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Le dernier des siens

Synthèse & résumé À propos du livre Biographie de l'auteur

Le roman de Sybille Grimbert, est un roman quelque peu initiatique, tout en finesse et intelligence. En 1835, Gus, un jeune zoologiste français assiste à une scène de massacre de grands pingouins dont la chair et la graisse justifient cet acte « banal » et accepté par tous comme étant « normal ». Gus sauve un de ces grands pingouins qui se trouve être le dernier de son espèce sur terre. Gus va développer une relation particulière avec ce Grand Pingouin qu’il a pris sous sa protection. Pendant quinze ans, ils vivront côte à côte. Tous deux vont voyager des îles Féroé jusqu’au Danemark. Gus réalise que ce Grand Pingouin, qu’il a nommé Props, va devenir le dernier, celui par lequel son espèce va s’éteindre. Leur relation va devenir le centre de la vie de Gus, témoin désespéré d’une fin sans issue, et possédé par sa responsabilité ultime.

L’histoire se base un fait réel. En 1835, où se situe le début du livre, il existait encore quelques spécimens de Grands Pingouins. 1844 est la date officielle où sont morts les derniers. Le livre est fondé sur ces recherches.

Le dernier des siens parle d’une mort annoncée. Une disparition totale, sans retour en arrière possible… Il parle du vertige de perdre un être que l’on aime sans qu’il possède de descendance, sans congénères. Après lui, plus aucun ne portera son reflet ou son souvenir. Comment imaginer pour celui qui est le dernier qu’il ne rencontrera jamais plus son semblable ? C’est une solitude abyssale, une mort à soi-même avant de devenir une mort réelle, totale…

Un livre qui fait réfléchir. Les animaux vivent en miroir de nous. Quand l’un d’entre eux disparaît, c’est une partie de nous qui disparaît aussi. Un livre qui nous fait réaliser à quel point nous sommes reliés.  Quand l’homme détruit l’un des autres, c’est aussi une partie de lui-même qu’il détruit. L’histoire de ce dernier grand pingouin,… c’est aussi la nôtre.

EXTRAITS :

« L’oiseau s’était arrêté, il se reposait sur les cailloux, debout, le corps droit et enfoncé sur ses pattes, la tête se tournant alternativement vers Gus et l’horizon comme s’il commentait le paysage avec lui. L’animal semblait lui montrer l’étendue de son domaine, son immensité, sa profondeur que Gus ne pouvait se représenter, la grandeur de ce ciel gris qui pour lui n’était qu’un chez le boucher sinistre. Tout cela lui appartenait, ou l’avait appartenu. Tout cela avait appartenu un pingouin qui dorénavant appartenait à Gus. Un pingouin qui n’était plus un pingouin seulement, mais son pingouin… »

« Il parla de Props, Kroyer fut intéressé. Il fait cependant remarqué à Gus qu’il n’avait pas vu le grand pingouin depuis longtemps… De toute façon, tout le monde savait que leur population avait diminué. L’idée de Kroyer était qu’elle atteignait la taille exacte nécessaire dans l’équilibre du monde. Ce qui, tout de même, gêna Gus. Il y avait quelque chose de cynique, ou simplement de trop pessimiste, dans la conception de Kroyer, quelque chose de désagréable et contre-intuitif dans l’idée que la disparation pouvait aboutir à une amélioration, n’importe laquelle. C’était comme de sentir une gêne dans sa poitrine, quelque chose qui, il ne savait pourquoi, l’accusait de ne pas agir pour contrebalancer un mouvement, mais de l’accepter en fermant les yeux, comme s’il venait d’apprendre que la peste allait ravager un quart de la population humaine et s’en était félicitait en concluant qu’ainsi il y aurait moins de fiacres dans les rues de Paris, Londres ou Copenhague. »

« … des marins disaient avoir croisé des pingouins là-bas. À cette pensée, Gus voyez le monde entier reprendre une course normale, comme si le globe terrestre, après avoir été désaxé un instant par l’amenuisement des pingouins, se remettait de biais, tel qu’on l’avait toujours vu. »

« … Gus se sentit mal à l’aise ; comme Frankenstein, il avait créé un être qui serait à jamais solitaire, effrayant pour ses comparses, incompris par les hommes et par les animaux domestiques. »

« Il se demanda ce que son pingouin pensait. Peut-être lui aussi sentait-il que quelque chose se déséquilibrait dans l’univers, comme une gomme qui commencerait à effacer sa queue, son bec. Ce devait être étrange d’être Props, d’avoir dû apprendre à vivre d’une façon unique, d’avoir pour ami Gus, un être qui ne parlait pas sa langue et avec lequel jamais il ne se baignerait et n’aurait de petits. »

« Le renard l’avait aplati comme une crêpe… Et pourtant, malgré ce courage, cette témérité, Props allait disparaître, pas seulement mourir, ce qui est normal, non, se dissoudre, emmener avec lui toutes les traces de l’existence des siens, d’une façon d’être, de se nourrir, de se défendre, d’aimer peut-être. Et il était invraisemblable que Gus soit le seul à le savoir, et que Props lui-même l’ignorait. »

Laurence de Vestel – ©oltome.com – février 2022

Sublissime ! « Le dernier des siens » est un roman quelque peu initiatique.  Pas étonnant que le livre de Sibylle Grimbert ai été récompensé par le prix 30 millions d’amis qui met en avant la beauté du lien qui existe entre un homme et son animal et l’horreur que signifie l’extinction d’une espèce. Un livre qui fait réfléchir. Les animaux vivent en miroir de nous. Quand l’un d’entre eux disparaît, c’est une partie de nous qui disparaît aussi. Un livre qui nous fait réaliser à quel point nous sommes reliés.  Quand l’homme détruit l’un des autres, c’est aussi une partie de lui-même qu’il détruit. L’histoire de ce dernier grand pingouin,… c’est aussi la nôtre.  Michel Houellebecq adore le livre ! : « C’est la première fois où je sens le personnage. C’est plus qu’un tour de force. C’est fascinant! ».  Je suis bien de son avis !

 

Oltome - Sybille Grimbert

Sybille Grimbert est une écrivaine et éditrice française née en 1967 à Paris.

Son premier roman paraît en 2000, "Birth Days". En 2002, paraît, le Centre de gravité, en 2004, "Il n'y a pas de secret", "Une absence totale d'instinct" en 2006, "Toute une affaire " en 2009, "Le vent tourne" en 2011, "La conquête du monde" en 2012, "Le fils de Sam Green", en 2013 "Avant les singes" en 2016, "La horde" en 2018, "Le dernier des siens" en 2022.

"Sybille Grimbert est l'écrivaine des liens invisibles. Dans Il n'y a pas de secret, c'était au travers d'un personnage de mère disparue vingt ans auparavant, que se situait la perte du lien. Dans Toute une affaire, Le fils de Sam Green ou encore dans Avant les singes, nous retrouvons le mystère des fils invisibles qui unissent les êtres à leur destin, leur questionnement sur l'identité et les variations sur les ombres du désir... Dans Le dernier des siens, douzième livre de l'auteure, c'est au tour du mystère d'un attachement singulier sur fond de finitude d'une espèce de composer le tableau bouleversant d'un amour tragique." Olivia Philip

Elephant Oltome

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