l’homme est te réfères-tu ou non à l’infini ? Si je sais que l’illimité est l’essentiel, je n’attache pas mon intérêt à des futilités. Si je l’ignore, j’insiste pour que le monde me reconnaisse une certaine valeur que je conçois comme propriété personnelle : mes dons, ou ma beauté. Plus l’homme met l’accent sur une fausse possession, moins il peut sentir l’essentiel et plus il manque de satisfaction dans la vie. Il se sent limité, borné, il en résulte envie et jalousie. Si nous nous sentions rattachés à l’infini, désirs et attitudes se modifient. La plus grande limitation de l’homme est le Soi : Je ne suis que cela ! Seule la conscience de ma limitation dans mon Soi me rattache à l’illimité de l’inconscient. Quand j’ai conscience de cela, je m’expérimente à la fois comme limité et éternel.
L’homme est devenu la proie de l’inconscience. Sa tâche majeure serait de créer de la conscience. Le seul sens de l’existence humaine est d’allumer une lumière dans les ténèbres de l’être pur et simple. Il y a même lieu de supposer que l’accroissement de notre conscience a une action en retour sur l’inconscient.
On ne peut se débarrasser du mal, mais apprendre à composer avec lui car il veut participer à la vie. Le bien comme le mal représentent des jugements. L’individu est tellement inconscient qu’il ne se rend pas compte de ses possibilités de décision et préfère rechercher des règles et des lois auxquelles il puisse se tenir. Qui veut répondre au problème du mal doit avoir une connaissance approfondie de lui-même dans sa totalité. Nous avons besoin de psychologie pour des raisons vitales : nous ne possédons aucune imagination dans le mal mais elle, elle nous possède.
L’homme rapporte tout à lui lorsqu’il commence à penser en termes psychologiques et qu’il croit que tout provient de son intention et de lui-même. Il présuppose avec naïveté qu’il connaît tous ces domaines et qu’il sait ce qu’il est. C’est la faiblesse de sa conscience et la crainte corrélative de l’inconscient qui l’empêchent de distinguer ce qu’il a inventé intentionnellement de ce qui lui est parvenu à partir d’une autre source.
Ce n’est pas Dieu qui est un mythe, mais le mythe qui est la révélation d’une vie divine dans l’homme. Ce n’est pas nous qui inventons le mythe, c’est lui qui nous parle comme « Verbe de Dieu », c’est à dire comme inspiration et révélation de ce que les réalités de « l’autre côté » ont de numineux.
La solitude ne naît pas de ce que l’on n’est pas entouré d’êtres mais bien plus de ce que l’on ne peut leur communiquer les choses qui vous paraissent importantes. Quand l’homme en sait plus long que les autres, il devient solitaire. Mais la solitude n’est pas nécessairement en opposition à la communauté, car nul ne ressent plus profondément la communauté que le solitaire et la communauté ne fleurit que là où chacun se rappelle sa nature et ne s’identifie pas aux autres.
Il est important que nous ayons un secret et l’intuition de quelque chose d’inconnaissable. Ce mystère emplit la vie d’une nuance d’impersonnel, d’un numinosum. L’homme doit sentir qu’il vit dans un monde qui est mystérieux : ce n’est qu’alors que la vie est entière.
Numinosum : Etre surnaturel pour désigner ce qui est indicible, mystérieux, la qualité dont l’homme fait l’expérience immédiate et qui n’appartient qu’à la divinité
Névrose : Etat de désunion avec soi-même causé par l’opposition des besoins instinctifs et des impératifs de la civilisation, des caprices infantiles et de la volonté d’adaptation, des devoirs individuels et des devoirs collectifs.
Rêve : Une porte étroite et dissimulée dans ce que l’âme a de plus obscur et de plus intime, sur cette nuit originelle où l’être humain était un tout et où le Tout était en lui, sur cette nuit originelle qui préformait l’âme bien avant l’existence de la conscience du moi et qui la perpétuera bien au-delà de ce qu’une conscience individuelle aura jamais atteint.
Laurence de Vestel, Janvier 2016 – © Oltome.com
« Ma vie, souvenirs, rêves et pensées » est absolument un livre exceptionnel ! Magnifique livre à ne pas manquer ! Pour tout ceux qui aimerait faire un voyage de leur « intériorité » avec Carl Gustav Jung qui vous accompagne tout en s’explorant dans et de son propre « intérieur ». C’est 4 ans avant de mourir que Jung entreprend à l’âge de 83 ans «de raconter le mythe de sa vie, l’histoire d’un inconscient qui a accompli sa propre réalisation.» Cette synthèse reprend des extraits des souvenirs, rêves et pensées que Jung rapporte fidèlement sur sa vie à Aniela Jaffé, psychanaliste et secrétaire de l’Institut Carl Jung à Zurich. Quel livre ! « Ma vie est l’histoire d’un inconscient qui a accompli sa réalisation. Tout ce qui gît dans l’inconscient veut devenir événement et la personnalité veut se déployer à partir de ses conditions inconscientes et se sentir vivre en tant que totalité. Ce que l’on est selon son intuition intérieure ne peut s’exprimer qu’au moyen d’un mythe. J’écris ici le mythe de ma vie.»
Jung raconte ses souvenirs, rèves et pensées…
« On ne peut se débarrasser du mal, mais apprendre à composer avec lui car il veut participer à la vie. Le bien comme le mal représentent des jugements. L’individu est tellement inconscient qu’il ne se rend pas compte de ses possibilités de décision et préfère rechercher des règles et des lois auxquelles il puisse se tenir. Qui veut répondre au problème du mal doit avoir une connaissance approfondie de lui-même dans sa totalité. Nous avons besoin de psychologie pour des raisons vitales : nous ne possédons aucune imagination dans le mal mais elle, elle nous possède.
Il est important que nous ayons un secret et l’intuition de quelque chose d’inconnaissable. Ce mystère emplit la vie d’une nuance d’impersonnel, d’un numinosum. L’homme doit sentir qu’il vit dans un monde qui est mystérieux : ce n’est qu’alors que la vie est entière.