Résumé du livre d’Alice Miller « Ta vie sauvée enfin »
Dire la vérité aux enfants
Lorsqu’un enfant reçoit une claque, il s’adapte, considère la brutalité comme la norme… Va subsister la peur, la méfiance, le déni de la souffrance. Plus tard, la colère de l’individu, née de celle du petit enfant qu’il était et qui a été systématiquement réprimée, se déchargera sans retenue sur des innocents.
Un parent conscient du tort qu’il a infligé à son enfant doit trouver le courage de lui avouer ses fautes. Il ne s’agit pas pour le parent de s’excuser mais de montrer l’intérêt qu’il porte au ressenti de son enfant, à l’importance qu’il accorde à la vérité et à la dignité, d’être crédible. L’enfant pourra se sentir pris au sérieux, libéré de ce secret qu’il portait dans la solitude et ses plaies pourront cicatriser.
I – Le soi en exil
Dépression – Forcé de se duper soi-même
Tchekhov s’employa sa vie durant à assurer le bien-être de son père qui le battait et dont il ne tarissait jamais d’éloges. Il nourrissait un jugement sur son père totalement erroné sous l’action de la peur refoulée de reconnaître les souffrances endurées dans son enfance.
Dalida qui avait « tout » se targuait d’avoir eu une enfance tellement heureuse alors qu’elle a été élevée chez des religieuses. Elle cherchait désespérément la compréhension et l’amour à travers le succès et l’adulation des foules.
Marilyn Monroe, placée par sa mère en institution, violée à 9 ans, harcelée par son beau-père, élevée en orphelinat, était perpétuellement en quête d’amour.
Jean Seberg se mettait perpétuellement sous la coupe d’hommes qui ne la comprenaient pas. Un homme qui se comportait de manière non-destructrice ne l’intéressait pas. Inconsciente de la tragédie de son enfance, Jean Seberg aspirait sans cesse à ce que son père lui témoigne de l’estime.
Louis II de Bavière a crié le drame de son enfance de manière spectaculaire. Il a bâti de somptueux châteaux qu’il n’habita jamais. Il vécut 11 jours dans l’un d’eux et n’a même jamais mis les pieds dans les autres. Louis II respectait ses parents qui le traitaient de manière épouvantable, sans amour, sans un regard, l’obligeant à se nourrir chez les domestiques qui abusèrent de lui sexuellement et qui passaient leur temps à l’humilier. En construisant ses châteaux où il ne vécut pas, Louis II exprimait qu’en dépit du cadre luxueux dans lequel il vivait, il comptait pour zéro.
La dépression n’est pas une souffrance liée au présent. Elle est due à la coupure d’avec son propre soi abandonné de bonne heure sans jamais avoir été pleuré. Tout et n’importe quoi pour ne pas avoir à comprendre que les sentiments ne nous tuent pas, mais pourraient nous libérer de la prison de la dépression. L’idée de ne pas avoir été aimé par son parent est insupportable à la plupart des gens vont se cramponner à l’illusion d’avoir été aimé. La dépression est la fuite devant tous les sentiments qui pourraient faire revivre les blessures de l’enfance.
L’imposture tue l’amour
La colère prohibée contre ses parents reste enfouie dans le corps et produits des cauchemars, des ennuis de santé. Petit, l’enfant survit en s’aveuglant. L’aspiration à avoir de bons parents maintient toutes les illusions. Un grand nombre d’enfants maltraités confondent l’attente de l’amour et l’amour. Cette attente de l’amour est un attachement qui nous interdit l’empathie pour nos propres souffrances… Plus tard, L’adulte le paie de sa santé ou fait payer à autrui. Ainsi Joan Crawford exploitait sa fille par souci de ménager ses parents qu’elle avait « aimé »… Un attachement extrêmement destructeur dont il est urgent de casser la dynamique.
II – De la victime au destructeur
Comment naît le mal ?
Le nouveau-né est innocent ! Le mal n’est pas inné, il est créé par la société.
Qu’est-ce que la haine ?
Il est inconcevable qu’un individu torturé n’éprouve aucune haine pour son bourreau. Lorsque l’intéressé parviendra à s’échapper du pouvoir de son bourreau, sa haine s’atténuera. Cette haine n’est pas condamnable et ce qui constitue un danger est que par peur, elle soit réprimée, déconnectée.
