"Si vous possédez une bibliothèque et un jardin, vous avez tout ce qu'il vous faut." Ciceron

Puissance du mythe

Synthèse & résumé À propos du livre Biographie de l'auteur

Résumé du livre de Joseph Campbell « Puissance du mythe »

 

« La cause secrète de toute souffrance est cette mortalité qui est inséparable de la vie.  Qui affirme la vie ne peut nier son caractère éphémère. »

Extrait du Coran : « Pensez-vous pouvoir entrer dans le jardin d’Allah sans affronter les épreuves qui ont été le lot de vos prédécesseurs ? »

I. LE MONDE MODERNE ET LE MYTHE

« Certains pensent que nous cherchons avant tout à donner un sens à notre vie.  Là ne réside pas notre quête.  Nous voulons plutôt nous sentir vivants.  Nous voulons goûter, une fois au moins la plénitude de cette expérience de façon que tout ce que nous vivons sur le plan physique éveille un écho au plus profond de notre être, de notre réalité intime.  Ainsi, nous pourrons véritablement faire l’expérience de cette sensation extatique : être vivant. »
Les mythes enseignent à regarder à l’intérieur de nous, à saisir l’expérience qu’est la vie qu’ils racontent.  Ils sont le chant de l’imagination inspirée par l’énergie vitale.  Les thèmes des mythes sont universels.  C’est la culture qui les différencie.  Nous avons besoin de mythes qui permettent de s’identifier à l’humanité entière, de se faire sentir faire partie d’un tout.
Tous les rituels relèvent de la mythologie.  Ils symbolisent notre passage d’un rôle à l’autre, l’abandon de l’ancien et l’acceptation du nouveau, l’engagement au sein d’un nouveau (cérémonie de mariage, cérémonie d’entrée en fonction d’un juge ou d’un Président, endosser l’uniforme,…)
Aujourd’hui la société à perdu ses mythes et ses rites.  Autrefois un enfant parlais, raisonnais, pensais comme un enfant et le rite de la puberté lui indiquait clairement le moment où il entrait dans l’âge adulte, le moment où il pouvait laisser là ce qui était de l’enfant.  Les mythes fournissent des modèles de vie, que par l’intermédiaire de la religion, l’enfant prenait au sérieux, assimilait à sa vie et s’en nourrissait.  Faute d’être adaptées à l’époque à laquelle nous vivons, nos enfants ne croient plus dans les religions que nous leur avons enseignées mais ils en font l’expérience intérieure grâce à la drogue…
A Beyrouth, les trois grandes religions monothéistes ne peuvent cohabiter ensemble.  Chacune affirme qu’elle est l’Elue et a le vrai Dieu. Au lieu d’ensemble assumer leur propre mythe qui comportent tous les mêmes éléments et de le vivre jusqu’au bout (aimez vos ennemis, soyez accueillant, ne jugez pas autrui) elle se discréditent aux yeux des générations futures et ne parviennent pus à appliquer leurs idées religieuses à la vie contemporaine et aux êtres humains.
Les Etats-Unis avaient réussi à unifier le mythe sur son territoire. Prenez un billet d’un dollar.  Regardez le Grand Sceau.  C’est l’énoncé des idéaux qui ont présidé à la création des Etats-Unis.
A gauche, se trouve la Pyramide avec ses 4 points cardinaux.  Au bas de la pyramide, vous êtes d’un côté ou de l’autre.  Quand vous montez au sommet, là où tous les points convergent, vous avez la vision de Dieu, le Dieu de la raison, cette raison dont sont capables tous les hommes, le principe fondamental de la démocratie. « En Dieu, nous plaçons notre foi ».  L’oeil s’est ouvert à la beauté divine.  La pyramide comporte 13 degrés et avec à sa base l’inscription 1776, âge auquel les 13 colonies d’Amérique proclamèrent leur indépendance.  Si on additionne 1776, c’est 21, l’âge de raison.  Le chiffre 13 est celui de la transformation, de la renaissance dans une nouvelle vie. (On peut voir 13étoiles qui font une étoile de David
- une pyramide à  13étages
- 13lettres qui compose le mot ‘Annuit Coeptis’
- 13rayures du drapeaux
- 13trous sur le compas 
- 13fruits et 13feuilles sur la droite de l’aigle
- 13flèches sur la gauche de l’aigle)