Aux origines de l’horreur
Tout dictateur, terroriste, massacreur, cache un enfant gravement humilié qui n’a survécu que grâce au déni de ses sentiments de totale impuissance. À défaut de trouver un « témoin secourable », l’enfant magnifie ce qu’il a rencontré : cruauté, hypocrisie… S’il détient le pouvoir, il maintiendra le régime de terreur qu’il a appris ou aidera les puissants à faire régner la terreur.
Le délire privé illustré par Hitler – Staline – Mao – Ceausescu
Adolf Hitler était un enfant illégitime d’un négociant juif et de son employée. L’humiliation systématique qu’il subissait dans son enfance par un père qui le battait et l’humiliait l’a très certainement conduit à se venger sur des innocents de ce qui lui a été infligé. Adolf Hitler n’avait aucun abri ou se réfugier petit comme les millions de juifs qu’il martyrisait. La honte de son ascendance juive pesa sur lui toute sa vie.
Mao était le fils d’un instituteur « sévère » qui enseignât l’obéissance et la discipline d’une main de fer au pris de trente-cinq millions de morts.
Staline était battu dès son plus jeune âge par son père et souffrit jusqu’à sa mort d’un délire de persécution qui lui fit massacrer des millions d’êtres.
Ceausescu a grandi dans une pièce avec ses dix frères et sœurs. Plus tard, il obligea les femmes à mettre au monde des enfants s non désirés.
Les doctrines se prêtent à user d’êtres humains maltraités dans leur enfance comme de marionnettes au service des intérêts personnels des puissants. Même si après la chute ou la mort du Chef, les adeptes découvrent à quel point ils ont été exploités, ils lui conservent leur admiration et leur fidélité… Il était le bon père rêvé et qu’on n’a pas eu.
Quand donc, n’y aura—t-il plus de soldats idéals ?
Les enfants battus se défoulent plus tard sur des innocents de la cruauté dont ils furent victimes et déclarent comme leurs parents autrefois, qu’ils libèrent les autres par ces actes, et se préserver l’image de leurs « bons » parents. Le refoulement est à la commande. Je refuse de savoir ce que mes parents m’ont fait car ils ont mes parents et restent intouchables. En maltraitant mes propres enfants, je peux élever un monument à mes parents et leur démontrer ma fidélité… Dans la fuite de leur douloureuse histoire, ils détruisent ou se laissent torturer pour à tout prix rester aveugle à quelque chose qui est arrivé il y a fort longtemps. (Pour oublier les abus sexuels subits par leur propre père, une femme peut se prostituer, s’avilir de manière à se procurer un quelconque pouvoir en pouvant s’illusionner que les hommes sont interchangeables).
Ainsi, la confrontation avec notre histoire individuelle et collective peut nous préserver de l’autodestruction absolue.
Le sadisme pur et simple
L’enfant n’est pas un container qu’on peut vider de temps à autre. On ne peut faire table rase de ce qui a été appris de bonne heure. La cruauté d’un individu ne tombe pas du ciel… elle s’est constituée dans le cerveau de l’enfant traité cruellement.
Sauver notre vie !
Il nous appartient de chercher à nous en sortir en comprenant quels sont nos vrais besoins. Accepter de se confier à un témoin apathique, apprendre à aimer l’enfant que l’on fut, lever le refoulement et vivre ses émotions enfouies est le chemin par lequel passe la véritable liberté intérieure pour soi-même et les générations à venir.
« Ta vie sauvée enfin » d’Alice Miller illustre avec l’appui d’exemples de destin de personnalités comme Marylin Monroe, Hitler, Tchékov, Louis II de Bavière, Dalida, Jean Seberg… nous démontre que « Sauver notre vie » est une forme de devoir ! Un livre puissant et magistral !
Alice Miller est née en 1923 en Pologne et est morte à Saint-Rémy de Provence en France en 2010. Psychanalyste suisse, Alice Miller était docteur en philosophie, psychologie, et chercheuse sur l’enfance. Elle a lutté pendant vingt-cinq ans contre les châtiments corporels. » Les enfants humiliés et maltraités ne deviennent pas tous des monstres, mais tous les monstres ont été des enfants humiliés et maltraités. » Elle a été rendue célèbre par ses nombreux ouvrages traitant des relations parents-enfants, et par son engagement contre les violences « ordinaires » faites aux enfants.