A droite du billet, il y a l’aigle, le principe divin incarné qui descend dans le monde de l’action, l’action de la guerre et de la paix.  Dans une serre, il tient la branche de laurier, symbole de paix et vers lequel il regarde.  Dans l’autre serre, il tient  treize flèches au cas où ses relations diplomatiques ne marcheraient pas.
Au dessus de la tête de l’aigle, l’étoile de David (le sceau du Roi Salomon qui avait coutume de sceller dans des jarres les monstres et les géants) est composée de 13 étoiles dont l’assemblage représente la grande thèse de la démocratie qui présume que tout homme d’ou qu’il vienne peut prendre la parole et dire la vérité car son esprit n’est pas coupé de celle-ci.  Tout ce qu’il doit faire c’est maîtriser ses passions, gouverner avec sagesse, depuis le sommet du triangle, au niveau de l’œil divin.
Lors de la Première Guerre mondiale, les américains ont  annulé la Déclaration d’indépendance en rejoignant la Grande-Bretagne dans sa conquête du globe.  En ayant pris parti, ils ne se sont plus trouvé au dessus de la mêlée mais dans la dualité, sur l’un des côtés de la pyramide.  Les américains n’ont plus représenté ce principe symbolisé par l’œil au-dessus du triangle.  En écoutant leur passion, la raison a été annihilée.
Le billet américain a été créé par un ordre maçonnique qui a voulu recréer un ordre initiatique qui conduirait à la révélation spirituelle.  Si on reproduit la croix de David sur le côté pyramide, chaque pointes de l’étoile de David (qui est la marque hindou de Vishnou) pointent une lettre):
A S N O M= M A S O N= Franc-Maçon.
Nous devons apprendre à rétablir l’harmonie entre la sagesse de la nature et nous, à retrouver le sens de la fraternité avec le monde animal.  Dieu est en toute chose.
Voici la lettre du chef Seattle en 1852 à l’attention du gouvernement des Etats-Unis qui voulait acquérir les terres de sa tribu.
«Le Grand Chef de Washington nous a fait part de son désir  d’acheter notre terre.
Le Grand Chef nous a fait part de son amitié et de ses sentiments bienveillants. Il est très généreux, car nous savons bien qu’il n’a pas grand besoin de notre amitié en retour. Cependant, nous allons considérer votre offre, car nous savons que si nous ne vendons pas, l’homme blanc va venir avec ses fusils et va prendre notre terre. Mais peut-on acheter ou vendre le ciel, la chaleur de la terre ? Etrange idée pour nous !
Si nous ne sommes pas propriétaires de la fraîcheur de l’air, ni du miroitement de l’eau, comment pouvez-vous nous l’acheter ? Le moindre recoin de cette terre est sacré pour mon peuple. Chaque aiguille de pin luisante, chaque grève sablonneuse, chaque écharpe de brume dans le bois noir, chaque clairière, le bourdonnement des insectes, tout cela est sacré dans la mémoire et la vie de mon peuple. La sève qui coule dans les arbres porte les souvenirs de l’homme rouge.  Les morts des hommes blancs, lorsqu’ils se promènent au milieu des étoiles, oublient leur terre natale. Nos morts n’oublient jamais la beauté de cette terre, car elle est la mère de l’homme rouge; nous faisons partie de cette terre comme elle fait partie de nous.
Les fleurs parfumées sont nos soeurs, le cerf, le cheval, le grand aigle sont nos frères; les crêtes des montagnes, les sucs des prairies, le corps chaud du poney, et l’homme lui-même, tous appartiennent à la même famille. Ainsi, lorsqu’il nous demande d’acheter notre terre, le Grand Chef de Washington exige beaucoup de nous.
Le Grand Chef nous a assuré qu’il nous en réserverait un coin, où nous pourrions vivre confortablement, nous et nos enfants, et qu’il serait notre père, et nous ses enfants. Nous allons donc considérer votre offre d’acheter notre terre, mais cela ne sera pas facile, car cette terre, pour nous, est sacrée.
L’eau étincelante des ruisseaux et des fleuves n’est pas de l’eau seulement; elle est le sang de nos ancêtres. Si nous vous vendons notre terre, vous devrez vous souvenir qu’elle est sacrée et vous devrez l’enseigner à vos enfants, et leur apprendre que chaque reflet spectral de l’eau claire des lacs raconte le passé et les souvenirs de mon peuple. Le murmure de l’eau est la voix du père de mon père.

Les fleuves sont nos frères; ils étanchent notre soif.  Les fleuves portent nos canoës et nourrissent nos enfants. Si nous vous vendons notre terre, vous devrez vous souvenir que les fleuves sont nos frères et les vôtres, et l’enseigner à vos enfants, et vous devrez leur témoigner la bonté que vous auriez pour un frère.
L’homme rouge a toujours reculé devant l’homme blanc, comme la brume des montagnes s’enfuit devant le soleil levant.  Mais les cendres de nos pères sont sacrées. Leurs tombes sont une terre sainte; ainsi, ces collines, ces arbres, ce coin de terre sont sacrés à nos yeux. Nous savons que l’homme blanc ne comprend pas nos pensées. Pour lui, un lopin de terre en vaut un autre, car il est l’étranger qui vient de nuit piller la terre selon ses besoins. Le sol n’est pas son frère, mais son ennemi, et quand il l’a conquis, il poursuit sa route. Il laisse derrière lui les tombes de ses pères et ne s’en soucie pas.
Vous devez enseigner à vos enfants que la terre, sous leurs pieds, est faite des cendres de nos grands-parents. Afin qu’ils la respectent, dites à vos enfants que la terre est riche de la vie de notre peuple. Apprenez à vos enfants ce que nous apprenons à nos enfants, que la terre est notre mère.
Tout ce qui arrive à la terre arrive aux fils de la terre.  Lorsque les hommes crachent sur la terre, ils crachent sur eux-mêmes.  Nous le savons: la terre n’appartient pas à l’homme, c’est l’homme qui appartient à la terre. Nous le savons : toutes choses sont liées comme le sang qui unit une même famille.  Toutes choses sont liées.
Tout ce qui arrive à la terre arrive aux fils de la terre.  L’homme n’a pas tissé la toile de la vie, il n’est qu’un fil de tissu. Tout ce qu’il fait à la toile, il le fait à lui-même. Mais nous allons considérer votre offre d’aller dans la réserve que vous destinez à mon peuple. Nous vivrons à l’écart et en paix. Qu’importe où nous passerons le reste de nos jours.  Nos enfants ont vu leurs pères humiliés dans la défaite.  Nos guerriers ont connu la honte ; après la défaite, ils coulent des jours oisifs et souillent leur corps de nourritures douces et de boissons fortes. Qu’importe où nous passerons le reste de nos jours ?
Ils ne sont plus nombreux. Encore quelques heures, quelques hivers, et il ne restera plus aucun des enfants des grandes tribus qui vivaient autrefois sur cette terre, ou qui errent encore dans les bois, par petits groupes; aucun ne sera là pour pleurer sur les tombes d’un peuple autrefois aussi puissant, aussi plein d’espérance que le vôtre. Mais pourquoi pleurer sur la fin de mon peuple ? Les tribus sont faites d’hommes, pas davantage. Les hommes viennent et s’en vont.
Même l’homme blanc, dont le Dieu marche avec lui et lui parle comme un ami avec son ami, ne peut échapper à la destinée commune. Peut-être sommes-nous frères malgré tout; nous verrons.  Mais nous savons une chose que l’homme blanc découvrira peut-être un jour: notre Dieu est le même Dieu. Vous avez beau penser aujourd’hui que vous le possédez comme vous aimeriez posséder notre terre, vous ne le pouvez pas. Il est le Dieu des hommes, et sa compassion est la même pour l’homme rouge et pour l’homme blanc.
La terre est précieuse à ses yeux, et qui porte atteinte à la terre couvre son créateur de mépris. Les blancs passeront, eux aussi, et peut-être avant les autres tribus. Continuez à souiller votre lit, et une belle nuit, vous étoufferez dans vos propres déchets. Mais dans votre perte, vous brillerez de feux éclatants, allumés par la puissance du Dieu qui vous a amenés dans ce  pays, et qui, dans un dessein connu de lui, vous a donné pouvoir sur cette terre et sur l’homme rouge. Cette destinée est pour nous un mystère; nous ne comprenons pas lorsque tous les buffles sont massacrés, les chevaux sauvages domptés, lorsque les recoins secrets des forêts sont lourds de l’odeur d’hommes nombreux, l’aspect des collines mûres pour la moisson est abîmé par les câbles parlants.
Où est le fourré ? Disparu.
Où est l’aigle? Il n’est plus.
Qu’est-ce que dire adieu au poney agile et à la chasse ?  C’est finir de 
vivre et se mettre à survivre.
Ainsi donc, nous allons considérer votre offre d’acheter notre terre. Et si nous acceptons, ce sera pour être bien sûrs de recevoir la réserve que vous nous avez promise. Là, peut-être, nous pourrons finir les brèves journées  qui nous restent à vivre selon nos désirs. Et lorsque le dernier homme rouge aura disparu de cette terre, et que son souvenir ne sera plus que l’ombre d’un nuage glissant sur la prairie, ces rives et ces forêts abriteront encore les esprits de mon peuple. Car ils aiment cette terre comme le nouveau-né aime le battement du cœur de sa mère. Ainsi, si nous vous vendons notre terre, aimez-la comme nous l’avons aimée.  Prenez soin d’elle comme nous en avons pris soin.
Gardez en mémoire le souvenir de ce pays, tel qu’il est au moment où vous le prenez. Et de toute votre force, de toute votre pensée, de tout votre cœur, préservez-le pour vos enfants et aimez-le comme Dieu vous aime tous.
Nous savons une chose : notre Dieu est le même Dieu. Il aime cette terre. L’homme blanc lui-même ne peut pas échapper a la destinée commune. Peut-être sommes-nous frères, nous verrons. »

II. LE VOYAGE INTERIEUR

« Les mythes nous apprennent qu’au plus profond de l’abîme retentit la voix du salut.  Le moment le plus sombre est celui qui précède la véritable transformation.  C’est des ténèbres les plus épaisses que jaillit la lumière »
Les mythes se transmettent d’une génération à l’autre presque inconsciemment sous toutes les latitudes.  Ils évoquent le profond mystère de l’être et de la vie en général.  Tout est en nous : le paradis, l’enfer, les dieux. Quand nous rêvons, nous allons à la pêche au sein du vaste océan infiniment profond de la mythologie, une source d’informations spirituelles inépuisable sur nous-même.
Transcendant est le caractère de ce qui est au-delà ou en dehors de la nature et se réfère à Dieu.  Dieu transcende tous les noms, il est la réalité suprême et est au delà de la dualité.  L’incarnation fait de nous un homme ou une femme mais chacun est l’incarnation de Dieu. Nous devons, au delà de toute dualité, éprouver l’immense territoire silencieux qui nous est commun.  Les hindous, qui ont la conscience de la présence divine en toute chose, ont une très belle façon de saluer, en s’inclinant devant l’autre, paumes jointes : le dieu qui est en vous reconnaît le dieu qui est en l’autre.  Dans la religion chrétienne, la communion amène à méditer sur l’esprit qui est en vous : les gens qui reviennent de la communion ont leur regard tourné vers l’intérieur, intériorisé.
Chaque mythologie unit la nature à la mienne, et met des éléments en harmonie. Notre mythologie est basée sur l’idée de dualité : le bien et le mal, le paradis et l’enfer… Le monde intérieur est le monde de nos exigences, notre énergie, structures mentales, responsabilités… Le monde extérieur est le lieu où s’accomplit notre incarnation. Il nous faut concilier ces 2 mondes : « Le siège de l’âme est situé au confluent du monde intérieur et du monde extérieur. » Novalis
L’histoire de l’humanité se joue dans une espèce de théâtre d’ombres en éternelle représentation, dans lequel votre ennemi n’est que l’autre face de ce qui vous pourriez voir si vous pouviez vous dégagez de votre dualité. Ne jugez pas si vous ne voulez pas être jugé : retrouvez l’état d’esprit du paradis terrestre avant le règne de la dualité.  La vie ne nous provoque jamais autant que lorsqu’elle nous oblige à accepter une personne, un acte ou une condition qui est à nos yeux le comble de l’abomination.  Dirigeons notre attention vers l’intérieur pour découvrir que l’origine de tous nos petits problèmes n’est autre que nous même.
Selon Bouddha, toute vie est souffrance.  La vie ne serait pas la vie si le chagrin n’y était pas indissolublement mêlé.  L’histoire est un cauchemar dont j’essaie de me réveiller : la seule façon de ne pas avoir peur est d’admettre la vie telle qu’elle est, c’est à dire une manifestation du pouvoir stupéfiant de la Création. Il faut accepter le miracle de la vie tel qu’il se présente et non exige qu’il suive des règles.  Sinon, vous ne parviendrez jamais à la dimension métaphysique.  « Celui qui pense savoir, ne sait pas.  Celui qui sait qu’il ne sait pas, sait.  Car dans ce contexte, savoir est ne pas savoir et ne pas savoir est savoir. »
L’acceptation de toute chose et notre incapacité à juger sont de grandes leçons.  L’éternité ne se situe pas après et n’a pas de durée.  Elle n’a rien à voir avec le temps.  L’éternité est cette dimension « ici et maintenant » que toute pensée temporelle détruit.  L’expérience de l’éternité « ici et maintenant » à travers toutes choses, qu’elles soient bonnes ou mauvaises, appartient à cette vie.

III. LES PREMIERS CONTEURS

« Les animaux, ambassadeurs du Pouvoir Invisible, ne servent plus comme dans les temps primitifs à guider l’humanité ou à lui procurer un enseignement.  Ils sont enfermés dans les zoos, l’homme n’est plus le nouveau venu dans un monde de plaines et forêts inexplorées, nos proches voisins ne sont pas les bêtes sauvages mais d’autres êtres humains avec qui nous sommes en rivalité pour l’espace vital et la nourriture.  Nous n’habitons plus le monde de ces races de chasseurs du millénaire paléolithique dont la vie et les mœurs nous ont pourtant légué les forces mêmes de notre corps et les structures de notre intelligence.  Les souvenirs de ces ambassades animales doivent encore dormir quelque part au fond de notre être car ils s’éveillent et frémissent dès que nous nous aventurons dans les sauvages solitudes et que nous entendons gronder le tonnerre.  Ils s’éveillent également, avec un sentiment de familiarité, lorsque nous pénétrons dans une de ces grandes cavernes aux parois couvertes de fresques.  Nous ne savons rien des ténèbres intérieures où pénétraient leurs chamans en transe mais nous savons qu’elles demeurent en nous et que nous y descendons la nuit, durant notre sommeil. »  Joseph Campbell
La difficulté est de ne pas s’identifier au corps mais à la conscience qui l’anime.  L’amour et le respect des animaux permet de le comprendre. Jadis, l’homme reconnaissait sa dépendance envers l’animal qui avait donné sa vie pour lui fournir de la nourriture.  Il le considérait en même temps comme un Dieu, ou son messager, ou du moins son égal. Il remerciait Dieu pour la nourriture qu’il lui donnait lorsqu’il passait à table.  L’ego qui voyait une créature vivante en toute chose, pierre, arbre, fleur… n’était pas pareil à celui qui n’y voit que des objets.
Autrefois, par les rites, le jeune garçon étaient arraché à son enfance, à sa mère, sacrifié, circoncis pour devenir un homme.  Il avait subi une réelle transformation qui lui indiquait qu’il était homme.  Quant aux filles, l’arrivée des menstruations leur indiquait qu’elle était femme.  Elle était alors tenue de s’isoler quelques jours pour méditer sur sa nouvelle identité.  Plus rien de tel n’existe.  L’église semble avoir oublié que le rôle d’un rite est de vous sortir de vous-même et non de vous emmitoufler dans le quotidien.
Le chaman est celui qui a connu une expérience psychique irrésistible qui lui a fait découvrir son monde intérieur.  Il est l’interprète de l’héritage des mythes et est capable de communiquer certaines de ses visions à son peuple.  Il traduit son expérience intérieure en termes intelligibles aux autres selon laquelle Dieu est une sphère dont la circonférence est partout et le centre nulle part.  Ce centre est celui où vous êtes assis et l’autre c’est la où je suis assis. Chacun de nous est la manifestation de ce mystère.

IV. SACRIFICE ET FELICITE

« Obéissez à votre cœur et vous suivrez la voie qui vous a été tracée, de toute éternité, et votre vie sera celle qui vous était destinée.  Obéissez à votre cœur et vous goûterez pleinement et toujours cette vie qui est en vous. »
Chacun de nous doit avoir un endroit sacré, un lieu d’incubation créatrice, où il est possible de savoir qui on est et qui on va devenir. Dans cet endroit sacré, en exerçant une spiritualité qui se réfère au silence existant au delà des mots, quelque chose va arriver.  Vous y ressentirez cette révérence envers la vie et cette exaltation que les gens ressentaient envers le monde entier.
Nos peurs et nos convoitises des biens de ce monde nous tiennent en dehors du Jardin.  Vivre c’est avoir peur, c’est souffrir, c’est l’horreur mais vous en avez tout à coup pleinement conscience.  Un homme qui n’a jamais fait ce qu’il voulait dans sa vie par peur n’a jamais obéi à son cœur.  En obéissant à son cœur, vous faites ce que vous désirez profondément faire, vous vous placez sur des rails qui vous attendent depuis toujours et vous menez la vie qui doit être la vôtre.  Vous êtes comme aidé par l’invisible, vous rencontrerez les gens qui vivent dans le domaine de votre choix et qui vous en ouvrent les portes.  « Obéissez à votre cœur sans crainte et les portes s’ouvriront là où vous ignoriez qu’elles existaient. »
 

V. L’AVENTURE DU HEROS

« Nous n’avons même pas à nous risquer seuls dans cette aventure car les héros de tous les temps nous ont précédés. Le labyrinthe est connu jusque dans ses méandres.  Nous n’avons qu’à suivre les traces des héros.  Où nous pensions trouver abomination, nous trouverons Dieu.  Où nous pensions tuer l’autre, nous nous tuerons nous-mêmes. Et le voyage que nous croyons faire à l’extérieur nous amènera au cœur même de notre existence.  Au lieu de la solitude attendue nous trouverons l’humanité entière. »
Même si nous ne sommes pas les héros grandioses dont la société a besoin pour se racheter, nous devons quand même accomplir ce voyage psychologique et spirituel à l’intérieur de nous.  Nous sommes tous des héros de naissance et avons ce héros tapi quelque part au fond de nous.  Il est recommandé de se mettre dans des situations qui stimulent ce qu’il y a de mieux en nous.  Ceux qui contemplent des jeux sportifs à la télévision au lieu d’y participer ont la vie sinistre…  Cette suite incessante de corvées a de quoi tuer en soi toute étincelle. Un homme qui refuse de suivre les exigences de son propre cœur, court à l’effondrement psychologique.  Le monde est plein d’individus qui ne se sont jamais vraiment écoutés mais qui ont écoutés les autres. La vie peut déserter celui qui refuse de courir sa propre aventure et vous n’aurez personne d’autre à blâmer que vous-même.
Le premier conseil de la mythologie pour contacter notre être intérieur serait de suivre les suggestions du mythe et de votre gourou.  L’entraîneur montre comment rassembler toutes ses forces dans l’action.  Il ne dit pas au coureur quel geste il doit faire mais le regarde courir puis l’aide à corriger ses mouvements naturels.  Le bon professeur est celui qui observe l’élève et devine ses possibilités.  Il donne des conseils et non des ordres.  Il discute avec son élève et le met sur la voie.  Chacun peut découvrir dans l’œuvre d’un bon écrivain les thèmes mythiques qui l’aideront à mûrir.  C’est en nous qu’il faut trouver la Force.  Quelques-uns seulement seront professeurs et guides mais la possibilité est offerte à tous.  Bouddha ne nous montre pas la vérité elle-même.  Il nous montre le chemin pour parvenir jusqu’à elle.  C’est votre chemin que vous devez suivre pas le sien. Bouddha ne peut que vous dire comment vous débarrasser de la peur.  Le professeur ne peut que vous suggérer des exercices mais il est possible qu’ils ne soient pas efficaces pour vous. Il est un phare qui vous montre les écueils à éviter et la direction à prendre.
Le moyen le plus sûr de trouver le bonheur est d’obéir complètement à son cœur, de se lancer dans l’aventure, en entrant dans un domaine non protégé où tout est nouveau, en laissant la créativité émerger et l’abandon de toutes les règles, de toutes les limites et le refus de la permanence. L’aventure en elle-même sera la récompense…
A l’intérieur de soi, il existe un îlot de quiétude,  au beau milieu des pires déchirements de la vie, que l’on doit trouver et protéger.  Rien ne vous emprisonne car vous vous êtes libéré de tous les désirs, de toutes les peurs, de tout les devoirs qui asservissent les hommes et qui gouvernent le monde.   Penser en terme mythologiques nous aide à accepter les drames inévitables de cette vallée de larmes.  Nous apprenons automatiquement à identifier les valeurs positives dans les périodes négatives.

VI. LE DON DE LA DEESSE

« Les  mythes qui concernent la grande Déesse nous enseignent la compassion envers tout ce qui vit.  Grâce à eux, vous prenez conscience du caractère véritablement sacré de la terre elle-même qui est le corps de la Déesse. »
 
Dans les mythes, on recherche toujours le père, jamais la mère.  Forcément, la mère est toujours là, elle est responsable du naturel.  Par contre, pour prendre en soi son identité, il faut comprendre le père, le responsable du comportement social tel qu’il doit se manifester.  La femme représente la maya, qui est  la fois le temps et l’espace.  Tout est en elle et les dieux sont ses enfants.  Tout ce à quoi vous pouvez penser ou voir est l’œuvre de la Déesse.

VII. CONTES DE L’AMOUR ET DU MARIAGE

« Ainsi, par les yeux, l’amour atteint le cœur,
Car les yeux sont les guides du cœur,
Ils se mettent en quête
De ce que le cœur souhaiterait posséder.
Et à l’instant de l’harmonie totale
De l’union du cœur et des yeux en une même volonté,
Le parfait amour naît
De ce que les yeux ont transmis au cœur.
L’amour ne peut naître ni apparaître autrement.
C’est l’inclination qui lui donne vie.
Par la faveur et par la volonté,
Par le bon plaisir de ces trois-là,
L’amour naît et son doux espoir
Réconforte ses serviteurs.
Car tous les vrais amants le savent :
L’amour qui naît des yeux et du cœur
N’es que bienveillance et pureté.
Les yeux le font naître et le cœur le mûrir,
L’amour n’est il pas leur fruit ? »                    Guiraut de Borneilh (1138-1200)
 
Le 12ièmesiècle est l’époque des troubadours, des aristocrates de Provence, les premiers Occidentaux à considérer l’amour comme une relation ou expérience entre deux personnes résultant du choc entre deux regards. La conception des troubadours sur l’amour en tant que choix individuel était très dangereuse du point de vue de l’Eglise, puisque tout les mariages étaient arrangés par la société.  Le courage d’aimer impliquait celui d’affirmer la valeur de sa propre expérience face à la tradition de l’Eglise.  Le vrai mariage est celui qui naît de la reconnaissance de l’autre et l’union physique n’est que le sacrement qui le confirme et ce ne peut être l’inverse : l’attirance physique qui se spiritualise.
Le point de départ c’est le choc spirituel de l’amour.  Pour les troubadours : « Ici-bas, il n’y que mon univers qui m’intéresse, peu importe qu’il me damne ou me suave.  Je ne veux que vivre ma vie et ma vie c’est l’amour et suit prêt à tout sacrifier pour cela. »  L’amour se vivait sans conflit de tête et de cœur.  Les troubadours voulaient sublimer la vie et en faire une expérience spirituelle.
Dans le mariage de convenance il n’existe pas cette sensation violente qui nous fait reconnaître une âme jumelle en l’être aimé.  Ce que les troubadours défendaient est devenu notre idéal de vie actuelle.  Le mariage n’et pas une liaison amoureuse basée sur le plaisir, il est un engagement à vie pris en conscience envers nous-même qui fait de l’autre notre moitié que nous aimerons tous les jours et que tous les jours nous pardonnerons.  Le sacrifice que je fais est pour notre relation. Ma vie se confond ave cette relation. Les époux ne font qu’une seule chair. Le mariage est la reconnaissance d’une identité spirituelle.  Les rapports du yang et du yin représente parfaitement le mariage : une fois marié, vous n’êtes plus simplement un individu, vous trouvez votre identité dans une relation avec l’autre.  L’amour accepte tout, l’amour supporte tout.  L’amour est lui-même une douleur, la douleur d’être bien vivant.
Le Graal symbolise l’accomplissement des plus hautes potentialités spirituelles de la conscience humaine.  C’est l’union de la nature et l’esprit et de la paix qui en résulte.  Nous vivons deux mondes, le monde extérieur qui nous a été donné et notre monde intérieur.  Nous devons faire qu’une relation harmonieuse s’établisse entre eux.  Il est ridicule de refuser la société car tant que nous la refusons nous ne vivons pas mais nous ne devons pas pour autant lui permettre de nous dicter sa loi en toutes choses.  Le Saint-Graal représente le centre de l’harmonie parfaite, la quête de la perfection et l’unité achevée.

VIII. LES MASQUES DE L’ETERNITE

« Les images du mythe sont les reflets des potentialités spirituelles de chacun de nous.  En les méditant, nous pouvons évoquer leurs pouvoirs dans notre vie. »
Selon un des Upanishad : « Lorsque vous vous arrêtez devant la beauté d’un coucher de soleil ou d’une montagne en vous exclamant d’admiration vous participez à la nature divine ».  Un tel moment implique la conscience du caractère miraculeux de la pure beauté de l’existence.  Les gens qui vivent en pleine nature vivent avec la conviction qu’il existe quelque chose d’infiniment plus grand que l’être humain.
Pour personnifier du mieux ce que l’on ne peut imaginer, pour concentrer son esprit sur ce que Platon appelait « les pensées immortelles et divines », rien de tel que la méditation.  Prier c’est se situer par rapport au mystère sur lequel on médite. La religion signifie se relier, et reconnaître que l’on vit dans l’autre, qu’une seule et même vie unit tout les êtres, nous fait connecter à la source de vie.  Quand vous entendez sonner les centièmes de seconde comme à la Penn Station de New York vous comprenez que le temps galope à travers vous.  Le cercle suggère l’idée d’un tout achevé que ce soit dans le temps ou dans l’espace, qui n’a ni commencement ni fin et qui tourne sans cesse.  Jung parle du cercle comme un mandala qui nous fait coordonner notre cercle personnel avec celui de l’univers.  Composer un mandala est une discipline qui permet de rassembler tout ce qui est dispersé dans notre vie, de trouver un centre et de se situer par rapport à celui ci.

« A partir d’un certain âge, si nous faisons un retour sur notre passé, nous percevons l’ordonnance d’un plan semblable à celui composé par un romancier.  Des événements qui nous ont paru fortuits et de peu d’importance au moment où ils se sont produits s’avèrent indispensables à la composition d’une intrigue cohérente. De même que des personnes rencontrées apparemment par hasard, ont joué un rôle déterminant dans votre vie, de même vous avez à votre insu joué une rôle significatif dans la vie des autres. Toute l’affaire est composée à la façon d’une grande symphonie, où le moindre accord contribue inconsciemment à la composition d’un morceau.  Tout se passe comme si nos vies étaient les éléments d’un seul grand rêve fait par un seul rêveur et dans lequel tous les personnages rêvent aussi.  Ainsi chaque élément est lié à tous les autres et l’ensemble est animé par une seule et même volonté qui est la volonté universelle de la nature. »

« J’ai perdu beaucoup d’amis, et aussi mes parents. Pourtant, j’ai conscience qu’ils ne m’ont pas véritablement quitté.  Les moments passé ensemble avaient une qualité que je ressens toujours.  Ce qu’ils m’ont donné demeure avec moi à jamais et j’y vois une preuve d’immortalité. »

« Ce n’est pas la destination qui importe mais le voyage. Quand vous voyagez et que votre destination s’éloigne de plus en plus vous prenez conscience que le voyage en soi est votre véritable but ».

« Puissance du mythe » de Joseph Campell est un des livres les plus puissants que j’ai lu.   Une révélation, un livre illuminant sur la vie, sur ses mystères, son sens.  Un livre qui nous aide à comprendre le monde et à se comprendre soi-même.  Un classique incontournable.  Extraordinaire !
« A partir d’un certain âge, si nous faisons un retour sur notre passé, nous percevons l’ordonnance d’un plan semblable à celui composé par un romancier.  Des événements qui nous ont paru fortuits et de peu d’importance au moment où ils se sont produits s’avèrent indispensables à la composition d’une intrigue cohérente. De même que des personnes rencontrées apparemment par hasard, ont joué un rôle déterminant dans votre vie, de même vous avez à votre insu joué une rôle significatif dans la vie des autres. Toute l’affaire est composée à la façon d’une grande symphonie, où le moindre accord contribue inconsciemment à la composition d’un morceau.  Tout se passe comme si nos vies étaient les éléments d’un seul grand rêve fait par un seul rêveur et dans lequel tous les personnages rêvent aussi.  Ainsi chaque élément est lié à tous les autres et l’ensemble est animé par une seule et même volonté qui est la volonté universelle de la nature. »

Oltome - Joseph Campbell biographie Joseph Campbell est un mythologique américain né en 1904 à New York et décédé en 1987 à Honolulu.  Il était  professeur, écrivain et conférencier.  Il a enseigné près de 40 ans au Sarah Lawrence College à New York où une chaire de mythologie comparative a été créée en son honneur. Son apport principal est sa théorie postulant que les mythes, légendes et contes du monde entier, à de nombreuses époques, sont des expressions d'un schéma narratif unique, lui-même lié aux structures de la psyché humaine. Les théories de Campbell s'inscrivent en partie dans la lignée de celles du psychologue Carl Gustav Jung. Le travail de Campbell s'inspire des textes de Jung expliquant les phénomènes psychologiques faisant appel aux archétypes. Dans son livre "Puissance du mythe" en 1988,  Joseph Campbell soutient que les mythes sont des histoires dont la fonction fondamentale est de guider l’esprit humain. Son travail nous appelle à être ce héros qui part à la recherche de ce talent que chaque individu peut obtenir et qui améliorera à jamais le monde dans lequel nous vivons.  Pour Campbell, les héros ont une fonction très importante dans la société car ils permettent de véhiculer des moyens universels pour s'émanciper et pour s'épanouir. Campbell devient cependant populaire grâce à ses ouvrages, conférences et émissions. Ses ouvrages ont influencé des millions de lecteurs.  De nombreux scénaristes se sont inspirés de Joseph Campbell pour construire leurs récits, dont George Lucas pour sa première trilogie Star Wars.
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